Après quatre jours de silence obstiné, UBS a enfin levé une partie du voile sur l'affaire du trader qui l'ébranle depuis jeudi. La banque suisse a commencé par revoir à la hausse la perte réalisée par le trader, Kweku Adoboli : de 2 milliards de dollars à 2,3 milliards de dollars. Elle a ensuite clarifié la façon dont s'est passée la fraude. Le trader a tout simplement inventé un système de fausses écritures, qui lui a permis de prendre des risques non couverts pendant de longs mois. Alors que beaucoup d'analystes pointaient du doigt la responsabilité de produits très sophistiqués (dits « ETF », qui sont des fonds indiciels) que le trader aurait utilisés, UBS a dû démentir.
La perte a été réalisée sur les trois derniers mois avec des produits futurs sur les indices S&P 500, le DAX, et l'Euro Stoxx. Ces contrats à terme sont relativement simples et existent depuis des décennies. Ils permettent de parier sur la valeur d'un indice à une certaine échéance. Jérôme Kerviel avait lui aussi réalisé ses pertes sur des produits futurs.
En principe, ces produits futurs sont toujours « couverts » pour éviter une trop grande exposition. Selon UBS, la fraude qu'aurait commise Kweku Adoboli a été de faire semblant de se couvrir, en passant des écritures fictives. Il aurait inventé avoir acheté des ETF, qui n'ont jamais existé. « La vraie magnitude de notre exposition au risque était distordue », explique UBS dans son communiqué.
Direction sous pression
Comment Kweku Adoboli a-t-il pu passer ces fausses écritures pendant si longtemps ? UBS ne l'explique pas. Il semble donc bien qu'il s'agisse d'un échec des systèmes de contrôle interne de la banque suisse. Celle-ci se défend en affirmant que c'est une enquête interne de son service de contrôle qui a révélé la situation, poussant le trader à avouer sa responsabilité mercredi dernier. Si la perte de 2,3 milliards de dollars a eu lieu dans les trois derniers mois, il est possible que l'affaire soit beaucoup plus ancienne. Le jeune homme de 31 ans, qui a été formellement inculpé vendredi de « fraude » et de « faux comptables », il n'en était peut-être pas à son coup d'essai. L'acte d'accusation de la police de la City contre lui remonte à octobre 2008, avec un premier « faux comptable » et à janvier 2009 avec une première « fraude ». La direction de la banque suisse est maintenant sous une énorme pression. Le directeur général, Oswald Gruebel, refuse cependant de démissionner. « Si vous me demandez si je me sens coupable, la réponse est non », a-t-il déclaré au journal suisse « Der Sonntag », reconnaissant néanmoins sa responsabilité dans l'affaire. Par ailleurs, les régulateurs financiers en Suisse et au Royaume-Uni ont décidé de lancer des enquêtes sur les systèmes de contrôle de la banque. Enfin, Kweka Adoboli a été maintenu en détention provisoire jusqu'à sa prochaine comparution devant la justice le 22 septembre.
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