« Reconquérir les classes moyennes » tel est le crédo de Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics qui lance ce mardi 25 avril le site « En avoir pour mes impôts », moyen de permettre aux contribuables de voir comment leur argent est dépensé. A l'heure où les Français voient les services publics se déliter, où le sentiment de déclassement s'installe, Bercy veut convaincre les ménages de la bonne utilisation des deniers publics. « Il s'agit aussi de les persuader qu'au fond, ils sont gagnants », assure un conseiller de Bercy. Et de susciter l'adhésion à l'impôt, dans un pays où le taux de prélèvement obligatoire est de 47 %. Un des plus élevés d'Europe après le Danemark.
Des exemples concrets du quotidien
Sur ce site « En avoir pour mon impôt » est décliné le coût pour la collectivité de la plupart des actes et services qu'utilisent les Français. Bercy a compilé de nombreuses données issues de plusieurs administrations et institutions.
Ainsi, on apprend qu'une année à l'école maternelle ou primaire publique revient à l'Etat à 6.805 euros, une année de collège dans un établissement public s'élève à 8.206 euros, et 10.986 euros pour une année au lycée. Enfin, une année d'étude à l'université est évaluée à 11.580 euros, en moyenne.
Mêmes calculs effectués pour la santé. Ainsi, le coût d'un passage classique aux urgences est estimé à 227 euros, un séjour médicalisé coûte à l'Assurance maladie entre 5.600 et 14.000 euros en fonction de la sévérité de la situation ... Idem pour un accouchement, évalué entre 2.800 et 5.600 euros sans césarienne, lorsque tout se passe bien, et dont la facture peut, en revanche, grimper jusqu'à 10.000 euros avec césarienne .. etc.
Dans les transports, le contribuable voyageur pourra par exemple découvrir qu'il ne paie que 17% de son billet de TER quand l'Etat en paie 25 % et la Région 58%.
Tous les services sont passés au peigne fin, quel que soient les domaines - renouvellement d'un papier identité, entretien d'une route, aide aux carburants, à la rénovation, pass culture, sport etc-. Ce coût pour les dépenses publiques sera également décliné à l'échelle de chaque département, promet encore le ministère des Finances.
Les grands postes de dépenses de l'Etat
C'est aussi l'occasion pour le gouvernement de rappeler que le principal poste de dépense de l'Etat concerne les prestations sociales (et notamment le versement des retraites, puis du chômage, et des aides diverses...). En effet, quand le gouvernement dépense 1.000 euros, 572 sont consacrés à la protection sociale, 95 euros vont à l'Éducation, près de 30 euros à la charge de la dette.
En France, moins d'un contribuable sur deux paie l'impôt sur le revenu. D'ailleurs, ce prélèvement ne représente que 9% des recettes fiscales du pays, contre 34 % pour les cotisations sociales, 16, 3 % pour la TVA et 13, 6 % pour la CSG - la contribution sociale généralisée.
Lancement d'une consultation sur l'utilisation des impôts
Par ailleurs, Gabriel Attal lance une grande consultation, sur le mode du grand débat national organisé par Emmanuel Macron, après la crise des Gilets jaunes. Ainsi, les contribuables sont-ils invités à se prononcer s'il faut ou non dépenser plus dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la défense... Au cours d'une vingtaine de questions posées, ils pourront donner leur avis sur les politiques publiques qu'ils jugent prioritaires ou non. Le ministre des comptes publiques promet qu'il s'en inspirera pour élaborer le prochain budget de l'Etat.
Des réunions publiques et concertations doivent aussi être organisées sur tout le territoire. Gabriel Attal, qui a l'ambition de bâtir un « plan Marshall pour les classes moyennes », y voit un enjeu de cohésion nationale.
Alors que Bercy entend limiter son déficit et se désendetter, ne faut-il pas y voir aussi l'occasion de préparer les esprits vers des restrictions budgétaires et une politique de rigueur ?