Egalité professionnelle : « la grande cause » inaboutie du quinquennat Macron

Erigée en "grande cause nationale" du quinquennat Macron, l'égalité professionnelle est encore très loin d'être achevée. Dans les comités de direction et des ETI, les femmes continuent d'être sous-représentées. Malgré des avancées soulignées par les associations, les écarts de salaires à poste égal et travail égal demeurent criants entre les hommes et les femmes.
Grégoire Normand
Emmanuel Macron a présenté sa candidature à la présidentielle le 4 mars dernier dans une lettre adressée aux Français.
Emmanuel Macron a présenté sa candidature à la présidentielle le 4 mars dernier dans une lettre adressée aux Français. (Crédits : Reuters)

A son arrivée à l'Elysée en 2017, Emmanuel Macron avait érigé l'égalité entre les hommes et les femmes en "grande cause" du quinquennat. Le chef de l'Etat a défendu le principe d'une plus grand parité dans les sphères politique et économique tout au long de son mandat. "Nous avons depuis 4 ans fait de ce sujet de l'égalité femmes-hommes le cœur, la grande cause nationale" avait déclaré le candidat à la présidentielle lors d'un discours au Caroussel du Louvre à l'occasion du forum Génération égalité en juin 2021.

Cinq après son entrée à l'Elysée, la parité est loin d'être achevée. Beaucoup d'observateurs, de chercheurs, d'associations et syndicats pointent encore de larges insuffisances dans le monde professionnel et politique.

Dans un récent rapport, plusieurs association (Oxfam France, Equipop, et CARE France) dressent un bilan relativement sévère des mesures de l'exécutif. "Le bilan global du quinquennat est insuffisant pour un président qui se déclarait "candidat féministe" en 2017 [...] La "grande cause nationale" de l'égalité femmes-hommes de ce quinquennat peut se résumer en quelques mots : un décalage entre les ambitions affichées et les moyens et mesures prises" souligne Ludovica Anedda, chargée de plaidoyer pour l'égalité de genre de CARE France. A l'occasion de la journée internationale du droit des femmes, La Tribune passe au crible les avancées et les impasses du quinquennat Macron en matière d'égalité professionnelle.

Des progrès à accomplir dans les comités de direction

Plus de dix ans après la loi Coppé-Zimmerman fêtée en grande pompe à Bercy il y a quelques mois, certains objectifs sont atteints, voire même dépassés. Selon un bilan établi par la délégation des droits des femmes du Sénat, la féminisation des conseils d'administration des grandes entreprises cotées du SBF 120 a fait des progrès. La loi imposait un quota de 40% de femmes dans les instances dirigeantes des entreprises qui réalisait plus de 50 millions  de chiffre d'affaires. Ce ratio atteint désormais 46%. Il s'agit "d'un record dans le monde" selon le document parlementaire.

En revanche, ces quotas imposés aux plus grandes sociétés n'ont pas fait l'effet du "ruissellement" escompté dans les plus petites entreprises. Qu'il s'agisse des conseils d'administration des plus petites cotations boursières (moins d'un tiers), des entreprises non cotées de plus de 250 salariés (moins de 25%) ou encore des PME (13%) qui ne sont pas pris en compte dans le champs d'application de la loi, l'objectif de parité là encore est loin d'être rempli. Pour tenter d'aller plus loin que les conseils d'administration, le gouvernement a fait voter la loi Rixain en décembre 2021 qui vise une plus forte représentation des femmes aux postes de direction dans les entreprises de plus de 1.000 salariés en mettant en place un quota de 40% à atteindre d'ici 2030. En effet, les comités exécutifs et les postes de PDG sont encore largement occupés par des hommes en France.

Les impasses de l'index de l'égalité professionnelle

L'autre outil phare mis en oeuvre par la Macronie en 2018 pour faire avancer l'égalité professionnelle au sein des entreprises est l'index de l'égalité . Cette fois ci, les sociétés de plus de 50 salariés ont l'obligation légale de publier un indice tous les ans à partir de plusieurs indicateurs. La note sur 100 reflète l'évolution de la parité dans l'entreprise chaque année. Si la note est inférieure à 75, la direction doit prendre des mesures dans un délai de 3 ans afin de réduire ces inégalités. Si rien n'est fait, elle s'expose à des pénalités financières représentant environ 1% de sa masse salariale.

Si l'index de l'égalité professionnelle présente des avancées incontestables soulignées par plusieurs spécialistes, cet outil fait l'impasse sur plusieurs points cruciaux. "Appliquer le principe qu'à travail égal, le salaire doit être égal est une obligation légale, inscrite dans la loi. Or ce point ne représente qu'une partie des inégalités salariales" pointe l'économiste de Sciences-Po, Hélène Périvier, interrogée par La Tribune. En effet, une grande partie des écarts de salaire (environ 40%) s'explique par les postes à temps partiel bien plus souvent occupés par les femmes (environ 80%).

