Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron promet qu'il ne passera pas « en force » la loi électorale

Emmanuel Macron a appelé jeudi au début de sa visite en Nouvelle-Calédonie à un « apaisement constructif » et à la recherche d'une « solution » politique, mais sans revenir sur le résultat des trois référendums qui ont acté le maintien du territoire ultramarin dans la République.
Emmanuel Macron a annoncé que les quelque 3.000 membres des forces de sécurité déployés en Nouvelle-Calédonie resteraient « aussi longtemps que nécessaire » - Photo d'illustration.
Emmanuel Macron a annoncé que les quelque 3.000 membres des forces de sécurité déployés en Nouvelle-Calédonie resteraient « aussi longtemps que nécessaire » - Photo d'illustration. (Crédits : LUDOVIC MARIN)

[Article publié le 23 mai 2024 à 7h50, mis à jour à 15h56] Emmanuel Macron veut renouer le dialogue avec les indépendantistes. Après les représentants loyalistes, le président a rencontré ce jeudi à la nuit tombée les chefs de file des partis indépendantistes après plus d'une semaine d'émeutes et d'impasse politique.

Lors de cette réunion, le chef de l'Etat a notamment affirmé qu'il n'y aurait pas de passage « en force » de la loi électorale, et qu'il se laisserait « quelques semaines » de plus pour négocier avec un point d'étape « d'ici un mois » sur l'avenir institutionnel. Dans le même temps, il a demandé une levée des barrages « dans les heures qui viennent » pour lever l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie et promit une « aide d'urgence » après des dommages « colossaux » en Nouvelle-Calédonie.

A côté du chef de l'Etat, toutes les composantes des partis indépendantistes de la Nouvelle-Calédonie étaient au rendez-vous, selon la liste de la délégation diffusée par l'Elysée. Sont notamment autour de la table, plusieurs dirigeants du premier parti indépendantiste de l'archipel, l'Union calédonienne (UC), dont le président du Congrès calédonien Roch Wamytan, ainsi que des cadres du parti Palika dont son porte-parole Jean-Pierre Djaïwé. Assigné à résidence, Christian Tein, membre de l'UC et chef de file de la CCAT, collectif indépendantiste qui organise la contestation, est aussi présent.

Le chef de l'Etat a auparavant rencontré les non-indépendantistes, dont Sonia Backès, cheffe de file de la branche radicale des loyalistes, et Philippe Dunoyer, figure de Calédonie Ensemble.

Macron promet des « décisions »

Emmanuel Macron n'a pas donné la date de son départ après son arrivée jeudi matin en Nouvelle-Calédonie. Il assure n'avoir « pas de limites » de temps sur place et promet des « décisions ». A ses côtés, les ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Armées) et Marie Guévenoux (Outre-mer).

À Nouméa, le chef de l'Etat a ouvert une première réunion, avec des élus locaux et des acteurs de la vie économique, par une minute de silence en hommage aux six morts de ces derniers jours. Il a annoncé que les quelque 3.000 membres des forces de sécurité déployés en Nouvelle-Calédonie face aux émeutes resteraient « aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques et paralympiques » de Paris qui prennent fin début septembre. Alors que le gouvernement a instauré sur ce territoire aux antipodes de l'Hexagone l'état d'urgence, le président s'est dit plutôt défavorable à une prolongation au-delà de la date limite de lundi, qui nécessiterait une loi.

« Je pense pour ma part que cet état d'urgence ne devrait pas être prolongé », « parce que je crois profondément que le dialogue est nécessaire », s'est exprimé Emmanuel Macron. Mais « il ne sera levé très clairement que si chacun en sa responsabilité appelle à lever les barrages, ce qui, au moment où je parle, n'est toujours pas le cas avec cette clarté », a-t-il lancé en présence d'élus indépendantistes comme non-indépendantistes.

