Covid-19 : une perte de revenus considérable pour les salariés

Les salariés en chômage partiel pourraient perdre en moyenne 410 euros de revenus avec les deux mois de confinement, selon de récents calculs de l'OFCE. Le durcissement à venir des conditions d'éligibilité au chômage partiel pourrait à nouveau aggraver ces pertes.
Grégoire Normand
Dans la restauration, la plupart des salariés risquent de rester au chômage partiel jusqu'au mois de juin.
Dans la restauration, la plupart des salariés risquent de rester au chômage partiel jusqu'au mois de juin. (Crédits : Benoit Tessier)

La pandémie a déjà eu des répercussions importantes sur le portefeuille des Français. Selon une récente évaluation de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les salariés en chômage partiel devraient perdre au minimum 2,7 milliards d'euros de revenus, soit 410 euros en moyenne pour huit semaines de confinement environ. De leur côté, les économistes du cabinet Xerfi estiment que la perte pourrait s'élever à 600 euros sur l'ensemble de l'année pour un travailleur touchant un salaire net médian de 1.845 euros.

À l'heure du déconfinement, beaucoup d'entreprises vont être obligées de prolonger les mesures de chômage partiel, notamment dans tous les secteurs encore concernés par les fermetures administratives, comme les cafés et les restaurants. Au dernier bilan de la direction statistique du ministère du Travail, le chômage partiel a été sollicité par près d'un million d'entreprises pour plus de 12 millions de salariés.

En outre, la reprise économique, qui s'annonce incertaine, ne devrait pas inciter l'ensemble les employeurs à reprendre une activité rapide dans les prochaines semaines. Dans leur dernier point de conjoncture publié en fin de semaine dernière, les économistes de l'Insee anticipent que l'activité économique serait en baisse de 33% par rapport à une situation normale:

"Presque deux mois après la mise en place du confinement, la perte d'activité économique serait proche d'environ 6 points de croissance annuelle du PIB. L'impact global du confinement sera néanmoins certainement supérieur car la reprise économique, en France et dans le monde, ne sera a priori que progressive."

Des disparités importantes selon les secteurs, les métiers...

Il est encore complexe à ce stade d'avoir une évaluation précise de l'impact du confinement sur le revenu des salariés. Cette moyenne de 410 euros masque en effet des disparités selon les secteurs, les métiers, la qualification, le genre, les conditions de travail, ou les compensations totales ou partielles proposées par les entreprises.

Les salariés dans le secteur du commerce risquent d'être en première ligne dans cette perte de revenus. Ils représentent 16% des demandes de chômage partiel. Les salariés de la construction (11,5% des demandes) et ceux de l'hébergement et la restauration (8,9% des demandes) risquent de souffrir également. À l'opposé, les salariés du secteur agricole (0,4% des demandes) ou des activités immobilières (1% des demandes) risquent d'être moins frappés par ces diminutions de revenus.

Le confinement, catalyseur des inégalités au travail préexistantes

Les statisticiens de l'OFCE ont également étudié le salaire moyen brut selon le statut de l'emploi. Il apparaît que les emplois pouvant être effectués à distance sont en moyenne rémunérés 1.100 euros de plus que les emplois ne pouvant pas l'être. Ce qui signifie que les télétravailleurs ont moins de chances de connaître une perte de revenus que ceux qui travaillent sur site ou connaissent par exemple des fermetures administratives.

Ces emplois à distance sont plus souvent occupés par des personnes titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur ayant une fonction d'encadrement. En outre, les salariés ne pouvant pas travailler en raison de la fermeture des écoles touchent en moyenne 500 euros de moins que ceux qui ne sont pas concernés par la fermeture des établissements scolaires. Ainsi, le confinement a catalysé des inégalités au travail déjà existantes avant le confinement.

> Lire aussi : Le coronavirus aggrave les inégalités au travail

Un coût considérable pour les finances publiques

La facture du chômage partiel pour les administrations publiques (État et Unedic) devrait être très salée. Selon les calculs de l'OFCE, le coût pour huit semaines de confinement est estimé à 40,1 milliards d'euros. Ce chiffre prend en compte le coût de l'indemnisation pris en charge par l'État (deux tiers) et l'Unedic (un tiers) et également la perte de cotisations sociales et de CSG. En contrepartie, "les entreprises verraient leur masse salariale allégée de près de 43 milliards d'euros", expliquent les auteurs de l'évaluation.

Un durcissement à venir

Les baisses de revenus pourraient encore s'accentuer dans les mois à venir. En effet, les conditions d'éligibilité devraient se durcir. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a confirmé lundi que le dispositif de prise en charge du chômage partiel allait être progressivement réduit, estimant que l'État n'avait pas vocation à continuer de payer "l'intégralité des salaires" du secteur privé. "Aujourd'hui, il y a 12,2 millions de salariés qui sont couverts par le chômage partiel", soit "six emplois sur dix du secteur privé", a déclaré Mme Pénicaud sur LCI, en assurant que ce dispositif avait permis d'éviter une vague de licenciements massifs. Mais, "aujourd'hui, les conditions de la reprise sont là. Donc, il n'y a pas tellement de raisons que ce soit l'État qui continue à payer l'intégralité des salaires de 12 millions de salariés en France", a poursuivi la ministre sur LCI. "C'est pour ça qu'on va définir, je pense dans la semaine, quelle est la part de salaire que paiera l'entreprise", a-t-elle précisé, en indiquant que ce montant n'était "pas encore décidé". "Ce sera modeste dans un premier temps, mais progressif", a-t-elle néanmoins promis.

