L'industrie tricolore reste sous pression. Un an jour pour jour après le début du second confinement, l'indice PMI des directeurs d'achats dévoilé ce mardi continue de marquer le pas pour passer de 55 à 53,6 pour retrouver son plus faible niveau depuis janvier dernier. Cet indicateur composite très observé par les milieux économiques et financiers illustre une croissance de l'activité lorsqu'il est au-dessus de 50 et un repli lorsqu'il est repassé sous ce seuil symbolique.
Alors que la croissance du produit intérieur brut (PIB) en France est attendue au-dessus de 6% par le gouvernement et la plupart des instituts de prévision, la conjoncture dans l'industrie manufacturière est loin d'être au vert. "Les problèmes engendrés par les pénuries de transport et de matières premières signalées depuis quelques mois par les données PMI s'étaient jusqu'à présent cantonnés aux questions d'approvisionnement. S'ils entraînaient de fortes hausses de prix, ils n'affectaient pas, en revanche, les niveaux de production et des carnets de commandes. En octobre toutefois, l'activité et le volume global des nouvelles commandes ont reculé, et ce pour la première fois depuis respectivement janvier 2021 et décembre 2020" a expliqué Joe Hayes, économiste chez Markit.
Baisse des carnets de commande
Pour la première fois depuis près d'un an, les chefs d'industrie ont signalé une baisse de la demande. En effet, beaucoup d'entreprises clientes ont infléchi leurs achats en raison des difficultés pour se procurer des composants dont elles ont besoin pour produire. Le cas le plus emblématique en France est celui de l'industrie automobile embourbée dans une pénurie de semi-conducteurs à rallonge.
Quelques grands constructeurs comme Renault ou Stellantis ont récemment fait part de leurs grandes difficultés et leur désarroi face aux problèmes d'approvisionnement. D'autres secteurs comme l'aéronautique, le papier ou l'industrie du bois ont également témoigné de fortes difficultés ces derniers mois. Résultat, la production industrielle a fléchi selon le dernier indice PMI.
Allongement des délais de livraison et hausse des coûts de production
Les pénuries de matières premières et les difficultés logistiques ont allongé les délais de livraison des pays fournisseurs. A ces retards, s'ajoute la flambée des prix des matières premières qui se prolonge. Ces retard entraînent mécaniquement une hausse des coûts pour les fabricants. A ce stade, il est encore difficile d'avoir une vision précise du niveau d'inflation future. La comparaison de l'inflation mensuelle avec le point bas de l'année dernière au moment du confinement brouille les grilles de lecture. La normalisation de l'activité économique au printemps dernier avec la levée des mesures de confinement devrait permettre d'y voir plus clair dans quelques mois.
En attendant, l'inflation temporaire risque de durer plus longtemps que prévu. "Les difficultés sur les chaines d'approvisionnement ne sont pas en voie de diminuer, et nous estimant qu'elles vont continuer à pousser à la hausse de prix des intrants. Au fur et à mesure, les entreprises vont de plus en plus répercuter cette hausse de coûts sur les prix de vente, comme le laisse penser la hausse des prévisions de prix de vente visible dans les enquêtes auprès des entreprises" estime l'économiste d'ING Charlotte de Montpellier dans une récente note. A quel moment les entreprises vont-elles répercuter cette hausse des coûts sur les prix de vente ? Avec l'approche de l'hiver, les prix de l'énergie ne devraient pas baisser.