Du blocage des raffineries à un retour des Gilets jaunes ?

POLITISCOPE. L'automne social s'annonce d'autant plus chaud que l'hiver pourrait être froid. Du blocage des raffineries au rêve de certains d'une grève générale, le mouvement social s'embrase sur la question des salaires et de l'inflation. Une séquence qui vient bousculer l'agenda international d'un Macron focalisé sur la guerre en Ukraine. Et rappelle au pouvoir de bien mauvais souvenirs...
(Crédits : Vincent Kessler)

En quelques jours, en quelques heures, tout a basculé. Aujourd'hui, tous les ingrédients sont réunis pour qu'une grave crise sociale s'impose dans le pays à quelques mois de l'hiver. Et comme au temps des Gilets Jaunes, l'Elysée comme le gouvernement n'ont rien vu venir. Il y a encore quelques semaines, seul le projet des retraites suscitait des inquiétudes dans les couloirs du pouvoir. Mais aujourd'hui, alors que le conflit sur les raffineries de Total et d'Exxon se tend, le mouvement de grogne prend de l'ampleur dans de nombreux autres secteurs. Galvanisée par les mobilisations dans les raffineries, la CGT sent que l'heure est venue pour la bagarre avec l'exécutif.

Les appels à la grève se multiplient dans les transports, dans les centrales nucléaires... Les réquisitions décidées en urgence par le gouvernement sont la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les organisations syndicales appellent désormais à manifester le 18 octobre pour « les salaires et la défense du droit de grève ». Dimanche prochain, c'est au tour des forces politiques de la NUPES de donner de la voix à travers leur « marche » dominicale. Dans le mouvement social, le bruit d'une « grève générale » commence à monter.

Pour ne rien arranger, le gouvernement a subi un véritable camouflet à l'Assemblée Nationale avec le vote surprise d'une taxe sur les super dividendes. La macronie connaît subitement un vent de fronde, des rangs du Modem à certains députés Renaissance. Un peu plus tôt dans la soirée, Emmanuel Macron semblait totalement en décalage, comme hors sol, lors d'une émission sur France 2. Dans un monde idéal, le président aurait souhaité consacrer entièrement son passage télé à la situation internationale. Son irritation au sujet de la grogne sociale n'en était que plus visible lorsque la journaliste osa lui poser des questions à ce sujet.

La chienlit devant nous ?

« Le président depuis son élection ne s'intéresse plus vraiment à la France, il ne se projette plus qu'à l'international, le reste l'ennuie », déplorait justement quelques heures plus tôt l'un de ses soutiens. Au risque de ne pas apparaître à l'écoute et méprisant... Un cocktail potentiellement détonnant et qui avait déjà provoqué des étincelles lors du précédent quinquennat. D'autant plus que la crise énergétique et la hausse des prix peuvent être inflammables : « C'est la chienlit ! s'exclame un grand patron qui tient à préserver son anonymat. Il ne faut jamais oublier que les périodes de grande inflation ont toujours provoqué des changements de régime ! Cette équipe au pouvoir ne fait pas partie d'une génération qui a connu ces épisodes ».

Quelle ironie de voir que l'un des rares responsables politiques à avoir tiré la sonnette d'alarme sur la situation des raffineries est Édouard Philippe, lui qui avait laissé le mouvement des Gilets Jaunes éclore en imposant brutalement les 80 km/h à tous les Français en plus de la taxe carbone sur les carburants. Difficile de jouer les Cassandre :  ses récentes déclarations, comme celles sur le dossier des retraites (l'ancien Premier ministre a proposé de porter l'âge de la retraite à... 67 ans), ont provoqué l'ire du président Macron. À l'Elysée, ce dernier n'est pas le seul à multiplier les piques contre l'ancien Premier ministre devenu quasiment l'ennemi numéro 1 en macronie. « Le président veut absolument tuer Édouard. Il préférera faire gagner Le Pen en 2027 plutôt que de permettre la victoire de son ancien Premier ministre », assure même un ancien macroniste. Dans cette perspective, la « chienlit » actuelle pourrait bien accélérer le mouvement...

Commentaires 18
à écrit le 17/10/2022 à 9:12
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Les français qui travaillent regardent désemparés la France se détruire à vitesse grand V. Que faire sinon essayer d’ignorer des comportements futiles et enfantins, ceux des profiteurs de crises, ceux qui en rajoutent aux difficultés..? Nous essayero...