Grégoire Normand
Commentaires 19
à écrit le 12/05/2020 à 17:47
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Il n'empêche que certains chômage partiel pourraient être évités si toutes les entreprises jouaient le jeu du télétravail. Comment expliquez vous qu'une entreprise saine (une banque) mette un employé disons en gestion de projet en télétravail en urge...

à écrit le 12/05/2020 à 17:27
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Oui, pour les salariés. Mais pas pour les sociétés, les commerçants (bar - restaurants - hôtels etc). C'est tout bénéfice pour eux. Je suis passé devant un salon de coiffure pour dames. Il est mentionné +10% sur tout les tarifs pour le matériels util...

à écrit le 12/05/2020 à 7:37
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la aussi la faute a plusieurs tète celle du gouvernement qui a décide seul du confinement sans dialogue avec les partenaires sociaux celle des syndicats qui aurais du suggéré aux une prise partiel des conge et rtt mais la encore ces personne ne ...

à écrit le 12/05/2020 à 0:13
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Article assez ridicule. Les salariés n'ont jamais autant économisé que pendant le chômage partiel. J'ai pour ma part mis 3 fois plus de côté que d'habitude... Les dépenses en moins : Pas de repas à l'extérieur Pas de frais de déplacement, ...

le 12/05/2020 à 5:28
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Votre analyse est très juste et fort utile vous avez raison de mettre en parallèle les économies en parallèle, les français ont mis la bagatelle de 55 milliards d’argent de côté, donc il faut maintenant dépenser pour sauver nos emplois

le 12/05/2020 à 9:27
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Effectivement les 4,980 millions de cadres ( chiffre de 2018) s'en sortent très bien dans ce confinement ,ce sont eux principalement qui ont pu mettre de côté vu les salaires.L'article évoque plutôt une perte financière pour les non-cadres.

le 12/05/2020 à 11:41
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Les grands perdants absolus sont les indépendants qui ont perdu à la fois leur revenu, tout en devant continuer à assumer les charges de leur activité. Les grand gagnants sont les cadres salariés qui ont pu continuer leur activité en télétravail. ...

à écrit le 11/05/2020 à 23:44
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COVID-19 Has definitely struck down a lot of businesses but soon everything will be back up on it's feet.

à écrit le 11/05/2020 à 21:01
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410 euros en moyenne pour huit semaines de confinement environ. De leur côté, les économistes du cabinet Xerfi estiment que la perte pourrait s'élever à 600 euros sur l'ensemble de l'année pour un travailleur touchant un salaire net médian de 1.845 e...

à écrit le 11/05/2020 à 18:52
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Si "nous sommes en guerre" -ce que je crois ni ne vois pas-, alors ces considérations de pertes de revenus sont très secondaires. Et Citoyen blasé a raison de dire que c'est le chômage qui va être le problème. L'Echo, votre confrère belge, évoque 1 c...

à écrit le 11/05/2020 à 18:46
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Imaginons un instant que notre gouvernement ait appliqué la recette américaine et remercions le ciel qu'il ne l'ait pas fait. quoique nous le paieront cher.

à écrit le 11/05/2020 à 17:34
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410 euros largement compensés par moins d'IR , moins de dépenses de transport etc... Très surprenant que tous ces bilans ne présentent que la perte de revenus et JAMAIS les économies induites .

le 11/05/2020 à 18:24
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c' est que les choses ne fonctionnent pas exactement comme vous le décrivez-comptabilisez: l' ir ne baissera -selon les tranches impactées et donc les montants -que de 3 à 9 %, le transport ne représente que 3 à 5 % sur un salaire médian...le calcul...

à écrit le 11/05/2020 à 17:10
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en meme temps c'est rien compare a ce qu'on perdu les boites ( entre les restos qui ont perdu 100%, le batiment qui tourne a vide, les boulangeries qui ont perdu entre 80 et 90% de ca, etc) avec comme corollaire que certaines ne vont pas se relever,...

le 11/05/2020 à 18:16
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vous évoquez la france et les décisions gouvernementales mais tous les autres pays européens on fait a peu prés la même chose sauf la Gb ...qui elle voit à ce jour le nombre de mort s' envoler (+32000 ) sans que son économie-fortement dépendante de ...

le 12/05/2020 à 7:30
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ok ca a evite la casse encore pire j'ai pas dit qu'il ne fallait pas le faire, j'ai dit que si ca avait ete moins bordelique ( la france est un pays sovietique, avec des boyards dans des bureaux qui decident des grands choix, comme nivelle et weygan...

à écrit le 11/05/2020 à 16:58
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Quand madame Muriel Pénicaud dit que les conditions de la reprise sont là, cela me paraît être un peu optimiste. Mais, elle est ministre donc, il est difficile pour elle de dire le contraire. Cordialement

à écrit le 11/05/2020 à 16:13
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C'est le chômage réel pour lequel il va falloir particulièrement s'inquiéter avec cette avalanche de mauvaises nouvelles pour l'emploi présent et à venir. Les économies d'essence et d'entretien de la bagnole vont permettre à ceux qui bossent loin...

à écrit le 11/05/2020 à 16:06
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Pas d'inquiétudes, les patrons n'oublieront pas de s'augmenter au début 2021... Après tout ce qu'ils vous donnent pas ce jour il pourront le mettre dans leur propre poche et celle des actionnaires demain !

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