Dix ans d'essor économique, l'argument principal de l'AKP pour un troisième mandat

La Turquie a laissé au rang de mauvais souvenir sa terrible crise financière de 2001. Depuis, la sixième économie européenne croît de 4,5 % en moyenne chaque année.
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Le boom économique que connaît la Turquie depuis 2002 est l'arme la plus redoutable que possède le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan pour convaincre les électeurs turcs de le reconduire dans ses fonctions ce dimanche. L'économie turque actuelle a en effet peu de chose à voir avec celle qu'a trouvée l'AKP (Parti de la Justice et du Développement) lors de son arrivée au pouvoir en novembre 2002. À l'époque, le pays était à genoux, affaibli par la crise financière de 2001 ayant causé la faillite de nombreuses banques, la fuite des capitaux étrangers et la flambée des taux d'intérêt. Depuis, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont été appelés à la rescousse et le système financier turc a été restructuré permettant au pays de limiter la casse lors de la récente crise mondiale. Après une récession en 2009 (? 4,8 %), la Turquie a en effet connu une croissance record en 2010 (+ 8,9 %) et compte dépasser ses prévisions initiales de 4,5 % pour 2011.

Vise le dixième rang mondial

Chute de l'inflation, multiplication par trois du produit intérieur brut (PIB) par habitant en huit ans, déficit budgétaire proche des 3 %, la Turquie est devenue la sixième économie européenne, la seizième économie mondiale et vise le dixième rang d'ici 2023, date du centenaire de la République. « Vous voyez, nous pensons à 2023 alors que des pays comme les États-Unis ne savent pas ce qu'ils feront l'an prochain », ironisait la semaine dernière le ministre de l'Économie Ali Babacan. « C'est un succès économique » confirme Can Baharali du centre de recherche Edam basé à Istanbul. « L'AKP a su poursuivre et ajuster les mesures prises en 2001 par le ministre de l'Économie Kemal Dervis. Cela a fourni une certaine stabilité à l'économie turque et donné une confiance aux investisseurs turcs et étrangers », précise cet économiste. Amélioration des infrastructures notamment de transport, accès gratuit aux soins et facilité d'accès à la propriété foncière sont quelques-unes des autres réussites du gouvernement AKP.

Les analystes tirent pourtant la sonnette d'alarme face à une économie en surchauffe. En mai dernier, le taux d'inflation a dépassé de très loin les prévisions tout comme le déficit des comptes courants (9,8 milliards de dollars en mars) qui pourrait dépasser les 8 % du PIB d'ici la fin de l'année. Quant au chômage, à un taux de 11,5 %, il ne se résorbe toujours pas de manière significative malgré un taux de croissance de l'économie turque de 4,5 % en moyenne depuis dix ans.

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