Les vagues d'épidémie ont emporté 700.000 emplois en France en 2020

Près de 500.000 emplois ont été détruits dans le tertiaire au cours de l'année 2020. Dans l'industrie, l'hécatombe est immense avec près de 100.000 emplois effacés en quelques mois.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

La pandémie a fait des ravages sur le marché du travail. Selon la dernière note de conjoncture de l'Insee publiée ce mardi 15 décembre, plus de 700.000 emplois seraient détruits cette année. Dans le détail, près de 600.000 postes de salariés ont été détruits et 100.000 emplois non salariés ont disparu. Les vagues d'épidémie et de confinement ont été désastreuses pour l'emploi.

"L'emploi avait chuté fortement au premier semestre avec près de 700.000 destructions d'emplois. Entre juin et septembre, 400.000 emplois ont été crées dans les services marchands et non-marchands. Il devrait y avoir un nouveau recul de l'emploi salarié au dernier trimestre avec 300.000 emplois en moins. Au total 600.000 emplois salariés ont été détruits" a déclaré Olivier Simon lors d'un point presse.

Sur l'ensemble de l'année, les statisticiens anticipent un recul du produit intérieur brut d'environ 9%. "La crise est encore conditionnée par la situation sanitaire à rebours des crises antérieures. La situation est très évolutive. L'Allemagne par exemple se reconfine avec un régime assez strict" a expliqué le chef du département de la conjoncture, Julien Pouget. Notre prévision de perte d'activité est d'environ 8% sur l'ensemble du quatrième trimestre par rapport au quatrième trimestre 2019. Le chiffre annuel du PIB est estimé à -9%. C'est un chiffre que l'on publie depuis le mois de juillet. Le rebond a été plus fort que prévu au troisième trimestre. En revanche, il y a de nouveau un recul au dernier trimestre. Le coût de la crise sanitaire est supérieur à -9%. Compte tenu des premières estimations pour 2020 (environ 1% de croissance), le coût de la crise est estimé à une dizaine de points de PIB sur l'ensemble de l'année 2020" a-t-il poursuivi.

Les services en première ligne

Le choc économique a eu des répercussions hétérogènes. Les tableaux dressés par l'institut de statistiques montrent que le tertiaire a particulièrement été frappé par cette crise économique avec une chute brutale annuelle d'environ 4%. Plus de 480.000 postes en moins ont été recensés par les services de l'Insee. Sans surprise, l'hébergement-restauration enregistre les plus fortes pertes avec environ 200.000 emplois en moins (-17,3%). Viennent ensuite les services aux entreprises (-90.000 ; -3,1%) et les services aux ménages (-71.000, -5,4%). Beaucoup de ces secteurs ont particulièrement été exposés aux mesures administratives visant à limiter les interactions physiques lors des périodes de confinement.

L'industrie paie un lourd tribut

Le tissu productif tricolore déjà miné par des décennies de désindustrialisation et de délocalisations devrait souffrir encore pendant de longs mois. En effet, l'Insee note que 96.000 emplois ont été détruits cette année et les effets délétères de la crise risquent de se prolonger dans des secteurs stratégiques tels que l'aéronautique ou l'automobile. L'industrie hexagonale qui avait recommencé à créer des emplois depuis deux ans est à la peine. La plupart des grands partenaires commerciaux en Europe comme l'Allemagne remettent actuellement en place des mesures de confinement plus drastiques en cette fin d'année et la perspective du Brexit assombrit les opportunités pour les exportateurs français. Si la crise a ravivé les débats sur la relocalisation, il semble pour l'instant qu'elle ne concernerait qu'une très faible partie de l'activité. Il s'agit essentiellement de la santé et des industries pharmaceutiques. Dans la construction (-11.000) et l'agriculture (-5.000) les dégâts sont plus limités.

Un taux de chômage en trompe l'oeil

La pandémie a donné le tournis aux statisticiens. Les mesures de confinement mises en oeuvre cette année ont bousculé leur outils de statistiques et leurs modèles de prévision. Sur ce point, le taux de chômage au sens du bureau international du travail peut paraître dépassé. En effet, le taux de chômage serait d'environ 8,1% à la fin de l'année 2020. "Au second trimestre, le taux de chômage a diminué à 7,1%. C'est une baisse en trompe l'oeil qui traduisait le contexte du confinement. Les demandeurs d'emploi ne pouvaient plus remplir les critères classiques et ont rejoint les effectifs du halo du chômage" a précisé Olivier Simon. En effet, les périodes de confinement ne permettaient pas à la plupart des demandeurs d'emploi de répondre aux critères du chômage établis par l'organisation internationale du travail. Une grande majorité des personnes sans emploi ne pouvait pas se déclarer disponible dans les 15 jours pour travailler alors que des pans entiers de l'économie française étaient paralysés et que les autorités avaient appelé les Français à se confiner. Cette baisse en trompe-l'oeil montre les limites de certains indicateurs et rend nécessaire l'examen d'autres instruments de mesure pour rendre compte de l'état du marché du travail.