à écrit le 16/10/2022 à 18:18
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Cette pénurie de carburants est la meilleure des publicités pour le véhicule électrique, les bobos CSP+ ne seront pas ennuyés pour partir en vacances alors que les pauvres roulant au gasoil 👎

à écrit le 15/10/2022 à 20:01
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Bonjour, Ils n'y a aucun rapport entre les GJ et les malheureux des raffineries... Les GJ était des travailleurs pauvres, des gents du commun, mal payer ou en grande difficulté sociale ( femme seul, vieux ) . La CGT ne représente nullement ses pau...

le 16/10/2022 à 10:05
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Excellent commentaire, d'ailleurs les syndicats sont bien muets depuis quelques années. Quand on se rappelle les années 70, 80 ou 90, ça semble très étrange.

le 17/10/2022 à 9:02
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"La CGT ne représente nullement ses pauvre Bougue... Bien sûr ils ne faut pas le dire..." On peut surtout dire que les GJ ne voulaient pas de syndicat avec eux dès le début du mouvement. Souvenir : C'est clair, c'est dit, les gilets jaunes ne ...

à écrit le 15/10/2022 à 8:46
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l'Eternel jalousie en jaune sur ceux qui vivrent mieux, parce qu'ils travaillent plus.

le 15/10/2022 à 10:10
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Erreur de diagnostique, ceux qui vivent mieux ne vivent pas de leur travail mais de leurs rentes .Rentes provenant de patrimoines hérités dans la plupart des cas ....et je suis loin d'être un cas isolé !!!

le 15/10/2022 à 10:24
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non, moi je travaille plus et je gagne plus, pas de rentes, j ai dormi sur des bancs publics apres mon divorce mais je n ai jamais quémandé, mais c est vrai qu il y a de moins en moins de personnes comme moi, les jeunes partent a l etranger ou ils bo...

à écrit le 14/10/2022 à 20:19
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"L'Elysée comme le gouvernement n'ont rien vu venir" 🤣 Pour votre gouverne, chaque étudiant en économie apprend lors de son cursus que lorsque qu'une crise financière et-ou économique (voir sanitaire et géopolitique) intervient et qu'elle dure dans l...

à écrit le 14/10/2022 à 16:54
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Ils devraient avoir honte avec les salaires et les avantages qu'ils ont nous nous avons eux 33e d'augmentation de notre retraite mois je suis dialysée et j'ai le bras gauche bloqué plié et en plus de ça petites retraites avec mon mari augmentation de...

à écrit le 14/10/2022 à 16:30
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Décidément, soutenir l'Ukraine et déclarer la guerre économique et financière à la Russie va nous coûter fort cher. Le tout sans même qu'on ait demandé au peuple s'il était d'accord pour payer ce prix...

le 14/10/2022 à 16:46
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La politique étrangère n'est pas votre point fort.

le 14/10/2022 à 17:30
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@Britannicus Bien sûr que ça nous coûte cher, mais si nous ne soutenons pas l'Ukraine c'est un blanc seing donné à Poutine pour avancer toujours plus loin vers l'Ouest et détruire notre mode de vie, nos libertés, la démocratie, toutes choses que tou...

le 15/10/2022 à 10:26
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Soutenir l ukraine n'est pas un choix, c 'est un devoir de démocrate. C'est un devoir de protéger nos familles...On se rappelle tres bien en 39 le prix à payer pour laisser les dictateurs fous prendre d'abord les sudetes...qui se souciait des sudetes...

à écrit le 14/10/2022 à 15:30
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Espérons que la réforme des retraites soit un peu moins précipitée que ce qui a été initialement imaginé en haut lieu. Au moins un effet secondaire positif ( espérons- le) du chaos vers lequel l'individualiste camarade Martinez précipite le pay...

à écrit le 14/10/2022 à 15:27
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Titre racoleur , l'Histoire ne repasse jamais le plat , les GJ ont vécu la contestation prendra d'autres formes . Dans le monde du travail la tendance est à la démobilisation par exemple , aux directions d'entreprises de réagir et de trouver de nouv...

à écrit le 14/10/2022 à 15:26
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La "chaleur" hivernale va mettre du baume au cœur des insurgés surtout quand on ne connait pas à quoi veut aboutir ce gouvernement et son président ! ;-)

à écrit le 14/10/2022 à 15:04
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Le Covid-19, l'Ukraine, toutes ces obsessions des macronistes, qui font qu'ils sont toujours à côté de la plaque

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