L'Occident se sent mal à l'aise dans la « mondialisation »

En Europe, il est de bon ton d'accuser la libéralisation mondiale des échanges de tous les problèmes, en large partie à tort.
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Après « l'antimondialisation », « l'altermondialisation », voici la « démondialisation », prônée par Arnaud Montebourg, député socialiste et candidat déclaré à l'élection présidentielle. Pour franchir le cap des primaires, il lui faut un programme politique original, pour se distinguer dans l'offre de gauche, en séduisant ceux, nombreux, qui considèrent qu'une large part des problèmes économiques et sociaux en France proviennent de la mondialisation, c'est-à-dire de la libéralisation des échanges.

Paradoxalement, le concept de « démondialisation » vient du Sud. Il a été créé par l'un des grands théoriciens de l'altermondialisme, le sociologue philippin Walden Bello qui, comme la scientifique indienne Vandana Shiva, prône l'imposition de taxes douanières, intégrant le coût écologique et social des marchandises. Il s'agit d'éviter la destruction de cultures locales, fondées notamment sur la communauté et le respect des solidarités. Le libre-échange serait responsable de cette destruction, symbolisée par l'action de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Pourtant, ce protectionnisme qui se veut raisonnable reste utopiste, en ce qu'il sous-estime l'âpre concurrence des marchés internationaux (où le rapport qualité/prix reste prépondérant) et aussi les mesures de rétorsion, sous forme d'imposition de taxes, que les pays ne manqueraient pas de prendre les uns contre les autres.

Car « la mondialisation n'est pas coupable », comme l'affirmait un livre du prix Nobel d'économie américain, Paul Krugman, plutôt classé à gauche. Analysant « les vertus et limites du libre-échange » à travers les coûts et avantages, il soulignait combien le commerce international contribuait largement à la création des richesses d'un pays, en favorisant l'accession aux marchés internationaux, à condition d'avoir des avantages compétitifs.

Réinventer l'économie

Et la France en a largement profité car, comme le rappelle l'économiste américano-indien Jagdish Bhagwati, spécialiste de la mondialisation, « historiquement, ce n'est pas à l'Ouest qu'apparaît la crainte de la mondialisation, mais à l'Est. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Ouest a balayé tout obstacle devant le commerce et l'investissement et s'est appliqué à mettre un terme aux contrôles des changes et à faciliter la convertibilité des devises ».

Ce n'est en fait qu'avec la montée en puissance des économies émergentes, Chine en tête, faisant sortir de la misère des millions d'individus, grâce à une prospérité sans précédent à l'échelle de la planète, que le malaise s'est installé en Occident. Nombre d'Européens accusent la compétition issue de la « mondialisation » d'être responsable de la crise économique et de l'austérité, là où il s'agit d'abord de réinventer un modèle économique.

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