Climat des affaires : le moral des dirigeants résiste, l'emploi se dégrade

Le climat des affaires est resté stable ce mois-ci en France, mais celui de l'emploi affiche une baisse pour tomber à son niveau le plus bas depuis septembre 2016, selon les données publiées mardi par l'Insee.
Grégoire Normand
Dans l'industrie, les chefs d'entreprise ont révisé leurs prévisions d'investissement à la baisse.
Dans l'industrie, les chefs d'entreprise ont révisé leurs prévisions d'investissement à la baisse. (Crédits : Reuters)

La confiance des chefs d'entreprise se maintient. Au mois d'août, le climat des affaires s'est stabilisé à 105 au même niveau que celui du mois de juillet. L'économie française a progressé de 0,3% pour les deux premiers trimestres. Dans leur dernière note de conjoncture, les économistes de l'Insee anticipent une activité à un rythme similaire pour les deux derniers trimestres de l'année. Au total, le produit intérieur brut augmenterait de 1,3% selon les dernières estimations. Le responsable de la conjoncture, Julien Pouget, avait néanmoins des doutes sur la consommation des Français lors d'un point presse au début de l'été.

"Comment les gains de pouvoir d'achat vont se transmettre à la consommation plutôt que vers l'épargne ? En France, les mesures d'urgence ont contribué à faire progresser le pouvoir d'achat. C'est une progression assez vive avec la deuxième tranche de réduction de la taxe d'habitation qui a lieu en fin d'année. L'inflation reste contenue. Le pouvoir d'achat progresserait de 2,3% sur l'année, cela représente 1,8% par unité de consommation. C'est le chiffre le plus élevé depuis douze ans (2007). La transmission de ces gains de pouvoir d'achat à la consommation pourraient prendre plusieurs trimestres."

Alors que les craintes de récession sur le continent européen se multiplient, notamment en Italie et en Allemagne, et que les effets de la guerre commerciale commencent à se répercuter sur la scène internationale, l'économie tricolore résiste tout en transformant légèrement son modèle de croissance. "La confirmation de déterminants de la croissance française évoluent : plus de construction, moins d'auto, moins d'alimentation et moins d'export. Mais pas de décollage de la croissance à atteindre : les ménages préfèrent épargner", précise Stéphane Colliac, économiste chez Euler Hermes.

Les chefs d'entreprise pessimistes dans le commerce de détail

Par secteur, l'indicateur du climat des affaires dans le commerce de détail s'est détérioré pour passer de 105 à 101 entre juillet et août. Il se stabilise dans les services, le bâtiment et s'améliore légèrement dans l'industrie passant de 101 à 102. Dans ce dernier secteur, les perspectives sont loin d'être réjouissantes. Pour cette année, les chefs d'industrie prévoient d'augmenter leurs investissements de 6%,"un rythme relativement soutenu".

En revanche, ils revoient à la baisse leurs projections d'investissement de 5 points par rapport aux chiffres du mois d'avril. "Cette révision à la baisse est plus marquée qu'en moyenne à cette période de l'année  [...] Pour le second semestre 2019, les chefs d'entreprises sont au contraire plus nombreux à prévoir une baisse qu'une hausse," explique l'organisme public.

Le climat de l'emploi se dégrade

Sur le front de l'emploi, les derniers chiffres ne sont pas optimistes. Au mois d'août, le climat de l'emploi perd 2 points pour se situer à 104, soit son niveau le plus bas depuis septembre 2016. "Cette détérioration est essentiellement le fait de la forte baisse du solde d'opinion relatif à l'emploi passé dans le commerce de détail", soulignent les statisticiens. Si les derniers chiffre du chômage illustrent une baisse, le coup de frein de l'activité pourrait ralentir le rythme de cette décrue.

> Lire aussi : Le chômage recule encore, à un niveau jamais vu depuis 2009

La confiance des ménages se stabilise, la défiance semble passer

Après avoir atteint un sommet en juin 2017 à la suite de l'élection présidentielle, la confiance des ménages s'est fortement dégradée. Le moral des ménages a plongé au cours de l'année 2018 pour atteindre un point bas en décembre 2018 (à 87) au cœur de la crise sociale inédite des "gilets jaunes". Depuis le mois de janvier dernier, la morosité ambiante semble s'estomper. En effet l'indicateur qui mesure la confiance des ménages ne cesse d'augmenter pour atteindre un niveau inédit depuis février 2018 (à 101). Si l'opinion des Français sur leur situation financière passée s'améliore, la proportion de Français estimant qu'il est opportun d'épargner augmente de 3 points entre juillet et août. Ces chiffres traduisent encore les doutes des Français à consommer. Lors d'une point presse à la fin du mois de juin, Julien Pouget avait expliqué que :

"Au premier trimestre, la consommation a accéléré, mais moins qu'attendu. Cela reflète un climat teinté d'attentisme en début d'année avec la crise sociale. Depuis, les indicateurs de confiance des ménages se sont redressés. L'Insee prévoit une croissance portée par la demande intérieure, notamment par la consommation des ménages et l'investissement des ménages. Le commerce extérieur pèserait sur la croissance contrairement à l'an dernier."

Pour le chef économiste de Ostrum, Philippe Waechter, "l'indicateur de confiance des ménages est 2% au dessus de sa moyenne de long terme. La défiance qui prévalait à l'automne est passée. La mesure de l'Insee suggère un optimisme collectif qui continue de s'améliorer, pareil pour la perception de chacun sur sa propre situation".

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 28/08/2019 à 11:07
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Je reviens de vacances dans l'ouest, que ce soit là-bas ou ici, je n'ai vu aucune baisse de consommation sauf que le retour au traditionnel, épicerie, marchés tourne à donf et la fuite des hyper s'accentue : trop trop chers, trop de marges bien visib...

à écrit le 27/08/2019 à 18:14
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La consommation, ce n'est plus seulement un problème de pouvoir d'achat, de chiffres, c'est aussi un comportement, une attitude, une responsabilité face au gaspillage généralisé. Est-il utile de remplacer, peut-on réparer, ce bien, ce produit, ce ser...

à écrit le 27/08/2019 à 15:39
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les transactions immobilières dans l'ancien auraient explosé de 17,9% sur les 3 derniers mois, d'après le baromètre SPI-Seloger. 4,5% en Ile de France et 24,4% dans le reste du pays. vive le taux de l'obligation 10 ans à - 0,38%. :-)

à écrit le 27/08/2019 à 15:17
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noter que l'on vient de voir dans les médias que le nombre de jobs à pourvoir n'a jamais été aussi élevé. l'instabilité internationale est un risque pour nous. mais aussi une opportunité : cela doit être une des raisons de la forte performance de Pa...

le 28/08/2019 à 11:50
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C'est la qu'on voit l'incompétence de notre système éducatif incapable de répondre aux besoins des entreprises, en gros en cm2 savoir lire écrire et compter et

le 28/08/2019 à 11:55
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Suite, DSL Et l'école primaire est dans reproche sur 90℅ du territoire. Puis passé le cm2 apprendre à bosser en fonction des besoins

à écrit le 27/08/2019 à 14:19
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Une dégradation de l'emploi à 104...je pense que Hollande aurait signé des deux mains pour une telle "dégradation" ! :-)

à écrit le 27/08/2019 à 14:18
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"Les chefs d'entreprise pessimistes dans le commerce de détail" Ouais ben les gars faudrait revoir vos marges bénéficiaires déjà hein ! Enfin du moins ceux que vous couvrez tout le temps alors qu'ils détruisent le monde, la marge bénéficiaire de ...

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