Commerce extérieur : vers une reprise fragile des échanges en 2021

La demande mondiale portée notamment par les Etats-Unis devrait profiter aux exportateurs français rappelle le dernier baromètre Euler Hermes. En revanche, même si la France est moins perturbée par le dysfonctionnement des chaînes de valeur mondiales, les goulots d'étranglement sur l'approvisionnement peuvent durer jusqu'à la fin de l'année.
Grégoire Normand
La demande additionnelle adressée aux exportateurs français devrait croître de 59 milliards d'euros en 2021 et de 47 milliards d'euros en 2022 (-125 milliards d'euros en 2020) selon Euler Hermes.
La demande additionnelle adressée aux exportateurs français devrait croître de 59 milliards d'euros en 2021 et de 47 milliards d'euros en 2022 (-125 milliards d'euros en 2020) selon Euler Hermes. (Crédits : Reuters)

L'horizon se dégage un peu pour l'appareil exportateur tricolore. La fermeture des frontières depuis le début de l'année 2020 et la mise à l'arrêt de nombreuses économies ont profondément bouleversé les circuits du commerce mondial. Après une année 2020 catastrophique et un premier trimestre 2021 décevant, les perspectives s'améliorent. Les résultats du dernier baromètre Euler Hermes dévoilés ce jeudi 27 mai montrent que 8 entreprises françaises sur 10 interrogées tablent sur une hausse des exportations en 2021. A l'opposé, près de 20% misent sur une stagnation ou un recul.

« L'Allemagne, les Etats-Unis et la Belgique sont les trois principales destinations 2021 des entreprises françaises, suivies par l'Espagne et le Royaume-Uni. Le tropisme européen reste fort, signe que les exportateurs français misent encore sur des marchés qu'ils maîtrisent » a expliqué Ana Boata, directrice des recherches macroéconomiques d'Euler Hermes.

Malgré ce regain d'optimisme, les frictions entre l'offre et la demande à l'échelle mondiale et les fortes perturbations sur les chaînes de valeur risquent de freiner les capacités d'exportation des entreprises tricolores pendant encore quelques mois.

Les entreprises françaises à l'assaut de nouveaux marchés

La pandémie a obligé les entreprises hexagonales à revoir leur stratégie d'exportation. La propagation du virus a complètement chamboulé l'approche des entreprises qui veulent profiter de la reprise économique dans certains pays alors que d'autres restent encore fermés pour affronter de nouvelles flambées de contagion. L'un des enseignements de cette enquête menée par le spécialiste de l'assurance-crédit est que les entreprises vont chercher à exporter plus mais surtout conquérir de nouveaux marchés.

« Beaucoup d'entreprises veulent changer leur destination d'exportations. Ils veulent aller chercher la croissance là où la reprise est plus dynamique. Les premières destinations d'exportation sont l'Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni. Les pays visés en 2021 sont les Emirats Arabes Unis, le Canada et le Cameroun. L'industrie française cherche de nouveaux pays pour augmenter sa croissance. Le "Made in France" reste une valeur sûre. 70% des entreprises indiquent qu'elles exportent depuis la France en raison de la confiance du "Made in France" » a indiqué Selin Oyurt en charge du suivi de l'économie française lors d'un point presse.

Une grande partie de la demande mondiale adressée à la France pourrait venir des Etats-Unis. Les gigantesques plans de relance annoncés par le président Joe Biden ont provoqué un élan d'optimisme chez les exportateurs européens.

« La demande adressée à la France est de 59 milliards d'euros en 2021 et de 47 milliards en 2022. Il faudra attendre 2023 pour effacer les pertes de la crise au niveau des exportations. Les demandes viennent surtout de la demande de l'Allemagne, des Etats-Unis. Le plan de relance aux Etats-Unis va booster nos exportations. Les Etats-Unis vont représenter un partenaire privilégié de la France », a ajouté l'économiste.

Le risque d'impayé reste une menace très importante

L'autre enseignement intéressant de ce baromètre est que le risque d'impayé par des fournisseurs demeure cité par un grand nombre de répondants (62%). La crise a mis en grande difficulté de nombreuses entreprises sur l'ensemble du globe. L'allongement des délais de paiement pourrait avoir des conséquences en cascade sur l'ensemble des acteurs.

Parmi les menaces citées, viennent ensuite les risques légaux (normes, certifications) et les barrières douanières. Le risque sanitaire n'arrive qu'en sixième position malgré la déflagration provoquée par cette pandémie planétaire. « La crise change le palmarès des risques [...] Cette position du risque sanitaire peut s'expliquer par le fait qu'il arrive moins souvent » déclare Selin Oyurt.

Un commerce mondial sous pression

La réouverture désynchronisée des pays et la progression inégale des campagnes de vaccination entre les Etats génèrent des frictions sur les chaînes de valeurs mondiales et des tensions sur les prix. La flambée des prix pour un grand nombre de matières premières a des conséquences sur le coût des transports à l'échelle du globe.

« il y a une économie chinoise très dynamique et une économie américaine encore plus dynamique portée par les stimulus budgétaires de Joe Biden. Aujourd'hui, les prix des conteneurs sont au plus haut depuis cinq ans. On peut s'attendre à plus de pression sur les prix lorsque l'économie européenne va rouvrir. La reprise va être à plusieurs vitesses. Les Etats-Unis, le Royaume Uni avancent plus vite que les autres » a déclaré Anna Boata. « Cette reprise doit être accompagnée par l'offre sinon les goulets d'étranglement se multiplient. Le rebond du commerce mondial ne se fait pas sans obstacles », a-t-elle ajouté.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 27/05/2021 à 17:38
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oui c'est sur la france vend du vin, des airbus et deux trois autres biens comme ca aux etats unis ils ne vont pas etre touches par la penurie de composants et la hausse des matieres premieres ( quoique pour les avions...)

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