Contrairement aux activités défense, l'horizon est dégagé dans l'aéronautique civile. L'avalanche de commandes qui s'annonce au Salon du Bourget en témoignera. Après deux années douloureuses en 2008 et 2009 pour les compagnies aériennes, la reprise est même plus forte que prévu. Disposant désormais d'une meilleure visibilité, les compagnies aériennes peuvent se projeter dans l'avenir et passer à nouveau des commandes. Selon Airbus, la flotte d'avions commerciaux va plus que doubler au cours des vingt prochaines années pour atteindre près de 30.000 avions. Ce boom s'explique par les prévisions de hausse du trafic passagers et cargo, appelés à croître respectivement de 5,1 % et 5,6 % par an d'ici à 2030 selon Boeing. Un dynamisme lui-même lié par la croissance économique et démographique (notamment dans les pays émergents, en Asie en particulier) qui gonfle chaque jour le potentiel de passagers aériens. Mais aussi à la libéralisation accrue du secteur qui permet l'émergence de nouveaux transporteurs, en particulier à bas coûts.

Parallèlement à ces besoins d'avions pour absorber la croissance du trafic, les constructeurs profiteront également du renouvellement des flottes, notamment des compagnies aériennes américaines et européennes. Un mouvement accéléré par la flambée du prix du baril de pétrole qui incite à acquérir des avions neufs, moins gourmands en kérosène.

Résultat, ce ne sont pas moins de 33.500 avions neufs qui devraient être livrés d'ici à 2030, d'une valeur potentielle de 400 milliards de dollars, selon les dernières prévisions de Boeing publiées ce jeudi. Elles sont plus optimistes que celles d'Airbus, réalisées en décembre et qui n'intègrent pas toutefois l'aviation régionale (moins de 110 sièges). L'avionneur européen table sur un marché de 26.000 nouveaux avions. Néanmoins les tendances convergent dans l'ensemble. Les avions moyen-courriers, qui vont connaître une concurrence effrénée avec l'arrivée de nouveaux entrants (voir page 18) représenteront près de 70 % des ventes d'appareils. Les long-courriers de 250 à 400 sièges de type A350, B787 ou B777, environ 22 %. La seule petite divergence concerne la taille des très gros porteurs (A380, B747), qui représentera 5 % du marché selon Airbus et 3 % selon Boeing.

L'eldorado asiatique

Tirée par la Chine, appelée à devenir le premier marché mondial du transport aérien, la zone Asie-Pacifique devrait absorber le tiers des nouvelles livraisons (près de 11.500). Les compagnies aériennes américaines et européennes, près de 7.500 chacune. Continuant leur développement à marche forcée, les compagnies du Moyen-Orient devraient prendre la livraison de 2.500 appareils. Autant que l'ensemble des compagnies du continent sud-américain.