Le gouvernement compte contenir les dépenses de l'Etat pendant le quinquennat

Pour tenir son objectif de ramener le déficit public sous les 3% en 2027, le gouvernement entend contenir la dépense publique durant le quinquennat malgré le contexte économique « incertain » à court terme. Le volume total de la dépense publique ne doit croître que de 0,6% sur les cinq années à venir. Il s'agit donc davantage d'une stabilisation du train de vie de l'Etat et des collectivités que de véritables économies. Telle est la trajectoire de dépenses que dessine le Programme de Stabilité du quinquennat qui doit être soumis à la Commission européenne. En parallèle, le gouvernement Borne mise sur une croissance qui reste positive sur les cinq prochaines années pour reprendre le contrôle de la dette publique. Des projections déjà contestées par l'OFCE.
Bruno Le Maire.
Bruno Le Maire. (Crédits : POOL)

« Repasser le déficit sous les 3% du PIB en 2027 ». Emmanuel Macron en a fait une promesse lors de sa campagne présidentielle de 2022. Et un engagement martelé par sa Première ministre Elisabeth Borne depuis son arrivée à Matignon. Reste à savoir comment le gouvernement compte concrètement s'y prendre après deux ans d'emballement de la dette.

Bercy vient d'élaborer son Programme de Stabilité (PSTAB), une feuille de route adressée à la Commission européenne qui fixe la trajectoire budgétaire du quinquennat. Censé être présenté, puis débattu -mais pas voté- à l'Assemblée nationale le 2 août, le document, prévoit un retour du déficit public à 5% en 2022 et 2023 (puis 4,6% en 2024, 4% en 2025, 3,4% en 2026 et 2,9% en 2027). Hostile à des coupes drastiques dans le budget de la France, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire défend une réduction de la dépense publique « progressive, raisonnable, sans austérité ». Sont ainsi prévues en moyenne chaque année une baisse du volume des dépenses de l'Etat et des collectivités locales respectivement de 0,4% et 0,5%, sans que le détail n'en soit précisé.

Tout miser sur la croissance

En revanche, le gouvernement acte l'augmentation des dépenses sociales, du fait notamment des plans de soutien à l'hôpital. Dans l'ensemble, le volume total de la dépense publique ne doit croître que de 0,6% sur les cinq années à venir. Il s'agit donc davantage d'une stabilisation du train de vie de l'Etat et des collectivités que de véritables économies. L'objectif est ambitieux si l'on songe que la progression des dépenses publiques a atteint 2% par an sur les vingt dernières années et 1,2% par an sur les dix dernières.

A défaut de sabrer dans la dépense publique, Bercy revendique de résorber le déficit grâce aux rentrées fiscales qu'offre la croissance. « Il faut que la croissance augmente plus vite que la dépense publique », assume Bruno Le Maire. Le ministère des Finances voit la croissance rester dans le vert à + 2,5% en 2022 (puis +1,4% en 2023, +1,6% en 2024, +1,7% en 2025, +1,7% en 2026 et +1,8% en 2027). L'inflation devrait même refluer d'après le document de 5,1% en 2022 à  3,3% en 2023 puis retomber en-dessous de 2% dès 2024. Bercy défend une projection « réaliste » qui tient compte du contexte économique « incertain, difficile ».

Le bémol de l'OFCE

L'exécutif parie sur les réformes économiques pour maintenir une croissance positive, via le projet de réforme du travail dès la rentrée, celle des retraites qui doit être effective à l'été 2023 ou encore la baisse définitive des impôts de production. Un paquet de réformes qui, selon Bercy, produira tous ses effets sur la croissance à partir de 2027, année de retour annoncé au plein-emploi (soit 5% de chômage). Ces ambitions réformatrices pourraient bien se heurter à l'hostilité des parlementaires avec qui la majorité relative à l'Assemblée sera contrainte de négocier.

Certains économistes mettent déjà en doute les prévisions de Bercy. L'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) avance d'autres chiffres ce jeudi et dit s'attendre à un déficit de 5,5% fin 2022, contre 5% attendu par le ministère de l'Economie et des Finances. Les anticipations de l'OFCE divergent, à la baisse, de celles de Bercy sur la croissance avec +2,4% en 2022, +1% en 2023 (puis +1,6% en 2024 et +1,9% pour les trois dernières années du quinquennat). Ces différences d'appréciation de la future croissance confirment au moins une chose : l'incertitude demeure autour de la trajectoire budgétaire du pays.

Commentaires 12
à écrit le 25/07/2022 à 7:56
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C'est Mc Kinsey qui va devoir se serrer la ceinture? Cela m'étonnerai!;-)

à écrit le 23/07/2022 à 9:02
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Mdr, on les connaît : ils vont mettre un plafond de déficit autour de 6-8% de PIB "à ne pas dépasser". Vu la hauteur du plafond, ils ne l'atteindront pas. Ensuite ils diront que comme promis ils ont "contenu" les dépenses ...

à écrit le 23/07/2022 à 7:48
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Sans une vraie réforme qui réorganise la gestion de l'état et les collectivités locales de façon plus efficace et moins coûteuse ce sera impossible d'atteindre le déficit en dessous des 3 % en 2027.

à écrit le 23/07/2022 à 7:23
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Contenir la dépense publique qui peut y croire

à écrit le 22/07/2022 à 15:35
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Rappelons que les fameux 3% (du PIB) représentent 30% des recettes. C'est comme si l'épicier du coin me disait que sa perte comptable était négligeable parce que l'Etat affichait un résultat bénéficiaire.

à écrit le 22/07/2022 à 9:47
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Si c'est Bruno Lemaire qui a planifié tout ça on est mal.. on a rarement vu un gars plus à l'ouest, tout ses pronostics, toutes ses " visions " sont à 100 % foireuses. Il est certainement de bonne compagnie mais pronostiqueur turfiste c'est pas son t...

à écrit le 22/07/2022 à 9:37
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Souvenir : Depuis trente-cinq ans, c’est l’alpha et l’oméga des finances publiques européennes. Le fameux critère de Maastricht, ratio de 3 %, qui mesure le rapport entre déficit public d’un pays et son produit intérieur brut, n’a cessé d’être bra...

le 22/07/2022 à 12:43
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C'est dites vous l'alpha et l'oméga des finances publiques. Un déficit de % du PIB, c'est environ 72 MILLIARDS d'euros. Donc même à ce taux, c'est l'augmentation de notre dette abyssale frisant les 3000 MILLIARDS d'euros qui vont finir par nous coûte...

le 23/07/2022 à 2:06
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Effectivement ce fameux 3% ne veut rien dire d'autant que chaque année il se cumule et accroît encore plus la dette...qui selon le traité Européen ne devait pas excéder... 60% du PIB! Aujourd'hui nous en sommes au double et cela ne gêne apparemment p...

à écrit le 22/07/2022 à 8:46
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Zéro crédibilité.

à écrit le 22/07/2022 à 8:38
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Je trouve qu'il parle beaucoup trop et ne prend pas le temps de réfléchir, d'autres le font pour lui sans doute!;-) Aurait on des "représentants de commerce" au gouvernement?

à écrit le 22/07/2022 à 6:58
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Ah ouf, c'est Bruno le Maire qui est à la manœuvre. Le même qui nous a dit qu'il allait mettre la Russie à genoux. On peut le croire.

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