Paris veut tirer parti de la montée en puissance de l'Afrique du Sud

Nucléaire, énergies renouvelables, infrastructures : Nicolas Sarkozy fait le forcing pour obtenir des contrats grâce à la visite du président sud-africain à Paris. 90 milliards d'euros de marchés publics sont en jeu.
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En pleine présidence française du G20 et du G8, Nicolas Sarkozy veut faire de l'Afrique du Sud un partenaire privilégié. Le chef d'État français souhaite obtenir le soutien du président sud-africain Jacob Zuma à ses projets de régulation financière. Mais il s'agit aussi de négocier d'importants contrats. Une centaine d'entrepreneurs accompagnent Jacob Zuma lors de sa visite d'État à Paris. Dans la délégation, il y a notamment les représentants d'Eskom, la compagnie nationale d'électricité. En effet, au coeur des discussions : le nucléaire civil. L'Afrique du Sud souhaite doubler ses capacités énergétiques à l'horizon 2030 et à cette date, le nucléaire devrait représenter 14 % de la production. Déjà fournisseur de sa seule centrale de Koeberg, Areva a proposé en 2008 de fournir à Pretoria deux réacteurs EPR de nouvelle génération. Faute de financements, l'Afrique du Sud avait renoncé à cette idée en décembre 2008, mais le projet n'est pas enterré (voir ci-dessous). Par ailleurs, en accueillant en novembre prochain à Durban la prochaine grande conférence des Nations-unies sur le changement climatique, la « nation arc-en-ciel » souhaite être de moins en moins dépendante du charbon et favoriser les énergies renouvelables (elles devraient représenter 16 % de la production énergétique d'ici à 2030). De nombreux hommes d'affaires sud-africains, spécialisés dans ce secteur, sont donc également présents à Paris.

partenariat stratégique

Mis à part la coopération dans l'automobile et l'aéronautique, le développement des infrastructures sera au centre des discussions. Les besoins sont encore immenses en matière de routes, de logement social et d'accès à l'eau en Afrique du sud. La France et ses entreprises en attendent beaucoup et exercent d'ailleurs un intense lobbying à tous les échelons territoriaux en Afrique du Sud, soulignant « les 90 milliards d'euros publics mobilisés entre 2010 et 2013 dans les transports, l'énergie et l'eau ». Alors que Jacob Zuma a décrété 2011 année de l'emploi (le taux de chômage atteint 25 % selon les chiffres officiels, 40 % selon l'OCDE), la politique de grands travaux et de renforcement des infrastructures pourrait devenir la principale source de création d'emplois à court terme. Paris et Pretoria signeront un nouveau document cadre de partenariat, prévoyant près d'un milliard d'euros de financements de la part de l'Agence française de développement.

Par ailleurs, le sous-sol sud-africain regorgeant de toutes les matières premières mis à part le pétrole, il sera aussi question de platine, d'or et de chrome. Les géants asiatiques (Inde, Chine) se positionnent pour garantir leurs approvisionnements, mais la France souhaite aussi faire avancer ses pions. « L'Asie du XXIe siècle, c'est l'Afrique. Il n'y a pas de raison pour laquelle la croissance du continent ne décolle pas; et l'Afrique du Sud joue un rôle majeur dans cette dynamique », assure un diplomate.

 

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