Après plusieurs mois d'embellie, le climat des affaires se dégrade

Le climat des affaires a légèrement reculé au mois de juillet en France, tout en restant au-dessus de sa moyenne de longue période, pénalisée par l'industrie manufacturière, les services et le commerce de gros, a signalé mercredi l'Insee.
Grégoire Normand
Les industriels signalent solliciter moins leurs machines et
équipements, le taux d’utilisation des capacités de production,
à 83,4%,  poursuivant sa baisse graduelle après avoir atteint un
point haut de dix ans début précise l'Insee.
"Les industriels signalent solliciter moins leurs machines et équipements, le taux d’utilisation des capacités de production, à 83,4%, poursuivant sa baisse graduelle après avoir atteint un point haut de dix ans début" précise l'Insee. (Crédits : Regis Duvignau)

Les voyants rouges se multiplient pour l'économie française. Après les prévisions de croissance mondiale du FMI revues à la baisse ce mardi, le climat des affaires calculé par les services de l'Insee s'est détérioré en juillet après une évolution favorable entre janvier et juin derniers. L'indicateur, qui prend en compte les réponses des chefs d'entreprise, se situe à 105 en juillet contre 106,3 en juin. Il retrouve son niveau du mois d'avril.

Dans le même temps, le cabinet Markit a noté, dans son dernier communiqué, que la croissance de l'activité dans le secteur privé avait marqué le pas au cours du mois de juillet.

« Après avoir atteint un pic de sept mois en juin, la croissance du secteur privé français a ralenti en juillet. Cette tendance résulte d'un affaiblissement de l'expansion du volume global des nouvelles affaires, lui-même lié à un retour à la baisse des nouvelles commandes dans le secteur manufacturier », a expliqué l'économiste Eliot Kerr.

Bien que la demande interne reste le principal moteur de la croissance économique tricolore, la dégradation de la conjoncture mondiale pèse sur les perspectives des chefs d'entreprise. Lors d'un récent point presse, le responsable du département de la conjoncture à l'Insee Julien Pouget, expliquait que :

« En matière de commerce international, cela fait plusieurs trimestres que les règles du jeu sont plus incertaines avec des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, la perspective du Brexit.

L'incertitude porte sur l'évolution de ces tensions comme les droits de douane, mais elles portent aussi sur le comportement des entreprises. Il y a des effets d'anticipation notamment des entreprises britanniques qui ont massivement importé.

Dans cet environnement international moins porteur, plus incertain où le commerce mondial tend à ralentir, les politiques économiques s'ajustent. »

Repli dans l'industrie

L'industrie montre des signes de faiblesse ces derniers mois. Selon les dirigeants interrogés au cours du mois de juillet, l'optimisme dans l'industrie s'est dégradé d'un point passant de 102 à 101. Il se rapproche ainsi de sa moyenne de long terme et surtout, il retrouve son niveau de juin 2015. Depuis le mois de janvier 2018, l'outil qui mesure le climat des affaires dans l'appareil productif français décline régulièrement. S'il avait retrouvé un peu de vigueur au mois de mai, cette embellie a été de courte durée.

Chez Markit, les conjoncturistes expliquent que « l'indice de la production manufacturière en France se replie à 49,6 en juillet (51,7 en juin), un plus bas de 3 mois ».

Ce n'est pas tout. Dans sa dernière enquête trimestrielle de conjoncture publiée également ce mercredi, l'Insee explique que les soldes d'opinion des industriels sur l'évolution récente de la demande globale et étrangère atteignent leur niveau le plus bas depuis respectivement janvier 2015 et juillet 2014. Après avoir atteint un pic historique de 10 ans en mars 2018 (85,9%), le taux d'utilisation  des capacités de production ne cesse de dégringoler et devrait atteindre 83% en septembre prochain.

« Les industriels sont moins nombreux qu'en avril à juger que leur position compétitive s'est améliorée pour les trois marchés (France, Union européenne et hors Union européenne) », ajoutent les statisticiens.

La multiplication des tensions commerciales et technologiques, l'issue incertaine du Brexit, le ralentissement prononcé des grandes économies de la zone euro freinent clairement l'activité des industriels français. Outre la conjoncture, les dossiers brûlants tels que Ford, Ascoval, General Electric se sont multipliés ces derniers mois, rappelant les difficultés de l'outil industriel implanté sur le sol français.

> Lire aussi : Pourquoi la reprise industrielle reste fragile

Recul dans les services, stabilité dans le bâtiment

Outre l'industrie, le climat des affaires se détériore aussi dans les services passant de 107 à 106. Il reste stable dans le bâtiment et augmente dans le commerce de détail. Dans l'industrie du bâtiment, le taux d'utilisation des capacités de production demeure à des niveaux exceptionnels (supérieurs à 91%), jamais égalés depuis 2008. Les tensions sont également très visibles pour les employeurs qui expriment de nombreuses difficultés pour embaucher.

« Trois entrepreneurs sur quatre rencontrent des difficultés de recrutement ; cette part, en légère baisse en juillet, tend à se stabiliser depuis trois trimestres après avoir augmenté continûment entre juillet 2015 et octobre 2018 », indique l'organisme public.

Le climat de l'emploi se redresse

Sur le front de l'emploi, les derniers chiffres sont relativement favorables. Ainsi, l'indicateur qui synthétise le climat de l'emploi s'améliore en juillet pour se situer à 107,5 contre 106,2 en juin dernier. "Cette amélioration est le fait de la hausse du solde d'opinion relatif à l'emploi prévu dans les services hors agences d'intérim, et, dans une moindre mesure, de celui relatif à l'emploi passé dans les agences d'intérim" expliquent les économistes. Sur la nature des contrats signés au cours du dernier trimestre, les derniers chiffres de l'Acoss publiés ce mercredi 24 juillet indiquent une hausse des CDD de moins d'un mois (+2,4% en glissement trimestriel). En revanche, les déclarations d'embauche de plus d'un mois en CDD ou en CDI sont en repli (-1%) sur la même période. Dans le détail,

« Au deuxième trimestre 2019, les déclarations d'embauche de plus d'un mois des entreprises de moins de 20 salariés (TPE) restent en hausse (+1,2% après +2,2%, au premier trimestre 2019) [...]

Les entreprises de 20 salariés ou plus affichent ce trimestre une diminution de 2,5% des déclarations d'embauche de plus d'un mois (après +0,3% le trimestre précédent). »

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 24/07/2019 à 20:54
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Pas besoin d'avoir fait de grandes études en "économie" (sic) pour imaginer que les tensions entre les US, la Chine, l'Europe, la Russie...bref, partout dans le Monde, provoqueraient une crise de croissance, suivie d'une récession, puis de troubles d...

à écrit le 24/07/2019 à 16:32
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Décidément si on peut dire de sondages concernant des milieux décisionnaires, nous avons affaire à de sacrés cyclotomiques, ça change d'un mois sur l'autre, de la navigation à vue (courte), des marins d'eau douce, on suit le court des rivières... de ...

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