Crise sanitaire, management, télétravail... les ressources humaines mises à rude épreuve

85% des directeurs des ressources humaines affirment qu'ils vont encore devoir gérer en priorité les mesures de prévention liées à la crise sanitaire au cours du premier semestre 2021, selon le dernier baromètre de l'ANDRH.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Confinement, protocole sanitaire, prévention des risques, télétravail, souffrance des salariés, arrêts de travail... depuis le début de la pandémie, les services de ressources humaines sont bousculés par la tempête Covid. Le dernier baromètre dévoilé par l'association nationale des ressources humaines (DRH) ce jeudi 11 février montre que la profession s'attend encore à une avalanche de tâches en lien avec les vagues d'épidémie au moins jusqu'à la fin du premier semestre. Parmi les priorités évoquées figure, en premier lieu, la gestion de la prévention liées à la crise sanitaire (85%). Viennent ensuite l'accompagnement du management (84%) et enfin le développement et la consolidation du travail à distance (73%). La persistance du virus et le prolongement des mesures d'endiguement plongent une nouvelle fois les entreprises dans un épais brouillard.

Si l'arrivée du vaccin a pu donner des lueurs d'espoir, la lenteur de la campagne de vaccination et la multiplication des variants repoussent toujours plus loin la sortie de crise. "Dans les entreprises, le climat social est complexe depuis un an. Avec la crise économique, sociale, psychologique et sanitaire, la gestion de différents types de population au sein de l'entreprise (télétravail, sur site) et ceux en activité partielle ou non engendrent des difficultés majeures. Tous les jours, il faut gérer des situations individuelles. Le social en a pris un coup. Les DRH font tout ce qu'elles peuvent pour garantir la convivialité. Le lieu de travail peut être un lieu de protection. Les DRH sont sur cette vigilance du lien collectif" a déclaré Audrey Richard, présidente de l'ANDRH et DRH du Groupe UP lors d'un point presse. Le récent drame en Ardèche a ravivé les craintes autour de cette profession aux premières loges de la crise sanitaire et sociale. "Le drame qui vient de se passer inquiète un peu les DRH parce qu'on va entrer dans une phase de crise économique épouvantable. On sait qu'on va devoir dans certains cas prendre des décisions économiques difficiles. Donc cette ambiance, ces tensions sociales font qu'on s'inquiète un peu" avait expliqué Benoit Serre, vice-président de l'Association lors d'une interview à l'Agence France Presse.

Des intentions de recrutement en berne

Sans surprise, la pandémie a mis un coup d'arrêt aux projets de recrutement dans de nombreuses entreprises. D'après les résultats collectés, 25% des responsables de ressources humaines envisagent une baisse des recrutements et 53% une stabilisation. A l'inverse, seuls 16% évoquent une hausse des effectifs. Derrière ces moyennes, il existe de fortes disparités en fonction de la taille des groupes. Plus la taille de l'entreprise est importante est plus les intentions de tailler dans les équipes est forte. Dans le firmes de plus de 10.000 salariés, c'est-à-dire les très grands groupes, 59% des DRH interrogés envisagent des coupes dans les effectifs. A l'opposé, seuls 17% des répondants dans les entreprises de moins de 300 salariés prévoient des baisses.

Relance de l'emploi : des mesures saluées pour l'embauche des jeunes

Récession, isolement, chômage....les jeunes sont frappés de plein fouet par la propagation du virus. Pour limiter l'hécatombe, le gouvernement a mis en oeuvre plusieurs dispositifs à destination des entreprises. Parmi les mesures plébiscitées pour relancer l'économie arrive en tête de classement les aides à l'embauche pour les jeunes de moins de 26 ans. Ainsi, 39% des répondants affirment que ces mesures les ont incité à embaucher des profils plus jeunes. "Dans les mesures plébiscitées, l'aide à l'embauche des jeunes de moins de 26 ans et les emplois francs arrivent en premier, ensuite le FNE formation (ce fond a été renforcé pendant la crise), et enfin l'activité partielle de longue durée (APLD). Ce dispositif qui permet de réduire le temps de travail est salué par les entreprises" a expliqué Audrey Richard.

S'agissant des jeunes, "les entreprises ont fait des efforts avec la signature de 500.000 contrats d'alternants. Une grande majorité se situe dans le privé. Quid du public ?"a-t-elle ajouté. Les résultats du baromètre montrent également qu'une proportion importante de répondants regrette les critères jugés trop restrictifs pour ces aides. "Les aides à l'embauche ont été appréciées. Il y a le souhait que ces aides soient étendues à des personnes éloignées de l'emploi (senior, chômeur longue durée)" a ajouté Audrey Richard.

Lire aussi : Les embauches des jeunes de moins de 26 ans ont baissé de 14% en 2020

La qualité de vie au travail, priorité pour le second semestre

L'autre enseignement éclairant de ce baromètre est que l'amélioration de la qualité de vie au travail (55%) devrait devenir la première priorité à partir du second semestre selon les personnes interrogées. Viennent ensuite le développement des sujets RSE (55%) et l'accompagnement des managers ( 54%). Les effets terribles de la récession sur l'emploi et l'activité pourraient alors s'amplifier pour le tissu économique. "La rentrée en 2021 pourrait être compliquée avec des souffrances psychologiques" a conclu Benoit Serre, vice-président délégué de l'ANDRH et partenaire-directeur associé au BCG.

Méthode : l'ensemble des adhérent de l'ANDRH a été interrogé du 7 janvier au 7 février 2021 par le biais d'un questionnaire auto-administré en ligne de 30 questions. L'association revendique 404 répondants. L'ensemble des secteurs d'activité sont représentés précise l'étude. Il reste que "les secteurs touchés par la crise économique comme l'hôtellerie, la restauration, les arts et spectacle n'ont souvent pas de DRH" tient à rappeler l'organisation.

Lire aussi : Un tiers des salariés du privé était en télétravail intensif fin 2020

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 13/02/2021 à 9:44
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Les ressources humaines à rude épreuve ??? LOL, re-LOL et re-re-LOL 🤣🤣🤣😂. Elle est bien bonne celle-là. Encore merci La Tribune pour ces pépites d'humour régulières. Les RH n'ont absolument rien à foutre de leurs esclaves : s'il y a un problème, ...

à écrit le 12/02/2021 à 10:07
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Bah les ressources humaines à l'ère financière ne sont plus que des exécutants au nom de la vénalité des actionnaires milliardaires et leur cohorte de thuriféraires, mais normalement en effet ils devraient se faire un peu plus malmener, quelques chem...

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