
A l'heure où le système énergétique de la France est sous tension, les syndicats opposés à la réforme des retraites ciblent ce point faible pour paralyser le pays. Tous les sites de stockages français de gaz subissent l'important mouvement de grève de ce mardi à l'appel de la CGT, mais sans les mettre à l'arrêt.
La CGT a fait ainsi état de 80% de grévistes en moyenne sur les 11 sites de Storengy, filiale d'Engie. Sur ces sites, des barrages filtrants ont été mis en place, pour empêcher les entreprises prestataires de rentrer.
Pour rappel, le projet de réforme 2023 prévoit de mettre fin aux régimes spéciaux des industries électriques et gazières (IEG), de la RATP, des clercs et employés de notaire, de la Banque de France et des membres du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Baisses de production prévues
« On a lancé un ultimatum à notre direction hier soir, on leur a indiqué que la colère des salariés n'allait plus être gérable », a indiqué à l'AFP Frédéric Ben, responsable gaz à la CGT Energie. Celui-ci réclame « une baisse de 30% des émissions de gaz depuis les stockages » mise en place depuis les salles de contrôle, afin de permettre le redémarrage dans de bonnes conditions.
S'ils n'obtiennent pas satisfaction, les grévistes menacent de procéder eux-mêmes à ces baisses en intervenant directement sur des équipements électriques ou gaz à l'intérieur des stockages, ce qui pourrait compromettre le redémarrage ultérieur des sites dans de bonnes conditions.
De son côté, la direction de Storengy a déclaré que « des baisses de production » sont « à prévoir aujourd'hui sur certains sites ». Elle précise que ses équipes « sont à pied d'œuvre afin de garantir la sécurité d'approvisionnement », tout en ajoutant que « les sites continuent de fonctionner ».
Chez son concurrent Teréga, qui gère les deux autres sites de stockage de l'Hexagone, situés dans le sud-ouest, son dirigeant comptait mardi matin « environ 24% de grévistes par rapport aux personnels présents », selon Arnaud Lateulade, directeur santé, sécurité, sûreté et environnement du groupe. « Les opérations de soutirage sont en cours, donc il n'y a pas de blocage sur les stockages en ce moment », a-t-il précisé.
L'importation de GNL déjà paralysée
Cet hiver, trois sources principales approvisionnent en ce moment la France en l'absence de gaz russe : 13 sites de stockage souterrain, dans des cavités naturelles, du gaz importé par gazoduc de Norvège ou d'Espagne et le gaz naturel liquéfié (GNL) importé par navires dans quatre terminaux portuaires, qui sont bloqués depuis lundi.
Cette dernière source d'importation par GNL est aussi affectée par les grèves. Trois des quatre terminaux méthaniers ont été mis à l'arrêt lundi pour « sept jours », d'après la CGT Elengy, filiale d'Engie. L'arrêt de ces trois terminaux situés à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) pour deux d'entre eux, et à Saint-Nazaire (Montoir-de-Bretagne, Loire-Atlantique) pour le troisième, empêche l'alimentation en gaz du réseau de distribution GRTgaz, le déchargement des navires méthaniers et le remplissage des citernes de GNL.
(avec AFP)
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