L'enseignante ajoute que ces disparités criantes s'expliquent également par une surreprésentation des femmes dans des secteurs bien moins rémunérateurs comme "le social ou l'éducation". Les deux longues années de pandémie ont d'ailleurs jeter une lumière crue sur les conditions salariales précaires des métiers de la première ligne et de la seconde ligne, jugés "essentiels" au fonctionnement de la société et de l'économie. Sur ce point, les mesures avancées par l'exécutif pour revaloriser les salaires et les conditions  de travail ont été jugées "insuffisantes" dans de nombreux secteurs. Dans un récent rapport remis à la ministre du Travail Elisabeth Borne, les économistes  Christine Erhel et Sophie Moreau-Follenfant expliquent que "en matière d'égalité femmes-hommes, les données montrent clairement un problème de ségrégation professionnelle, les femmes étant concentrées dans les métiers les moins bien rémunérés."

Des écarts de salaire toujours criants malgré des diplômes plus importants

Les inégalités professionnelles et les écarts de salaires entre les hommes et les femmes demeurent particulièrement alarmants malgré des avancées Dans une vaste étude dévoilée par l'Insee il y a quelques jours, les statisticiens soulignaient que parmi les 71.000 cadres dirigeants recensés dans le secteur privé, les femmes ne représentaient que 26% des emplois alors qu'elles constituent la moitié des emplois du privé.

Dans ces emplois, les femmes gagnent en moyenne 24% de moins que les hommes. Et ces disparités s'aggravent avec l'âge. "De 9% pour les plus jeunes, les écarts salariaux atteignent 23% pour les 50 ans ou plus" indique l'institut public. En outre, cette étude rappelle que si les filles ont des résultats scolaires plus élevés que les garçons et sont en moyenne plus diplômées, elles occupent souvent des postes bien moins rémunérés. Le chemin pour atteindre l'égalité professionnelle s'annonce encore périlleux.

Grégoire Normand
Commentaires 10
à écrit le 14/03/2022 à 19:24
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Apparemment Macron annoncera son programme sur 20 pages de son second quinquennat... Avant première le voici: Page 1 : E Page 2 : M Page 3 : M Page 4 : E Page 5 : R Page 6 : D Page 7 : E Page 8 : R Page 9 : L Page 10: E Page 11: S Page 12...

à écrit le 12/03/2022 à 10:29
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Elle est pas inaboutie mais pas commencé. Est ce normal que les patrons qui au final servent a rien gagnent un pognon de dingue avec des avantages phénoménaux, que les actionnaires gagnent toujours un max et que ceux qui produisent sont toujours plus...

à écrit le 08/03/2022 à 11:58
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Si il n’y avait que l’égalité professionnelle qui était un sujet inabouti….. ce quinquennat aura été caractérisé par beaucoup de promesses et de bla bla et finalement assez peu de réalisations sauf celle de la dette !! Et apparemment, on est reparti ...

le 16/03/2022 à 12:05
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Vous oubliez des réformes importantes qu'il a mené a bout comme: - la forte diminution du pouvoir d'achat des retraités actuels - la forte baisse des retraites des futurs retraités - la forte baisse des indemnité et du temps d’indemnit...

à écrit le 08/03/2022 à 10:45
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Pendant ce temps : "Ça, c’était pas préparé", sourit le maire et organisateur de la soirée Karl Olive, quand une intervenante demande un selfie au président… Dès l’entrée d’Emmanuel Macron dans la salle, une évidence saute aux yeux et aux oreilles...

le 08/03/2022 à 14:37
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Les 3 chaines infos ont diffusé son message publicitaire durant tout ce temps, une bonne heure au moins enfin ça m'a paru interminable le truc et ces mêmes gens, ceux qui possèdent ces médias, se moquaient de la pravda et de la pensée unique soviétiq...

à écrit le 08/03/2022 à 8:22
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la france confond egalite et egalitarisme; j'ai travaille avec des francaises qui avaient des bons postes et des bons salaires, et surtout elles avaient les competences et ne comptaient pas leurs heures......a ecouter des feministes a la con qui t'ex...

à écrit le 08/03/2022 à 8:19
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Oui mais dès qu'il y a le mot "professionnel" nos LREM qui n'ont jamais bossé de leur vie sont tout émoustillés du coup, vous savez bien que quand ils ont débarqué ils nous ont dit que c'était l’avènement des experts, eux donc si si, qui savaient tou...

le 08/03/2022 à 8:39
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une raison pour ne pas débattre) ! il faut bien esquiver les coups

le 08/03/2022 à 9:12
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D'un autre côté une classe de primaire les anéantirait sémantiquement, on comprend qu'ils veuillent éviter les confrontations, d'ailleurs notre président va les éviter autant que possible comme on peut le constater les confrontations vu que son bilan...

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