La pandémie affole toujours les compteurs de la crise. Plus d'un an après la fermeture des frontières et la mise à l'arrêt d'échanges commerciaux, les moteurs de l'appareil exportateur français sont en sous-régime. Selon le dernier bilan des douanes dévoilés ce vendredi 7 mai, le déficit commercial de l'économie française s'est creusé de 15,4 milliards d'euros sur les trois premiers mois de l'année en données corrigées des variations saisonnières. « Cela résulte d'une accélération des importations (+3,7% après +0,7% au quatrième trimestre), tandis que les exportations ralentissent (+1,8% après +7,4% » explique Bercy.
Sur le premier trimestre, les exportations ont atteint 93% de leur niveau de 2019 et les importations, en progression depuis décembre, s'établissent à 95% de leur niveau pré-crise. La montée en charge des mesures de restriction en France et en Europe durant cette période a contribué à freiner les exportations alors que les pays de la zone euro font partie des principaux partenaires commerciaux de la France. A cela s'ajoutent l'entrée en vigueur du Brexit depuis le premier janvier et la flambée des matières premières. Ce qui a provoqué des tensions sur les approvisionnements. Résultat, le commerce extérieur a plombé la croissance du produit intérieur brut (PIB) français et le rebond de l'économie devrait être poussif dans les mois à venir d'après les dernières estimations de l'Insee rendues publiques ce jeudi 6 mai.
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Flambée des prix du pétrole
Après une année 2020 catastrophique, le commerce extérieur peine à sortir de sa torpeur. Une grande partie du déficit commercial depuis le début de l'année s'explique par la dégradation du déficit de l'énergie avec la flambée des prix du pétrole qui renchérit le prix des importations d'énergie (+32%). Du côté des produits manufacturés, le solde s'est également dégradé de 1,6 milliard d'euros. La vente de matériel de transport s'est contractée d'environ 800 millions d'euros. Les exportations de l'industrie aéronautique et automobile sont toujours dans le rouge.
« La diminution des exportations aéronautiques (-19,2%) et automobiles (-6,3%) après deux trimestres consécutifs de forte hausse supplante l'accroissement des exportations de navires et bateaux (+391,9%), ce dernier étant dû à des ventes exceptionnelles de paquebots, bateaux de croisière », expliquent les douanes dans leur étude.
Pertes de marché pour la France
La place de la France dans les échanges de biens perd du terrain au cours du premier trimestre 2021 après deux trimestres d'amélioration. La demande mondiale adressée à la France depuis le premier confinement en mars 2020 est loin d'avoir retrouvé son niveau d'avant crise et les confinements successifs ne devraient pas permettre à l'appareil exportateur de retrouver une trajectoire entamée avant la crise avant de longs mois. Si les exportations ont fortement rebondi aux troisième et quatrième trimestre 2020 après le creux du début d'année, le confinement du mois d'avril devrait à nouveau plomber les chiffres du commerce extérieur de la France.
En Europe, la situation de l'Allemagne et de l'Italie est plus favorable. Les deux voisins de la France ont retrouvé pour leurs exportations leur niveau d'avant crise grâce notamment à la reprise de l'économie en Chine qui a boosté les exportations allemandes.
En ce qui concerne la balance des paiements, qui inclut les services comme le tourisme et les flux financiers, le déficit des transactions courante se creuse au premier trimestre, et s'établit à 7,2 milliards d'euros, après 2,2 milliards au dernier trimestre 2020, selon la Banque de France. Si le déficit des biens se réduit légèrement, l'excédent des services se détériore, du fait de la dégradation du solde des services de conseil, R&D et liés au commerce.
15% des entreprises françaises ne sont pas reparties à l'export
Une part non négligeable des entreprises françaises ne sont toujours pas reparties sur le terrain des exportations. Dans un baromètre rendu public ce vendredi 7 mai par l'agence Business France, 86% des entreprises interrogées déclarent poursuivre leurs ventes à l'étranger sur les sept derniers mois contre 65% en juin 2020. Cela signifie que 15% des dirigeants n'ont pas poursuivi leurs activité. Parmi les entreprises qui continuent leur activité à l'international, 46% d'entre elles affirment qu'elle n'ont pas reconstitué leur chiffre d'affaires d'avant crise. Les entreprises interrogées dans le secteur des vins et spiritueux souffrent particulièrement depuis le printemps 2020.