L'intérim dégringole en fin d'année

Avec le second confinement, le travail temporaire a reculé de 14,5% au mois de novembre selon le dernier baromètre Prism'emploi. Dans le commerce, la chute est spectaculaire (-27%).
Grégoire Normand
Dans le BTP, la diminution est d'environ 20% malgré la poursuite d'activité.
Dans le BTP, la diminution est d'environ 20% malgré la poursuite d'activité. (Crédits : Reuters)

Les chiffres de la crise continuent de donner le vertige. Selon le dernier baromètre Prism'emploi publié ce mardi 22 décembre, l'emploi temporaire s'est effondré au mois de novembre de 14,5% par rapport à la même période en 2019. Cette chute intervient après un précédent recul de 10,3% en octobre. Rien que sur novembre, plus de 110.000 emplois ont été détruits. Et tous les niveaux de qualification sont concernés par cette inflexion. Ainsi, l'emploi temporaire recule aussi bien chez les employés (-10,6%) et les ouvriers non qualifiés (-11,6%) que chez les cadres et les professions intermédiaires (-19,2%). Si l'intérim ne représente qu'une partie de l'emploi en France, c'est un indicateur avancé très observé pour rendre compte de l'état de santé du marché du travail tricolore. Dans le contexte de cette crise, les intérimaires se retrouvent en première ligne dès qu'il y a une baisse immédiate de l'activité ou un surcroît.

La montée en puissance des mesures de restriction (couvre-feux) pour limiter la propagation du virus et la mise en oeuvre du confinement à la fin du mois d'octobre ont entraîné une dégradation violente et brutale de l'emploi dans l'Hexagone. Si le second confinement est moins sévère que le premier, beaucoup de secteurs ont dû geler leurs embauches ou arrêter leurs projets de recrutement en raison de la recrudescence de cette maladie infectieuse. Ce recul l'activité pourrait avoir des répercussions sur le PIB du premier trimestre 2021.

Un effondrement dans le commerce physique

Sans surprise, l'emploi intérimaire dans le commerce a été frappé de plein fouet au mois de novembre avec une diminution de 27%. La fermeture des activités jugées "non-essentielles" annoncée par le président Emmanuel Macron à la fin du mois d'octobre a provoqué la mise au chômage partiel de milliers de salariés et a mis fin aux missions d'intérim dans quelques secteurs en première ligne. Les intérimaires du commerce représentent environ 8% du total des effectifs intérimaires en France.

Dans les services marchands, la baisse est également spectaculaire (-25,8%). Le quasi arrêt des activités dans l'hôtellerie et la restauration représente le premier facteur de baisse selon les auteurs du baromètre. En outre, la montée en puissance du télétravail dans les services aux entreprises a pu constituer un frein au recours à l'intérim. Pour les entreprises, le travail à distance peut être plus complexe à mettre en place quand il concerne les intérimaires. Le tertiaire représente environ 15% des effectifs des intérimaires en France.

L'industrie et le bâtiment limitent la casse

Contrairement au printemps, la plupart des entreprises du bâtiment (-19,9%) et de l'industrie (-15,9%) ont pu continuer leur activité. Résultat, la baisse de l'intérim est moins marquée que dans le commerce avec des chiffres similaires à ceux du mois d'octobre. Il reste que ces diminutions traduisent de lourdes difficultés dans ces secteurs meurtris par la récession. Dans l'industrie, les chefs d'entreprise font régulièrement part de leur inquiétude sur les perspectives notamment dans l'aéronautique ou l'automobile. Du côté du bâtiment et des travaux publics, la chute affolante de l'activité au printemps a succédé à la baisse des investissements publics favorables dans les périodes électorales comme les élections municipales.

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Le transport et la logistique tirent leur épingle du jeu

Si beaucoup de secteurs dans le travail temporaire sont abattus par les répercussions délétères de la pandémie, d'autres profitent d'un effet d'aubaine lors des périodes de confinement. C'est par exemple le cas du transport et de la logistique qui ont connu une nouvelle hausse de l'emploi temporaire (+13,8% contre 14,6% en octobre). L'essor du commerce en ligne avec le développement du "click and collect", les livraisons à domicile, les ventes dématérialisées notamment ont dopé les embauche d'intérimaires au mois de novembre. Les transports représentent tout de même 20% des effectifs intérimaires en France.

Un mois de décembre plus favorable ?

S'il va falloir attendre le mois de janvier pour avoir les chiffres du mois de décembre sur l'emploi temporaire, la plupart des économistes tablent sur une amélioration du marché du travail pour la fin de l'année. La réouverture des commerces "non-essentiels" depuis la fin du mois de novembre et les fêtes de fin d'année devraient booster les embauches dans le secteur de l'intérim. "En décembre, la chute de l'activité sera moins importante qu'en novembre. L'économie devrait revenir à environ 90% de son activité normale. La contraction du PIB au quatrième trimestre serait de -5%" a expliqué l'économiste en charge de la France chez BNP Hélène Baudchon lors d'un récent point presse avec des journalistes.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 22/12/2020 à 19:37
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Les marchands de viande intérimaire sont obsolètes car désormais les nouveaux marchés aux esclaves sont des sites web proposant les prestations de repris de justice autoentrepreneurs...

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