Ce jeudi, il a évoqué un « mouvement d'insurrection absolument inédit » qui secoue la Nouvelle-Calédonie depuis la mi-mai. « Personne ne l'avait vu venir avec ce niveau d'organisation et de violence », a ajouté le chef de l'Etat en visite dans un commissariat du centre de Nouméa, saluant « le sang-froid » et « le professionnalisme » des policiers et des gendarmes déployés sur le terrain. « On ira jusqu'au bout, les jours et les semaines qui viennent seront encore difficiles », a-t-il ajouté.

« Retrouver le calme »

Côté indépendantistes, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Louis Mapou, et celui du Congrès, Roch Wamytan, étaient présents, ainsi que celui de l'assemblée de la province des îles Loyauté, Jacques Lalié. Devant eux, Emmanuel Macron a rappelé avoir proposé l'été dernier ici même « deux chemins », celui du « pardon » et celui de « l'avenir » pour tourner la page des accords de Nouméa et des trois référendums, même si l'issue du dernier est contestée par les indépendantistes.

 « Il nous faut reprendre dans l'intégralité les choses et voir aussi comment trouver ce que j'appellerais l'apaisement constructif, c'est-à-dire retrouver le calme, la capacité de trouver du dialogue, une solution », a-t-il déclaré.

« Mais l'apaisement ne peut pas être le retour en arrière. L'apaisement ne peut pas être de ne pas respecter l'expression populaire qui s'est déjà jouée. L'apaisement ne peut être de nier en quelque sorte un chemin qui a déjà été fait », a poursuivi le chef de l'Etat devant des élus et représentants des forces vives de l'archipel. « Néanmoins, nous devons remettre toutes les parties prenantes autour de la table », a-t-il plaidé.

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Pas d'annonces sur la réforme constitutionnelle

Le président n'a néanmoins pas dit s'il était prêt à repousser le vote définitif du Congrès prévu fin juin pour valider une réforme du corps électoral local, dont le vote par députés et sénateurs a mis le feu aux poudres. Un vote qui doit avoir lieu si aucun accord n'est trouvé d'ici là par les différents camps. De nombreuses voix, jusque dans la majorité, s'élèvent pour inviter le chef de l'Etat à reporter le Congrès « Sinon c'est le pire qui est certain », redoute le député (Renaissance) Philippe Dunoyer.

Emmanuel Macron a par ailleurs déploré des épisodes de « racisme » dans « l'accès à l'alimentation » et souligné « la grande détresse de beaucoup de nos compatriotes sur les questions d'accès aux soins ».

« Un coup de poker »

Cette visite est largement commentée par les responsables politiques. « C'est un coup de poker comme au Salon de l'agriculture » en février où sa visite avait été houleuse, en pleine révolte du monde agricole, résume un député du parti présidentiel Renaissance.  « Il enlève tous les fusibles. C'est quitte ou double (...) C'est un pari », renchérit un conseiller ministériel. Dans le camp macroniste, on mise sur la visite du chef de l'Etat pour débloquer la situation et on estime que la crise pourrait servir d'électrochoc pour avancer sur l'évolution du statut institutionnel de l'île. « Il faut que le président revienne avec des perspectives de solution » a soutenu ce matin sur RTL, Gérard Larcher, le président du Sénat.

Du côté de l'opposition, la circonspection reste de mise. « Après l'intégralité des erreurs qui ont été commises par le gouvernement, je ne voyais pas d'autres solutions que de mettre en œuvre ce déplacement », mais « ça ne va pas être simple », a estimé sur CNews/Europe 1 Marine Le Pen. Très impliqué dans le dossier calédonien durant son passage à Matignon (2017-2020), Edouard Philippe, qui ne cache pas ses ambitions pour 2027, espère de la part du chef de l'Etat des annonces « à la hauteur ».

(Avec AFP)

Commentaires 21
à écrit le 23/05/2024 à 19:10
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Toutes les conséquences de ces co****ies vont nous coûter un bras sur le plan du déficit budgétaire. Ensuite notre génie en lévitation viendra encore nous servir la soupe en nous assurant qu'il n'y a "aucun dérapage budgétaire". Au secours!!!🙈

à écrit le 23/05/2024 à 16:32
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"Edouard Philippe, qui ne cache pas ses ambitions pour 2027" Il est même capable de gagner si il atteint le deuxieme tour notre edouard ,car,on sait maintenant depuis deux presidentielles que toutes les oppositions ,syndicats etc..appeleront à vot...

le 23/05/2024 à 17:25
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En plus il connait bien l'industrie ce garçon, en particulier le nucléaire. Il a été directeur des affaires publiques d'Areva entre 2007 et 2010. La vérité pour l'affaire Uramin pour laquelle deux instructions judiciaires furent ouvertes.

