Face aux crises, les aides de l'Etat pour l'agriculture ont explosé en 10 ans

Alors que le mal-être des agriculteurs français s'exprime au grand jour depuis le début de l'année, une étude de l'Institut de l'économie pour le climat montre que le soutien d'Etat a bondi depuis trois ans. Une dépense publique massive qui inquiète « dans un contexte budgétaire contraint » et alors que les crises climatiques ou géopolitiques risquent de « s’intensifier dans les prochaines années », avertissent les auteurs du rapport.
En 2022, les aides de crise pour le secteur agricole ont dépassé les 2 milliards d'euros, soit 40% du budget prévisionnel du ministère de l'Agriculture.
En 2022, les aides de crise pour le secteur agricole ont dépassé les 2 milliards d'euros, soit 40% du budget prévisionnel du ministère de l'Agriculture. (Crédits : Reuters)

Grippe aviaire, crise du Covid, guerre en Ukraine, aléas climatiques... Jamais les fléaux extérieurs subis par les exploitations françaises n'ont été aussi nombreux. En conséquence de ces catastrophes imprévues pour les agriculteurs, l'Etat français a dépensé toujours plus d'argent public ces dix dernières années, comme le montre l'étude de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), la première du genre.

Ainsi, entre 2013 et 2022, les aides versées aux agriculteurs français en cas de crises climatiques, sanitaires ou globales ont littéralement bondi. Sur la dernière année de l'étude, elles ont même dépassé les 2 milliards d'euros, soit 40% du budget prévisionnel du ministère de l'Agriculture, affirme ce rapport « commandé à l'automne 2023 » et qui se présente donc comme décorrélé de la crise qui agite le monde agricole français.

Or, toujours selon cet institut présidé par l'économiste Jean Pisani-Ferry, en plus de ne pas être « satisfaisantes », ces aides de crise ne seraient pas efficaces. « Les aides ne rendent pas les exploitations plus robustes (...) et ces aides se font au détriment d'autres choses », pointe cet institut créé à l'initiative de deux entités publiques, la Caisse des Dépôts et l'Agence Française de Développement.

Les dépenses de prévention ont triplé en 10 ans

Ainsi, lorsque les aides augmentent « tout le monde est perdant » : « La puissance publique, qui dépense davantage (...) et les agriculteurs, qui préfèreraient vivre du fruit de leur travail et ne pas le voir parfois entièrement perdu », estime I4CE.

Ce document de 20 pages, qui analyse « le système de gestion du risque agricole », est surtout là pour « poser la question de l'équilibre des dépenses publiques et des enjeux de la transition écologique ». Le tout, « dans un contexte budgétaire contraint ». Par exemple, lorsque des fonctionnaires sont dédiés à la gestion de crises agricoles, ils ne le sont plus pour la transition écologique, pointent les auteurs dont les estimations se basent sur les données publiques essentiellement du ministère de l'Agriculture et celles de l'Union européenne.

Dans le détail, les dépenses d'indemnisations et de gestion des crises sont restées limitées jusqu'en 2015, ne dépassant pas 100 millions d'euros, et ont ensuite été comprises entre 200 et 500 millions par an de 2016 à 2020.

Mais elles ont ensuite explosé en 2021 (environ 1 milliard) et en 2022 (2,1 milliards), selon l'étude publiée jeudi.

« Les dépenses de prévention et de surveillance ont triplé en 10 ans », notamment via la mise en place d'une fiscalité avantageuse pour les agriculteurs, expliquent les chercheurs.

Des pistes pour limiter la dépense publique

Pour expliquer cette progression, l'institut évoque « l'intensité croissante des aléas », « le montant croissant des pertes économiques provoquées par un même aléa » et « la part croissante du public dans la couverture des pertes », note l'institut qui veut aider à identifier les « risques majeurs assurables » et les « non assurables ».

Autres solutions prônées, une réforme de l'assurance-récolte, l'adaptation du modèle agricole au changement climatique et, plus globalement, « poser la question du financement du modèle agricole ».

Ce soutien massif de l'Etat est une particularité de la France. Au niveau européen, la tendance est à la réduction des soutiens. Selon la fondation Farm, le soutien total à l'agriculture et l'alimentation des pays de l'UE a en effet fortement diminué depuis le début du millénaire, passant de 41% de la valeur de production agricole en 2000-2002 à 25% en 2019-2021.

Le budget agricole de la France s'élève, lui, à 15 milliards d'euros par an, a détaillé jeudi au Salon de l'agriculture l'économiste de l'Inrae Hervé Guyomard: 6 milliards sont pris en charge par Paris, principalement sous la forme d'avantages fiscaux et de réduction de cotisation sociales, et 9 milliards sont versés par la Politique agricole commune (PAC) de l'UE.

