Lundi, à l'occasion d'une visite dans une école de Melun, Emmanuel Macron a esquissé devant des écoliers, des journalistes et des badauds ses pistes pour une réouverture par étapes à partir du 3 mai. Mardi à 17h30, le chef de l'Etat s'est entretenu, comme en mars et à la mi-avril, avec une dizaine de maire en visioconférence sur la gestion de la crise sanitaire, la stratégie vaccinale, les perspectives de réouvertures et le plan de relance. Cela à quelques jours d'une prise de parole du chef de l'État très attendue et prévue avant le 5 mai, sur la levée de certaines restrictions et les modalités de réouverture des terrasses de cafés et restaurants, des lieux de culture, des commerces dits non essentiels...
Mais si la France entrevoit donc un début d'allègement des autres contraintes sanitaires en mai, l'exécutif reste prudent face à un ralentissement fragile de l'épidémie de Covid-19, à l'image de cette phrase du président lundi à Melun :
"Y aller tout doucement pour éviter que ça reparte."
Après les écoles primaires lundi 26, la levée progressive des restrictions doit se poursuivre la semaine prochaine avec la réouverture des collèges et des lycées, avec des jauges d'élèves, et la fin de l'interdiction des déplacements entre régions ou des limites à 10 ou 30 km.
Pour les restaurants, fermés depuis six mois, rien n'est encore décidé
La suite est encore floue et se dessine par étapes jusqu'à la fin juin, notamment pour les restaurants fermés depuis six mois, en fonction "des résultats (sanitaires) qu'on aura obtenus", a prévenu le chef de l'Etat. Emmanuel Macron, qui devrait dresser un calendrier plus précis avant le 5 mai, s'est entretenu mardi soir avec une dizaine de maires.
L'exécutif a réitéré plusieurs fois l'objectif de réouverture de terrasses et d'accueil du public pour certains lieux culturels et une partie des commerces à la mi-mai, comme c'est déjà le cas dans plusieurs autres pays européens. Il a aussi évoqué l'hypothèse de reculer le couvre-feu.
30.000 cas et 338 décès par jour, la situation sanitaire reste très tendue
Dans l'immédiat, Santé publique France comptabilise encore environ 30.000 cas positifs par jour et l'heure n'est pas à la décrue dans les indicateurs hospitaliers.
Mardi, 338 nouveaux décès de malades du Covid-19 ont été comptabilisés dans les hôpitaux, portant le bilan à 103.632 morts depuis le début de l'épidémie. Avec près de 5.950 malades du Covid en réanimation, le niveau d'occupation hospitalière reste élevé, obligeant les hôpitaux à déprogrammer des soins moins urgents.
Les projections de l'équipe de modélisation de l'Institut Pasteur anticipent "une baisse des admissions à l'hôpital, même si certains modèles individuels prévoient plutôt un plateau". Mardi, on comptait 30.281 malades du Covid hospitalisés.
Vaccination: le taux de couverture reste insuffisant
Mais "une remontée importante des hospitalisations pourrait être observée en cas de levée trop rapide des mesures de freinage le 15 mai, même sous des hypothèses optimistes concernant le rythme de vaccination", ajoute l'Unité de modélisation mathématique des maladies infectieuses de l'Institut, dans une note diffusée mardi.
Si la France a dépassé mardi la barre symbolique des 20 millions d'injections (première et deuxième doses), le taux de couverture reste insuffisant pour envisager une sortie de la crise sanitaire: près de 28% de la population majeure a reçu une première dose de vaccin, et 11% de cette population était vaccinée avec deux doses.
Des vaccinodromes qui ne vaccinent pas assez
Alors que la campagne est ouverte aux plus de 55 ans avec certains vaccins, certains grands centres de vaccination, comme le Stade de France, éprouvent désormais des difficultés à remplir tous les créneaux de rendez-vous. Un constat partagé par le ministre de la Santé Olivier Véran, qui a néanmoins semblé exclure pour le moment une ouverture plus rapide à des catégories d'âge plus jeunes.
Pfizer/BioNTech: les millions de doses supplémentaires commencent à arriver
Le gouvernement a aussi annoncé dans la soirée avoir reçu la première partie des près de 7,5 millions de doses supplémentaires du vaccin Pfizer-BioNTech contre le Covid-19 dont elle va bénéficier au cours du deuxième trimestre. Leur livraison s'échelonnera jusqu'à fin juin.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé le 14 avril dernier que l'UE recevrait au total 50 millions de doses supplémentaires de ce vaccin au cours du deuxième trimestre grâce à une accélération des livraisons par le groupe pharmaceutique américain.
"Parmi ces doses supplémentaires, près de 7,5 millions vont bénéficier à la France. Leur livraison, qui débute ce jour sur le territoire, s'échelonnera jusqu'à la fin du mois de juin", a précisé le Premier ministre dans un communiqué.
Brusque poussée des variants brésilien et sud-africain en Île-de-France
La question de la circulation des variants inquiète toujours. La part des variants brésilien et sud-africain, redoutés pour leur plus grande contagiosité et suspectés de mieux résister aux vaccins, reste très minoritaire en France (4,2% de suspicion de ces variants dans les nouveaux cas), mais leur part a brusquement augmenté en Ile-de-France, passant de 6% à 9% en quelques jours. Mais "aucun cas de variant d'origine indienne" n'a été détecté "en France métropolitaine" a confirmé Olivier Véran.
(avec AFP et Reuters)