L'horizon budgétaire de la crise va-t-il enfin se dégager ? Le gouvernement a présenté ce vendredi matin son projet de loi de finances rectificative pour l'année 2021 (PLFR) de 20 milliards d'euros supplémentaires devant les députés de l'Assemblée nationale. Ce collectif budgétaire vise avant tout à éviter une catastrophe économique au moment où la réouverture de l'économie s'amorce. Près d'un an et demi après l'arrivée du virus sur le territoire européen, beaucoup de secteurs restent profondément meurtris par les effets néfastes des multiples vagues épidémiques. Si le gouvernement ne cesse de répéter que l'économie repart "fort", beaucoup d'aléas et risques planent toujours au dessus de nombreux secteurs. Avec ce premier budget rectificatif en 2021- quatre PLFR avaient été adoptés l'année dernière, l'exécutif joue la carte de la prudence en attendant un tour de vis à la fin de l'été. Au total, plus de 400 amendements ont été déposés par les parlementaires.
"Nous sortons du "quoi qu'il en coûte". Nous devons encore accompagner certains secteurs mais notre ambition est un retour à la normale. L'objectif de ce budget est d'accompagner globalement notre économie et certains secteurs en particulier vers le retour à la normale. Les indicateurs montrent que nous sommes dans la bonne voie. La croissance est de retour et la consommation est de retour depuis la réouverture. Nous tablons donc sur une croissance de 5% et on anticipe un retour au niveau pré-crise au premier trimestre 2022", a clamé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire devant les élus.
15,5 milliards d'euros de mesures d'urgence supplémentaires
La dégradation de la situation sanitaire entre janvier et avril et le renforcement des mesures prophylactiques ont obligé le gouvernement a revoir sa copie budgétaire. Ce texte législatif prolonge un arsenal de mesures d'urgence jusqu'à la fin du mois d'août. Parmi les leviers présentés, l'activité partielle représente l'enveloppe la plus importante avec 6,4 milliards d'euros en plus. Ce dispositif qui avait fait ses preuves en Allemagne après la crise de 2008 a été largement utilisé en France au mois d'avril notamment lors du troisième confinement.
L'exécutif a cependant précisé que la prise en charge par l'Etat et l'Unedic serait dégressive. La compensation des exonérations de cotisations sociales représente le second poste le plus important de ce collectif budgétaire (4 milliards d'euros). En assurant cette compensation, l'Etat assume une grande partie des cotisations sociales patronales prélevée par les Urssaf. Enfin, le gouvernement a prévu de gonfler l'enveloppe du fonds de solidarité de 3,4 milliards d'euros. Là encore, ce dispositif d'abord destiné aux indépendants, a été élargi à des entreprises de plus grande taille à mesure que la crise se prolongeait. De plus, face aux conséquences de la pandémie sur les plus démunis, 700 millions d'euros pour l'hébergement d'urgence ont été inscrits dans l'ouverture des crédits. Par ailleurs, l'Etat doit venir en aide aux agriculteurs après les épisodes de gel du printemps pour un montant de 400 millions d'euros.
Vers la fin du "quoi qu'il en coûte" ?
La doctrine du "quoi qu'il en coûte" annoncée par le chef de l'Etat Emmanuel Macron au printemps 2020 pourrait bien prendre fin. La hausse de la dette et des déficits ont dominé les débats dans l'hémicycle ce vendredi matin. Le déficit pourrait atteindre -9,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2021 contre -8,5% en loi de finances initiale (LFI). La dette de son côté devrait frôler les 117% du PIB. "Le rétablissement des finances publiques fait partie de l'ADN de cette majorité. Cela ne passera pas une hausse des impôts", a déclaré Bruno Le Maire.
La commission d'experts présidée par l'ancien ministre de l'Economie Jean Arthuis sur l'avenir des finances publiques et la dette a préconisé la mise en place d'une règle d'or. En parallèle, un resserrement trop rapide des aides pourrait venir freiner la reprise économique déjà mise à mal au cours du premier semestre par la multiplication des variants. L'accélération de la vaccination ces dernières semaines a insufflé un vent d'optimisme dans les milieux économiques mais des vagues de faillites et de licenciements pourraient largement fragiliser le tissu productif et le potentiel de croissance.