MAJ : article mis à jour le 31/10/20 à 15h55 et mis en ligne à 9h53
Le premier jour du nouveau confinement en France, vendredi, s'est traduit par une vie au ralenti, mais aussi par la colère de commerces indépendants dont l'activité est jugée "non nécessaire" et qui sont obligés de fermer, à la différence des grandes surfaces.
Ce confinement allégé a pris effet à minuit vendredi. Prévu "a minima" jusqu'au 1er décembre, il est plus souple que celui de mars-avril. Les guichets des services publics ou les marchés alimentaires resteront ouverts (sauf si le préfet en décide autrement), et certains magasins bénéficiant de dérogations. Mais les commerces jugés "non-essentiels" (dont les bars et restaurants) resteront fermés.
Fnac-Darty ferme ses rayons culture, Amazon retire sa campagne pré Black Friday
Cette dernière mesure a provoqué une bronca chez de nombreux commerçants, dont les libraires, furieux que de grandes enseignes restent ouvertes et de la concurrence des plate-formes de vente en ligne.
Face à la polémique, la Fnac-Darty a annoncé vendredi fermer "l'ensemble des rayons culture" de ses magasins, "dans un souci de responsabilité". Et le gouvernement a annoncé dans la soirée de vendredi que les rayons livres et culture des grandes surfaces alimentaires et spécialisées seraient "momentanément fermés dès ce soir", par "souci d'équité entre grandes surfaces et les librairies indépendantes".
Ce samedi matin, sur Europe 1, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, a quant à elle demandé au géant du e-commerce Amazon de suspendre sa campagne pré-Black Friday, lancée le lundi 26 octobre.
« J'ai demandé à Amazon la suspension de la campagne sur le pré Black Friday parce que ça n'était pas du tout approprié dans ce moment où 200 000 commerçants vont devoir fermer leurs portes », a expliqué la ministre. « La direction d'Amazon, en responsabilité, a accepté de retirer cette opération », a-t-elle ajouté.
Les marchands de jouets saisissent le Conseil d'Etat
De nombreux commerces, comme ceux de vêtements et de jouets, s'alarment d'une fermeture pendant la période-clé précédant les fêtes de fin d'année. La fédération des marchands de jouets a annoncé le dépôt d'un référé devant le Conseil d'Etat contre la vente de jouets dans les hypermarchés.
Le ministre Bruno Le Maire dit comprendre "la colère des commerçants (...) d'autant plus que les fêtes de Noël approchent et que beaucoup ont constitué des stocks".
"C'est un vrai coup dur. Mais nous ne laisserons tomber personne. Nous apportons à ces commerces fermés un soutien économique massif, encore plus puissant que lors du premier confinement", a-t-il déclaré au Parisien de samedi.
Des maires bravent l'interdiction de fermeture des commerces
Des maires de villes moyennes, comme Perpignan, ou plus petites comme Brive ou Aubusson, ont pris des arrêtés, autorisant l'ouverture de commerces non-alimentaires. Ils ont argué, comme le maire de Brive, Frédéric Soulier, d'une "rupture d'égalité entre petits commerces et grandes et moyennes surfaces". Plusieurs préfectures ont demandé aux maires en question de retirer leurs arrêtés.
Dans une interview accordée à La Tribune, le maire de Perpignan Louis Aliot (RN) a expliqué :
"Il appartient au Premier ministre Jean Castex de trouver une solution. Je n'ose croire que l'ancien maire de Prades, issu des territoires, veuille faire mourir les commerçants de Perpignan et d'ailleurs. Je ne suis pas le seul maire à prendre cette initiative, les maires de Montauban, Reims ou Chalon-sur-Saône l'ont fait aussi. Ils font face à des commerçants qui ouvrent malgré l'interdiction, ça pourrait mal finir..."
L'AMF demande une révision de la notion de commerces de première nécessité
Evoquant un commerce de "centre-ville déjà fragilisé par le premier confinement animé par des entreprises de petite dimension" et une "situation de grave déséquilibre de concurrence", l'Association des maires de France (AMF) a, quant à elle, demandé au gouvernement le réexamen de la notion de commerces de première nécessité.
"De nombreux maires font état auprès de l'AMF de l'incompréhension que suscitent les mesures de fermeture qui visent certains commerces. Les critères ayant conduit à distinguer les commerces de première nécessité, évoqués par le Premier ministre, et les autres, sont à l'évidence difficiles à justifier au regard de l'application qui en est faite concrètement", avance l'association dans un communiqué.
(Avec AFP)