70% des Français soutiennent les revendications des gilets jaunes

Par Grégoire Normand  |   |  1082  mots
A la veille d'une mobilisation des gilets jaunes au Champs de mars (Paris), l'impopularité de Macron bat des records. (Crédits : Yves Herman)
L'enquête mensuelle BVA-La Tribune-Orange-RTL signale que 73% des Français ont une mauvaise opinion d'Emmanuel Macron. Par ailleurs, près de trois quart des répondants affirment se reconnaître dans les revendications des gilets jaunes.

Les déconvenues se multiplient pour le gouvernement. Après l'affaire Benalla et la colère des gilets jaunes, la popularité d'Emmanuel Macron ne cesse de plonger depuis son arrivée au pouvoir. Selon le dernier baromètre BVA pour La Tribune/Orange/RTL, la part des personnes interrogées ayant une opinion favorable du chef de l'Etat atteint 26% en novembre. C'est trois points de moins que le mois dernier. A l'inverse, la déception des Français à l'égard du pouvoir central est de plus en plus visible. 73% des répondants ont désormais une opinion défavorable du locataire de l'Elysée. C'est un record depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à la présidence de la République en mai 2017.

Après un net ralentissement de l'économie lors des premiers mois de l'année, la fin d'année 2018 s'annonce compliquée pour l'exécutif qui peine à calmer la colère des gilets jaunes et l'exaspération de milliers de Français. A titre de comparaison, aucun Président de la république depuis François Mitterrand était aussi impopulaire 17 mois après son élection au suffrage universel direct. Par ailleurs, aucun président de la République n'a réussi à obtenir une majorité d'opinions favorables sur le même temps de mandat. Le plus populaire est resté François Mitterrand avec 48% d'opinions favorables au même niveau que Nicolas Sarkozy. Ils sont suivis de Jacques Chirac qui, lors de son premier mandat, obtenait 35% d'opinions favorables après une durée de mandat comparable.

La popularité du président s'érode dans toutes les catégories

D'après les résultats collectés par l'organisme de sondages, "les jugements positifs à l'égard du chef de l'Etat diminuent dans quasiment toutes les catégories de population, et notamment chez les 35-49 ans (24%; - 6 points), les professions intermédiaires (25%; - 12 points) et les salariés du privé (23%; - 5 points)." En dépit de la baisse des cotisations sociales, les actifs demeurent déçus par la politique économique d'Emmanuel Macron en matière de travail.

Les tensions territoriales sont loin de s'apaiser. Les personnes interrogées vivant en dehors de la région parisienne (26%; - 4 points ) et ceux habitant en zone rurale (22%, - 4 points) sont de moins en moins nombreuses à exprimer une opinion favorable à l'égard de l'ancien ministre de l'Economie. En revanche, son socle électoral semble toujours aussi solide : 93% des sympathisants de la République en Marche (+ 4 points) expriment une opinion favorable alors qu'un tiers "de ses électeurs du premier tour a basculé dans le rejet (33% ont une mauvaise opinion de lui)."

Le mouvement des gilets jaunes divise les Français

Alors que le mouvement des gilets jaunes suscite de nombreuses interrogations au sein de l'exécutif, les Français semblent très divisés. Plus de la moitié des répondants indiquent qu'ils désapprouvent le mode d'action des gilets quand 46% expriment un sentiment d'approbation. En revanche, les revendications exprimées lors de ces protestations entrent en résonance avec les préoccupations des Français.

Près de trois quarts des personnes interrogées (72%) se reconnaissent dans ses revendications. Certaines populations sont évidemment plus sensibles que d'autres à cette colère. "Les employés et ouvriers (78%), les personnes vivant en province (74% contre 61% pour celles vivant en Ile-de-France) ou en zone rurale (77%), les populations peu diplômées (83%) ou celles déclarant avoir systématiquement du mal à boucler leurs fins de mois (88%)", sont particulièrement réceptifs à tous ces motifs de colère.

Edouard Philippe au plus bas

L'impopularité d'Edouard Philippe bat également des records. Selon les résultats collectés par l'organisme de sondages, 69% des répondants ont affirmé qu'ils avaient une opinion défavorable du premier ministre (12 points en plus par rapport à octobre). C'est le niveau le plus élevé depuis l'arrivé de l'ancien maire du Havre à l'hôtel de Matignon. A l'inverse, la part des bonnes opinions chute de 10 points en un mois pour atteindre 30%. S'il reste plus populaire que Jean-Marc Ayrault en novembre 2013 (26%) ou Alain Juppé en novembre 1996 (22%), Edouard Philippe demeure moins populaire que Pierre Mauroy (40% en novembre 1982) ou François Fillon (53% en novembre 2008).

Dans le détail, Edouard Philippe subit de plein fouet le mécontentement dans certaines catégories comme chez les jeunes (28%, - 10 points) ou chez les retraités (37%, - 10 points). Au niveau des forces politiques, il perd également une grande part d'opinion favorable chez les sympathisants de gauche (20%, - 8 points) tout comme ceux de droite (35% des sympathisants LR; - 10 points). Le résultat le plus surprenant est visible chez les populations aisées avec 11 points en moins d'opinion favorable (35%). En revanche, les résultats sont moins surprenants chez les individus défavorisés (21%; - 7 points) tout comme chez les personnes vivant en zone rurale (24% ; - 14 points). "Après la baisse de limitation à 80 km/h, le mouvement des "gilets jaunes" vient renforcer auprès de ces populations l'image d'un gouvernement qui ne comprend pas la réalité de ces territoires", explique BVA.

Le pouvoir d'achat, principale préoccupation des Français

Interrogés sur un ensemble de thèmes, les répondants ont affirmé que le pouvoir d'achat était leur principal sujet de préoccupation (49%; + 17 points par rapport à décembre 2016). Viennent ensuite la santé et l'environnement qui se situent au même niveau (34%). Pour cette dernière catégorie, la progression est spectaculaire (+ 17 points) par rapport à la dernière enquête réalisée en 2016 par BVA. Enfin, l'emploi et les inégalités sociales restent des sujets majeurs de préoccupations. Environ 30% des répondants signalaient que ces deux thèmes demeuraient des sujets de préoccupation importants.

> Lire aussi : "La fiscalité indirecte devrait amputer le pouvoir d'achat de 5 milliards"

Nicolas Hulot, personnalité préférée des Français

Invité de l'Emission politique sur France 2 ce jeudi soir, l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot représente la personnalité qui devrait exercer davantage d'influence dans la vie politique française. L'ancien présentateur de télévision est suivi du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (30%) et de Jean-Yves Le Drian (29%). A l'extrême droite, Marion Maréchal Le Pen reste la personnalité la plus populaire (29%) devant Marine Le Pen (27%).

Méthode : enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français recrutés par téléphone puis interrogés par Internet du 21 au 22 novembre 2018. Elle est réalisée à partir d'un échantillon de 1.258 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.