En France, la hausse des taux pèse sur 30% des entreprises

La remontée des taux d'intérêt par la Banque centrale européenne (BCE) a durci les conditions financières partout sur le Vieux continent. En France, 91% des dirigeants interrogés dans le cadre de la Grande consultation des entrepreneurs (GCE) pour CCI France, La Tribune et LCI affirment que cette hausse a déjà eu des répercussions sur l'économie française.
Grégoire Normand
Dans le BTP et la construction
Dans le BTP et la construction (Crédits : Reuters)

La fin de « l'argent gratuit » fait grandir les craintes en Europe. Après plusieurs années de politique monétaire accommodante, les banques centrales partout dans le monde ont frappé un grand coup en augmentant brutalement leur taux d'intérêt depuis le printemps 2022. Un an après, l'inflation a commencé à refluer mais reste à un niveau élevé. En France, l'indice des prix à la consommation devrait atteindre 5,4% en juin selon le dernier point de conjoncture de l'Insee. Surtout, les prix alimentaires (15%) continuent de pousser l'inflation vers des sommets.

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Dans ce contexte brûlant, l'inquiétude monte en flèche dans les milieux dirigeants. Selon le dernier baromètre de la dernière Grande consultation des entrepreneurs (CGE) dévoilé ce mardi 30 mai, 29% des patrons interrogés affirment que la remontée des taux a eu des répercussions sur leur entreprise. Et sur le plan macroéconomique, 91% déclarent que ce durcissement a des incidences sur la croissance tricolore. 31% disent même que cette remontée des taux a « des conséquences très importantes ».

Et les derniers indicateurs conjoncturels rendus publics par l'Insee confirment cette appréhension. « La situation conjoncturelle apparaît moins résistante et plus hésitante que les mois précédents : l'indicateur de climat des affaires diminue de nouveau et rejoint sa moyenne de longue période [...] Tous les secteurs enquêtés (industrie, bâtiment, services, commerce de gros et de détail) contribuent à cette détérioration », a déclaré le chef du département de la conjoncture à l'Insee Julien Pouget sur Linkedin. En zone euro, la croissance a quasiment fait du surplace au premier trimestre (+0,1%).

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Les craintes grandissent dans la construction et les petites entreprises

Trois ans après l'onde de choc de la pandémie mondiale, les craintes se propagent toujours dans les entreprises. Dans le détail, les dirigeants (41%) dans la construction sont particulièrement inquiets. Depuis quelques années, le secteur est particulièrement exposé aux difficultés.

Entre les problèmes d'approvisionnement, les pénuries et l'envolée des prix des matériaux, les entreprises de la construction accumulent les déboires. Dans l'industrie et le commerce, 31% des patrons sont particulièrement angoissés face à l'impact de la hausse des taux d'intérêt. Enfin, les services (26%) semblent moins affectés que les autres secteurs.

Par taille d'entreprise, ce sont surtout les petites structures de moins de 50 salariés qui sont inquiètes (48%). Viennent ensuite les établissements de moins de 10 salariés (40%). Dans les entreprises de plus de 50 employés (34%), le sentiment d'anxiété est moins répandu.

Les entreprises envisagent de moins investir

Sans surprise, le durcissement de l'accès aux crédits va peser sur les décisions d'investissement des entreprises. 17% des dirigeants interrogés affirment qu'ils ont renoncé à investir ou qu'ils ont moins investi. Dans les récentes enquêtes de conjoncture, les économistes notent un coup de frein des projets d'investissement en France en 2023 compte tenu des perspectives dégradées.

En revanche, la remontée des taux ne semble pas avoir beaucoup d'incidence sur les recrutements. Seuls 5% des répondants ont affirmé qu'ils avaient renoncé à recruter ou songer à moins embaucher. Les créations de postes continuent de progresser au cours du premier trimestre en France mais à un rythme moindre qu'en 2022. La Banque de France et l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) tablent désormais sur une hausse du chômage à la fin de l'année.

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Regain d'optimisme dans les entreprises

Après avoir atteint un creux en fin d'année 2022, l'indicateur qui prend en compte les questions de confiance à l'égard de l'économie continue de remonter pour s'établir à 81 points en mai (+7 points par rapport à avril). Mais il est encore loin d'avoir retrouvé sa moyenne de long terme (100). Parmi les dirigeants interrogés, 39% considèrent que « c'est très bien en ce moment » (+6 points par rapport à avril).

En revanche, la proportion d'entrepreneurs (20%) optimistes pour l'avenir est en léger repli par rapport à avril (-2 points). Le prolongement de l'inflation au moins jusqu'en juin et la croissance faible ont assombri les perspectives pour nombre d'entreprises.

(*) Etude réalisée auprès d'un échantillon de 1.016 dirigeants. L'échantillon a été interrogé par téléphone du 9 au 17 mai 2023. La représentativité de l'échantillon a été assurée par redressement en fonction du secteur et de la taille des entreprises.

Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 30/05/2023 à 9:35
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Les dirigeants d'entreprises ont trouvé une nouvelle excuse après les charges sociales , les taux d'intérêt et quoi plus ? ferait bien de regarder du côté du train de vie de leurs entreprises et de jeter un œil sur leurs comptes d'exploitation ils y...

le 30/05/2023 à 10:44
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Donnez nous des pistes d'économie si vous en connaissez ce serait plus constructif.

le 30/05/2023 à 14:45
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@marc469. C'est très simple pour les entreprises cotées - après dilution des excédents de trésorerie en rachats d'actions propres - il leur reste les licenciements.

à écrit le 30/05/2023 à 8:45
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Nous y voilà ,il fallait bien être crédule ou aveugle pour ne pas savoir qu'il allait bien payer la facture .Le gouvernement avait bien occulté avec l'argent facile. Hé bien le contribuable va encore passer à la caisse. Bande d'incaples !!!!

à écrit le 30/05/2023 à 7:59
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"l'argent gratuit" Encore une définition totalement erronée puisque ça n'existe pas, puisqu'il faut le rembourser, passée de la propagande des médias de masse au langage courant, quoi que je ne l'entends pas de la bouche des gens, forcément ça coince...

à écrit le 30/05/2023 à 6:11
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Personne pour poser la question de savoir pourquoi il y a eu cet argent gratuit depuis 2020 ?

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