Commentaires 20
à écrit le 01/03/2024 à 17:06
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"les aides de l’État pour l'agriculture ont explosé en 10 ans" Sans oublier les aides de la PAC sur 10 ans ce qui fait environ 60 milliards.

à écrit le 01/03/2024 à 16:36
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En parlant de mal-être : 60 000 euros d’amende dont 20 000 avec sursis, un an d’interdiction de détenir des animaux. Tel a été le verdict délivré par le tribunal de Brest à l’encontre de deux exploitants porcins. Les peines appliquées contre ces d...

à écrit le 01/03/2024 à 12:06
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Et se plaindre de la concurrence déloyale de l'étranger..... les agriculteurs français deviennent de plus en plus invraisemblables.

à écrit le 01/03/2024 à 9:13
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Assurances obligatoires et pas d'argent de l'état pour les calamités : c'est un risque professionnel !

le 01/03/2024 à 9:22
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ce n'est pas en faisant des pansement ou en colmatant les brèches que le pays sortira de la crise c'est les personnes au pouvoir qu'il faut changer tous est a changer meme quand la crise est mondial ou européenne la france Install ces mesurette ...

le 01/03/2024 à 10:55
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L'indemnisation des calamités agricoles se fait par un fond alimenté par une taxe sur les contrats d'assurances agricoles incendie et responsabilité civile agricoles .

à écrit le 01/03/2024 à 9:11
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Si pas rentable sans aides changer de métier.

le 01/03/2024 à 11:00
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Et vous aurez 80% des terres cultivables et prairies en friche , 500.000 chômeurs de plus en incluant les répercussions sur l'économie locale ( coopératives, marchands de matériel etc.. ) et des importations de produits alimentaires en forte hausse !...

le 01/03/2024 à 15:07
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au moins le bail rural volera en éclats et nous, petits propriétaires, pourront récupérer nos terres quasiment confisquées par les cultivateurs

à écrit le 01/03/2024 à 9:02
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Les agriculteurs et autres professions qui quémandent en permanence des aides auprès de l'Etat, Il faut que l'on rétablisse fiscalement " Les signes extérieurs de richesse "". On constatera alors que l'on indemnise beaucoup de NANTIS.

le 01/03/2024 à 11:03
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Nantis parmi lesquels le prince de Monaco à la tête de terres agricoles , et nos grandes fortunes nationales qui investissent massivement dans des propriétés agricoles pour des raisons fiscales, successorales etc....

à écrit le 01/03/2024 à 8:58
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Bonjour, ils faut arrêter de donner de l'argent publique a une minorités de gens,,, l'agriculture s'est 3,% de la population française... L'agriculture par ses cultures intensifs a polluer les terre et les nappe d

à écrit le 29/02/2024 à 19:19
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Donc la majorité des aides vient d'avantages fiscaux et de réduction de cotisations sociales ? Dans le pays le plus taxé du monde, avec des charges plus élevés que partout ailleurs ? Du coup ce n'est pas de l'aide, c'est juste que les agriculteurs v...

le 29/02/2024 à 23:30
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Oui de plus en plus d'aides de tous les côtés et toutes corporations. Alors qu'il serait plus simple de prendre le problème à l'envers. Diminuer les aides, les charges, les impôts, .... celà évitera toutes les augmentations à tout point de vues... ...

le 29/02/2024 à 23:32
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Les coûts à l étranger sont moindre car les surfaces cultivées sont plus grandes , emploie de main d œuvre illégale aux usa, non déclarée en Espagne ou Italie, donc diminuer mécaniquement le prix unitaire . les intrants chimiques cancérigènes ou no...

le 29/02/2024 à 23:32
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Les coûts à l étranger sont moindre car les surfaces cultivées sont plus grandes , emploie de main d œuvre illégale aux usa, non déclarée en Espagne ou Italie, donc diminuer mécaniquement le prix unitaire . les intrants chimiques cancérigènes ou no...

le 29/02/2024 à 23:34
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Les coûts à l étranger sont moindre car les surfaces cultivées sont plus grandes , emploie de main d œuvre illégale aux usa, non déclarée en Espagne ou Italie, donc diminuer mécaniquement le prix unitaire . les intrants chimiques cancérigènes ou no...

à écrit le 29/02/2024 à 18:17
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"crises climatiques " désolé mais les aléas climatiques font partie de la vie agricole : pluies abondantes, grêle , tempêtes, gels tardifs , sécheresses tous les ans les agriculteurs subissent au moins un voir deux de ces évènements et un agriculteur...

à écrit le 29/02/2024 à 17:38
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Sans traités de libre échange criminels c'est le revenu des agriculteurs qui eut explosé

à écrit le 29/02/2024 à 16:45
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les agriculteurs touchent beaucoup trop de subventions qu'ils transforment en capital sans etre imposes ce qui détruit les petites exploitations EN plus ils ont le culot de dire qu'ils vivent avec le salaire de leur femme s.QUAND ON PENSE QU'ILS son...

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