
En matière d'engagement en faveur de l'intérêt général, sur les plans sociaux et environnementaux, les entreprises ont plutôt mauvaise réputation. C'est du moins ce qui ressort d'une étude présentée mardi par l'ObSoCo (Observatoire Société et Consommation) et Trusteam Finance qui a sondé la perception qu'ont les Français de l'engagement des entreprises.
Le constat est plutôt sévère. D'après ce baromètre réalisé entre les 10 et 18 mai 2022 selon la méthode des quotas auprès de 2.000 personnes, pour 83% des personnes interrogées, aucun nom d'entreprise (et pas plus à celles du CAC 40) ne leur vient à l'esprit quand il est question d'engagement et d' « intérêt général » ou d'impact positif sur la société et l'état du monde.
Parmi les entreprises qui ont vraiment mauvaise réputation, trois noms ressortent : le groupe pétrolier français TotalEnergies, le géant américain de la distribution Amazon, régulièrement épinglé pour ses conditions sociales. Ou encore Shein, site de prêt-à-porter chinois aux méthodes douteuses. Elles font partie de ces entreprises dont l'activité, aux yeux de 27% des personnes interrogées, représente même une « nuisance ». Toutefois, certaines entreprises ont une image plus positive. Pour 73% des personnes interrogées, leur activité, à l'inverse, ne représente pas une nuisance. C'est par exemple le cas d'Engie, groupe industriel énergétique français, d'EDF, fournisseur d'électricité, ou encore de Leclerc, enseigne de grande distribution.
Si les consommateurs sont si sévères à l'égard de l'absence d'engagement des entreprises, c'est qu'ils en attendent beaucoup. En effet, 42% des personnes interrogées considèrent qu'il incombe « aux grandes entreprises la responsabilité d'agir afin de résoudre les problèmes environnementaux, sociaux et sociétaux de notre époque ». Or, sur l'ensemble des personnes interrogées, 74% constatent que les questions environnementales ne sont pas suffisamment traitées par les grandes sociétés.
Les consommateurs exigent une réglementation plus contraignante
Une majorité des sondés se déclare favorable à une réglementation contraignante des entreprises. « L'engagement des entreprises n'est pas seulement considéré comme insuffisant ; il est majoritairement perçu comme peu crédible » rapportent l'ObSoCo et Trusteam Finance dans leur communiqué. En effet, pour 53 % des personnes interrogées, la mise en avant d'une démarche de responsabilité de la part d'une grande entreprise constitue simplement « de belles paroles ». Et 44% estiment même que « les entreprises qui déclarent s'engager pour le bien commun ne respectent généralement pas leurs engagements », précise Philippe Moati, cofondateur de l'ObSoCo.
Seulement 14% des Français interrogés affirment leur « confiance dans la capacité du capitalisme et des entreprises à s'autoréguler par rapport aux enjeux collectifs ». Au contraire, une majorité d'entre eux (53%), estime qu'« il convient d'imposer aux entreprises une réglementation contraignante, quitte à ce que cela porte atteinte à leurs profits et à l'emploi ».
Défiance accrue vis-à-vis de la grande distribution
Dans un contexte marqué par les défis climatiques, les Français sont sensibles à l'engagement des entreprises en faveur de l'environnement, particulièrement dans le secteur des commerces alimentaires. Ils font de plus en plus en confiance aux magasins d'alimentation bio (+5 points par rapport à 2019). En revanche, plus de la moitié des personnes interrogées se disent méfiantes à l'égard des marques de l'industrie agroalimentaire et des enseignes de la grande distribution. Cette défiance s'est accrue depuis 2019 (+2 points).
Et pourtant, une majorité croissante de consommateurs (58%, +3 points en un an) n'est pas disposée à payer plus cher pour un produit respectueux de l'environnement. Comment l'expliquer ? « Cela est en partie dû à la hausse de l'inflation, entraînant une baisse du pouvoir d'achat des ménages », souligne Philippe Moati. En effet, dans un contexte de hausse des coûts, les Français sont de plus en plus attentifs aux prix : 67% des sondés ont d'ailleurs répondu que le prix des produits alimentaires et des marques est le principal critère dans leurs choix d'achats. Tandis que « l'impact environnemental » des produits vendus dans les commerces n'arrive qu'après « la qualité » du produit, sa « durée de vie » et « l'esthétique ».
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