à écrit le 23/05/2024 à 16:25
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"et promit une « aide d'urgence » après des dommages « colossaux » en Nouvelle-Calédonie." Tant mieux car, après presque un an ,le batiment de la police municipale pres de chez moi et qui a cramé n'est toujours pas reconstruit.

à écrit le 23/05/2024 à 16:18
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[ Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron promet qu'il ne passera pas "en force" la loi électorale" ] Que valent les promesses d'un mythomane professionnel? (cf. RSA jeune) Comme d'habitude l'empire colonial français cherche à acheter les leader...

à écrit le 23/05/2024 à 16:09
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Comme à son habitude il fonce tête baissée puis réfléchi devant les évènements conflictuels qu'il a créé. Il pense qu'il est l'homme providentiel alors qu'il celui qui sème pagaille et troubles

à écrit le 23/05/2024 à 16:09
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Comme d'habitude, il dit une chose puis son contraire. Comme sur la Société Générale très récemment. Le flou du "en même temps ", cette remise à l'honneur des girouettes "radicales" des Troisième et Quatrième République. Et "quand c'est flou, il y a...

à écrit le 23/05/2024 à 15:37
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Il ne fera que distribuer de l'argent qu'il ne lui appartient pas. Comme d'habitude.

à écrit le 23/05/2024 à 14:43
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C'est bien dans la logique de ce pouvoir : pour régler le problème il va simplement donner raison aux plus grincheux, aux plus violents. La France est le ventre mou de l'Occident. Les morceaux de France sont à vendre...non à donner.

à écrit le 23/05/2024 à 13:48
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McKron négocie en faveur de l'indépendance sur ordre de la coalition de Bruxelles, car les outre-mers ne peuvent se dire européen si la France est dissoute dans l'UE !

le 23/05/2024 à 14:53
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L'indépendance va dans le sens de l'Histoire .... l'avenir s' écrira sous d'autres formes .

à écrit le 23/05/2024 à 11:56
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Qu'est ce que cela serait, s'il ne faisait pas de promesses, il aurait pu les faire depuis son lieu de vacances, ou au dessus de son bunker à l'Elysée !

le 23/05/2024 à 13:31
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bizare Mme von der leyen n'est pas du voyage fait elle de la visio conferences

le 23/05/2024 à 15:38
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@ludwig Klaus Schwab, le fondateur et patron du WEF (Forum économique mondial ou Forum de Davos), passe la main à 86 ans, a annoncé l'organisation mardi 21 mai.

à écrit le 23/05/2024 à 11:13
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Les anciens se souviennent peut être du " je vous ai compris " de De Gaulle à Alger ...même si l'Histoire ne repasse pas le plat cela peu donner une idée de la suite !!!

à écrit le 23/05/2024 à 11:11
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La République, la Nation, ce n’est pas « à la carte », prenant ce que l’on veut et rejetant le reste. C’est du tout ou rien, car aucun métropolitain ne veut financer des personnes qui rejettent la Nation! Perso, je doute de l’aspect stratégique pour ...

le 23/05/2024 à 12:01
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Le problème c'est que la France doit se dissoudre dans l'UE et donc ils ne peuvent plus être français et encore moins européens !:-)

à écrit le 23/05/2024 à 9:52
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Quelle blague aucun courage

à écrit le 23/05/2024 à 9:25
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Pourquoi "décisions" !? "Je promets !" suffisait du coup hein ! ^^

à écrit le 23/05/2024 à 9:22
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Toujours des promesses qui n'engagent que ceux qui y croient !

le 23/05/2024 à 9:24
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Enfin là quand même c'est se moquer ouvertement du monde. ^^

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