Le halo au plus haut

En parallèle, le halo du chômage a continué de grimper par "un effet de vase communicant". En effet, lors des périodes de confinement, beaucoup de personnes se retrouvant dans l'impossibilité de chercher un emploi ont basculé dans le halo autour du chômage (personnes sans emploi qui souhaitent travailler mais ne sont pas en recherche active et/ ou ne sont pas disponibles). Au cours du second trimestre par exemple, 6% des personnes âgées de 15 à 64 ans se sont retrouvées dans cette situation délicate, soit 1,9 point de plus qu'au premier trimestre.

Revenus : des pertes limitées

Les revenus des ménages ont été relativement préservés malgré l'ampleur de la crise. Le revenu disponible brut des ménages a ainsi légèrement augmenté (0,2%). "La chute du revenu des ménages a été compensée par les prestations sociales (chômage partiel, RSA) au second trimestre. Le revenu des ménages a augmenté au troisième trimestre. En revanche, il reculerait au dernier trimestre. Les prestations sociales viendraient compenser les pertes a indiqué Olivier Simon. Au final, les revenus des ménages augmenteraient très légèrement de 0,2%. Compte tenu de l'inflation, le pouvoir d'achat serait en baisse de 0,3% sur l'année 2020. C'est une baisse relativement limitée par rapport au recul de l'activité" a-t-il poursuivi. Evidemment cette baisse moyenne peut masquer des contrastes important au sein de la population française. Beaucoup de travailleurs au statut précaire ont perdu rapidement leur revenu d'activité ou se sont retrouvés en activité partielle pendant plusieurs mois.

Grégoire Normand
Commentaires 17
à écrit le 29/03/2021 à 14:01
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Ce n'est pas l'épidémie qui est ravageuse mais les mesures gouvernementales. Ce qui est très différent quand on admet qu'il s'agit de choix politiques excessifs et non fondés sur la science....

à écrit le 17/12/2020 à 4:53
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Combien de milliardaires gras du bide ont succombé à la grippette boomericide?

à écrit le 16/12/2020 à 18:15
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En parlant d'emplois : En Belgique, les coiffeurs multiplient les actions pour demander la réouverture des salons. D'autant qu'en France, ces derniers ont pu rouvrir fin novembre, en même temps que tous les commerces non-essentiels. Alors, certa...

à écrit le 16/12/2020 à 18:11
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Mauvaise nouvelle pour les salariés. Une ordonnance, examinée ce mercredi 16 décembre en Conseil des ministres, accorde un délai supplémentaire aux employeurs pour imposer des jours de congés payés et de RTT à leurs salariés. Et ce, dans des conditio...

à écrit le 16/12/2020 à 11:44
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- 700 000 emplois évaporés dans les secteurs libres et ZÉRO dans l'administration y compris territoriale ! c'est normal ? - un PIB en recul de 9%, effectifs des fonctionnaires stables ou en légère hausse - d'innombrables entreprises sont en ...

à écrit le 16/12/2020 à 4:04
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Les francais devraient se souvenir de ce calamiteux quinquennat ? C'est meme pas certain.....

le 16/12/2020 à 10:23
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Les français devraient se souvenir dans leurs achats de quel pays vient le virus qui a menti sur sa propagation son déni et ses chiffres. Éhontés et les difficultés consequences qui en découlent depuis un an ...

le 16/12/2020 à 10:23
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Les français devraient se souvenir dans leurs achats de quel pays vient le virus qui a menti sur sa propagation son déni et ses chiffres. Éhontés et les difficultés consequences qui en découlent depuis un an ...

à écrit le 15/12/2020 à 23:57
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Il n'y a plus d'emplois ! C'est une catastrophe !

à écrit le 15/12/2020 à 21:56
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Wouah !! 30 000 le DJ !👀 Record en 6 ans !

à écrit le 15/12/2020 à 20:02
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L'épidémie ou la pétoche et l'hystérie collective?

à écrit le 15/12/2020 à 19:27
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700 000 chômeurs...40 000 morts. Les morts n'ont désormais plus besoin de rien à la différence des vivants qui vont avoir besoin d'un travail pour faire vivre leur famille. Ils n'ont pas le choix. "On" pourrait peut-être envisager de rouvrir un peu ...

le 16/12/2020 à 1:13
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Si on ne change pas notre modèle économique, ce sera bien plus de 40 000 morts que nous auront. Tuer le modèle actuel est la meilleure idée : problème, notre gouvernement veut la même chose en plus intense et avec plus de misère.

le 16/12/2020 à 1:23
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Éclairez-moi, vous auriez préféré quoi ? 700000 morts et 40000 chômeurs ???

le 16/12/2020 à 8:42
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@Jules L'idée, c'est que la mort est une conséquence de la vie, surtout si on est vieux. Encore faut-il avoir eu le temps et les moyens de vivre décemment.

à écrit le 15/12/2020 à 19:11
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C'est sans compter tous ceux qui sont au chômage pour cause de Covid et qui ne retrouveront pas leur emploi à la fin de la période d'indemnisation. Rendez vous dans...6 mois ?

le 16/12/2020 à 1:10
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Ce n'est pas le covid qui a décidé de stopper certains pans de notre économie et de confiner les gens.

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