Dans dix jours, Yaël Braun-Pivet verra Édouard Philippe et Boris Vallaud, le patron des députés PS. La présidente de l'Assemblée nationale en aura ainsi terminé avec le cycle de consultations qu'elle a entrepris sur l'instauration d'une dose de proportionnelle aux élections législatives. Comme La Tribune Dimanche l'avait indiqué le 17 mars, elle a décidé de tenter de concrétiser cette promesse présidentielle datant de 2017.
Désormais, Yaël Braun-Pivet a la suite de son plan en tête. Le 30 avril, elle a rendez-vous avec Gérard Larcher. Pour tenter de convaincre le président du Sénat d'accepter une réforme qui est spontanément peu du goût des Républicains, attachés au scrutin majoritaire, elle lui proposera en contrepartie de revenir sur l'interdiction du cumul des mandats à laquelle elle est pourtant attachée. Puis elle fera un retour au chef de l'État. « L'échange proportionnelle-cumul n'est pas une option présidentielle », fait d'ores et déjà savoir un confident d'Emmanuel Macron.
L'argument de Bayrou
Mercredi, Yaël Braun-Pivet a reçu François Bayrou à déjeuner. S'il est depuis toujours un défenseur acharné de la proportionnelle, il n'est en revanche pas convaincu par le modèle retenu par la députée des Yvelines, et le lui dit.
Cette dernière propose de l'appliquer dans les départements comptant au moins 11 députés - ce qui, calqué sur les résultats de 2022, donnerait moins d'élus pour la majorité et davantage pour le RN et LR. Le centriste préfère la proportionnelle intégrale au niveau départemental avec un seuil de 5 % des suffrages exprimés, comme en 1986. Dans son esprit, un nouvel argument plaide désormais en faveur d'une instauration rapide de ce mode de scrutin. Elle serait le préalable à toute dissolution que pourrait être amené à prononcer, par choix ou par contrainte, Emmanuel Macron, alors que le renversement de l'équipe Attal est possible à tout moment du fait de la majorité relative. François Bayrou estime que ce n'est qu'à partir de telles bases que pourrait être bâti un gouvernement qui tienne compte des nuances de l'Assemblée.
Une façon de contenir le RN
Révélé par L'Obs, un sondage Ipsos commandé en décembre par LR a montré que le RN pourrait obtenir la majorité absolue à l'Assemblée en cas de législatives anticipées. Cela a été l'illustration que le mode de scrutin majoritaire n'est désormais plus un obstacle pour le RN. En revanche, le scrutin proportionnel lui donnerait une victoire moins large.« Le scrutin majoritaire amplifie les vagues tandis que la proportionnelle les contient », explique Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat, allié de la majorité aux européennes. Ce spécialiste des questions électorales plaide pour la proportionnelle dans les départements de plus de quatre députés. Si aujourd'hui peu sur l'échiquier politique croient possible qu'Emmanuel Macron dissolve en réaction à l'adoption d'une motion de censure, un changement du mode de scrutin aux législatives (qui, passant par une loi simple, peut être facilementvoté) pourrait lui permettre de réfléchir autrement.