Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour Emmanuel Macron à peine réélu. Après l'Insee lundi, la Banque de France table également sur une croissance faible au cours du second trimestre de l'ordre de 0,2%. Plus de deux mois après l'entrée en guerre de la Russie en Ukraine, les conséquences économiques de ce conflit se propagent dans une grande partie des secteurs de l'économie tricolore.
Résultat, les entreprises commencent à sonner l'alerte. "Ce n'est pas brillant mais après un choc comme (la guerre en Ukraine) c'est résilient", a commenté mercredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau sur l'antenne de France Inter, soulignant que "l'activité et l'emploi résistent mais l'inflation augmente fortement". Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'attend désormais à un été difficile. "Le plus dur est devant nous", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Evreux la semaine dernière.
Détérioration de la trésorerie à venir
Dans le baromètre Bpifrance et Rexecode dévoilé ce mercredi matin, près de la moitié (49%) des dirigeants font part d'une hausse des difficultés de trésorerie entre janvier et mars et s'attendent à de nouvelles tensions au cours du second trimestre. Entre la hausse des coûts des matières premières et des matériaux et les difficultés d'approvisionnement, les secteurs dépendant de l'étranger continuent de traverser de fortes zones de turbulences après les deux longues années de pandémie.
Concernant les prêts garantis par l'Etat (PGE), 16% des entreprises sur les 700.000 ayant sollicité cette aide avaient déjà totalement remboursé leur prêt selon des chiffres du ministère de l'Economie et des finances et la Fédération bancaire française (FBF). En parallèle, une large majorité des dirigeants (78%) interrogés par Rexecode indiquent qu'ils comptent bien l'amortir sur plusieurs années. Le coup de frein de l'économie tricolore pourrait amplifier les difficultés de remboursement.
Les difficultés d'approvisionnement explosent
La succession des crises ces dernières années (pandémie, guerre en Ukraine) a fait disjoncter les chaînes d'approvisionnement du commerce mondial. A toutes ces crises s'ajoutent la politique zéro-Covid menée en Chine ces dernières semaines et les confinements imposées par les autorités.
En outre, près de la moitié (49%) des dirigeants français redoutent un prolongement des répercussions importantes de la guerre en Ukraine sur la hausse des prix (intrants non énergétiques et énergie) et encore des difficultés sur les chaînes logistiques liées notamment à l'allongement des délais de livraison, les pénuries ou le coût du transport. Au final, les prix à la production dans l'industrie s'envolent.
L'industrie automobile et les équipements sous tension
L'activité dans l'industrie est restée globalement stable au mois d'avril selon les conjoncturistes de la Banque de France. Derrière cette stabilité, il existe néanmoins des contrastes entre les secteurs. L'industrie pharmaceutique et l'industrie chimique enregistrent une hausse de leur activité alors que l'automobile continue de plonger. Le secteur des équipements est fortement secoué par les mesures de confinement en Chine et le blocage du port de Shanghai.
Une grande partie des entreprises tricolores spécialisées dans les produits informatiques et électroniques, les machines et équipements, les équipements électriques dépendent amplement de l'Asie pour pouvoir assurer leur production.
Les services tirent leur épingle du jeu
A l'opposé, le secteur du tertiaire devrait tirer son épingle du jeu dans les semaines à venir. La plupart des secteurs dans les services tablent sur une hausse de l'activité notamment dans l'hébergement, le travail temporaire ou encore le conseil aux entreprises. Compte tenu du poids du tertiaire dans l'économie française, la croissance devrait être en grande partie tirée par les services au cours de l'été.
Des perspectives assombries
La plupart des instituts de prévision ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2022. Le Fonds monétaire international (FMI) table désormais sur une hausse de l'activité de 2,9% en 2022 dans ses dernières perspectives de printemps contre 3,5% lors de ses précédentes estimations. De son côté, le gouvernement qui prépare actuellement un budget rectificatif pour les prochaines semaines devrait également réviser à la baisse ses chiffres de croissance en 2022 pour l'instant toujours établie à 4%.