Emmanuel Macron droit dans son costume de chef de guerre

POLITISCOPE. Comment redonner de l'élan au nouveau quinquennat qui débute : le président a tenté de saisir l'esprit du 14 juillet pour fixer un cap. Mais entre appels à la sobriété énergétique et budgétaire, avertissements sur la guerre en Ukraine et craintes de tensions sociales à venir, l'exercice était délicat. Déprime passagère ? On le saura à la rentrée...
Marc Endeweld
(Crédits : Reuters)

Pas question pour Emmanuel Macron de concéder à la presse française et internationale une erreur de sa part comme ministre de l'Economie de François Hollande sur le dossier Uber. Le président « assume ». Tout. Malheureusement pour lui, la polémique a occulté sa visite à Grenoble qui visait à saluer la décision du groupe franco-italien STmicroelectronics d'y investir dans une nouvelle usine pour la modique somme de 5,7 milliards d'euros, en étant associé à GlobalFoundries, géant américain des semi-conducteurs désormais sous contrôle d'un fonds d'Abu Dhabi.

Cela devait être l'effet d'annonce principal du sommet « Choose France », destiné à promouvoir « l'attractivité » de la France. Étrange tête-à-queue médiatique pour un président qui a fait de la drague des groupes étrangers, notamment les fameux GAFAM, une priorité depuis son passage au ministère de l'Economie.

Deux jours plus tard, changement de décor : le président s'adresse aux Armées à l'hôtel de Brienne puis à la Nation lors de la (traditionnelle mais oubliée) interview présidentielle du 14 juillet. Aux militaires, Macron a promis une augmentation notable de leur budget dans les toutes prochaines années jusqu'à 50 milliards d'euros, tout en leur demandant davantage d'efforts dans l'encadrement du « SNU », ce si cher Service National Universel (ce programme coûte pas moins de 1,7 milliard d'euros par an)... Le président en a profité pour souligner qu'il était nécessaire d'assurer la « cohésion » de la Nation et de s'assurer du bon moral des « citoyens » en ces temps de guerre en Europe...

Moqueries sur les réseaux sociaux

Le ton est donné. Macron, dont la majorité toute relative est aujourd'hui empêtrée à l'Assemblée Nationale, a décidé d'emprunter le costume du chef de guerre. Une trouvaille martiale qu'il n'a cessé d'utiliser pour envoyer des messages aux Français depuis sa prise de pouvoir en 2017. Alors que les mauvais sondages s'accumulent dangereusement pour lui depuis quelques jours et que Le Monde le décrit comme déprimé, le président a décidé de retrouver les accents conquérants de ses débuts à l'Elysée en participant à un vol avec la patrouille de France. Une première. Enfilant la combinaison de pilote de chasse, il s'est attiré les moqueries des réseaux sociaux, les internautes pointant le mimétisme des photos avec le nouveau Top Gun de Tom Cruise. Comme la star hollywoodienne, on a parfois l'impression qu'Emmanuel Macron renâcle à vieillir, et souhaite continuer à profiter de son (ancien) statut de jeune premier.

Le retour du « tragique » en Europe, comme il aime le rappeler à longueur d'interviews, ne lui permet guère de retrouver son insouciance des origines. En pleine canicule, son interview du 14 juillet est apparue sans souffle. La forme était peut-être ratée, mais comment faire autrement quand pour seul projet le président se retrouve à dire aux Français : préparez- vous, vous allez en baver dans les prochains mois. Fini le temps du « quoi qu'il en coûte » pour les entreprises, petites et grandes, mais fini également le temps de « l'État providence ». Emmanuel Macron prévient : il souhaite aboutir à une « réforme » des retraites d'ici à 2023 et est décidé à approfondir la transformation de l'assurance chômage pour durcir encore les conditions d'indemnisations des chômeurs. Deux dossiers où il va pourtant rencontrer une vive opposition des syndicats bien décidés à en découdre à la rentrée. Ironie du sort : dans les jours qui ont précédé ces annonces, le magazine Challenges a publié son traditionnel numéro des 500 plus grosses fortunes de France dans lequel on peu découvrir une partie de leur patrimoine immobilier.

En ce mois de juillet où les aéroports se retrouvent totalement désorganisés, et où les manifestations se multiplient dans le monde entier (aux Pays Bas et en Italie notamment), il ne faudrait pas grand chose pour que le chef de guerre Macron se retrouve avec un blocage majeur du pays, du fait d'une population essorée par deux ans de contrôle sanitaire sur le Covid et particulièrement angoissée par l'inflation.

Sobriété énergétique

Et ce n'est pas les paroles présidentielles de ce 14 juillet qui auront permis aux téléspectateurs de se rassurer. Au delà des dossiers sociaux, le président a prévenu que la guerre en Ukraine était partie pour... durer, et qu'il fallait également que le pays se prépare à se passer de gaz russe. Sur ce terrain de l'énergie, Macron en a appelé à la responsabilité de tous pour tendre vers la « sobriété ». Après le choc pétrolier de 1973, le choc gazier de 2022 ? Les Français se demandent surtout pourquoi on en est arrivé à une telle extrémité en moins de deux ans, et pourquoi nos responsables politiques comme économiques n'ont rien anticipé. Manifestement les postures martiales et le logiciel des « réformes » sociales ne suffiront pas à régler toutes ces questions cruciales dans les prochains mois. Pour le général en chef Macron, c'est donc l'alerte rouge.

Marc Endeweld
Commentaires 12
à écrit le 16/07/2022 à 19:38
Signaler
Le chef de guerre qui dit "venez me chercher" mais qui se défile derrière un mur policier tel un petit garçon turbulent se dissimulant derrière la maîtresse d'école après avoir agressé un autre enfant dans la cour de récréation...

à écrit le 16/07/2022 à 17:41
Signaler
Bonjour, Avant de vouloir être le justicier du monde libre ... Ils feraient mieux de protéger la population française... Cette semaine 6morts massacré a l'arme blanche... Dire que cela est de la faute des étrangers n'est pas faut... Les 3 victimes...

à écrit le 16/07/2022 à 12:29
Signaler
Encore un bon papier ne servant pas la soupe inutilement, fait de lucidité et d'objectivité. Ce Marc Endeweld ira loin.

à écrit le 16/07/2022 à 12:08
Signaler
L'habit ne fait pas le moine comme on dit. On a tous en mémoire sa course après Biden au G7 et le reportage sur France2 qui dévoile qu'il a renié les accords de Minsk 2 qu'il était sensé garantir en notre nom. Macron, le parjure qui a précipité la gu...

à écrit le 16/07/2022 à 10:23
Signaler
Pauvre petit bonhomme imbu de sa petite personne, il a pris une déculottée aux législatives et s'il persiste et signe d'être à la tête d'une oligarchie et non d'une démocratie avec un parlement qui entend jouer son rôle de régulateur de ses ambitions...

à écrit le 15/07/2022 à 16:06
Signaler
nous risquons de souffrir mais lui aussi sous une autre forme le parlement et les syndicats vont lui mener la vie tres dure de meme qu'a son premier ministre nuits agitees garanties heureusement il existe de bons antidepresseurs ceci dit les gros ...

à écrit le 15/07/2022 à 12:05
Signaler
Macron a du mal à réaliser que son pouvoir s’est amoindri et qu’il est maintenant à la merci du Parlement ! Pour la démocratie c’est très bien, par contre l’homme n’a sans doute pas le talent politique pour conduire le Pays dans cette configuration p...

à écrit le 15/07/2022 à 10:51
Signaler
C'est vrai qu'il est plus apte a nous mettre en conflit qu'a péréniser la Paix!

à écrit le 15/07/2022 à 10:49
Signaler
Emmanuel Macron, c'est "l'extrême centre", des gens qui se disent centristes, mais qui sont tellement radicalisés dans leurs opinions, qu'ils en deviennent extrémistes. Il n'y a qu'à voir leur jusqu'auboutisme à propos de l'épidémie du Covid-19, ça a...

le 16/07/2022 à 18:01
Signaler
C’est vrai que la Chine gère bien mieux……….Ça ne vous donne pas envie?

à écrit le 15/07/2022 à 10:37
Signaler
Pafo, l'armée Française et autres forces de l'ordre à la botte du pouvoir recrute de plus en plus d'ethnie différentes, ces derniers ne partagent pas grand chose avec les autochtones, ils n'auront aucun mal à respecter les ordres bien rémunérés.

à écrit le 15/07/2022 à 9:59
Signaler
C'est étonnant que la France ne soit pas attractive pour les investisseurs français, alors qu'elle le serait pour les étrangers. L'investissement étranger sert seulement à imposer aux salariés français de nouvelles normes sociales dictées par la fina...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.