La flambée du prix du gaz pousse l'Etat à prolonger le bouclier tarifaire de six mois

Mis en place en octobre dernier, le bouclier tarifaire sur le gaz pour protéger les Français de la hausse des tarifs devrait être prolongé. Alors que les cours flambent sous l'effet de la guerre en Ukraine, le gouvernement tient à préserver le pouvoir d'achat des Français.
Fanny Guinochet
les prix du gaz ne cessent d'augmenter... mais la facture des particuliers reste inchangée
les prix du gaz ne cessent d'augmenter... mais la facture des particuliers reste inchangée (Crédits : Reuters)

Ce n'est qu'une question de jour. Le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement jusqu'en juin pour aider les Français à faire face à la hausse du prix du gaz, devrait être prolongé de six mois. Le gouvernement doit l'annoncer prochainement. Ce matin, sur France Info, Bruno Le Maire le ministre de l'Economie s'est dit "favorable à cette prolongation jusqu'à la fin 2022". Il suffit d'un simple décret pour pouvoir le porter jusqu'à décembre 2022.

Un système de compensation

Annoncé à l'automne dernier par le gouvernement pour préserver le pouvoir d'achat des Français, ce dispositif repose, en réalité, sur un système de compensation de l'Etat. Le gouvernement achète au prix fort le gaz aux fournisseurs, - comme la plupart sont étrangers, il n'a pas beaucoup de marge de manœuvre- mais il bloque le prix pour le consommateur, en absorbant la différence. Mis en place en octobre dernier, ce système était initialement prévu pour fonctionner jusqu'en juin prochain. Le gouvernement pariait, en effet, sur un recul du prix du gaz à partir du printemps, une fois le retour des beaux jours, mais aussi une fois le pic de la reprise passé. C'était sans compter sur la guerre en Ukraine qui fait flamber les cours. Ces derniers jours, le gaz a enregistré une hausse de 50 % sur les cours mondiaux.

3 milliards d'euros sur un an

Pour éviter que cette progression ne se répercute sur la facture des ménages, l'exécutif envisage donc de prolonger son dispositif. Et peu importe, si cette solution a un coût pour les finances publiques : plus d'1,2 milliard d'euros a été budgétisé jusqu'en juin prochain.

Pour l'heure, Bercy refuse de donner le moindre chiffrage, car comme il s'agit d'une compensation, la facture finale dépendra de l'évolution du prix du gaz mondial. "Compenser une hausse de 50 % pendant quelques mois n'est pas la même chose qu'une progression de 20 %, surtout avec des marchés aussi volatils", précise un conseiller ministériel. Il n'empêche, si le gouvernement prolonge la mesure jusqu'à fin 2022, il faudrait, au minimum, doubler la mise. Sur un an, ce bouclier tarifaire pourrait atteindre 3 milliards d'euros aux finances publiques. L'exécutif poursuivra alors le quoi qu'il en coûte, pour le financer.

Bien que souvent présenté comme tel, ce bouclier tarifaire n'est pas un cadeau aux consommateurs. Loin de là. S'il ne devait fonctionner que pour passer les mois d'hiver, en avril, quand les tarifs du gaz devaient baisser, le gouvernement comptait bien récupérer l'argent, et donc prendre la différence aux Français. D'où la critique de certains opposants, à l'époque, comme le député écologiste Mathieu Orphelin qui parlait en réalité « d'une simple avance de trésorerie ».

Avant la présidentielle, la priorité est de préserver le pouvoir d'achat

Mais, à quelques semaines de l'élection présidentielle, le gouvernement évite soigneusement de rappeler le mécanisme de compensation. Bruno Le Maire préfère insister sur l'action mise en œuvre ces derniers mois pour préserver le pouvoir d'achat des Français face à la hausse des prix du gaz, de l'électricité, ou encore de l'essence. Entre le bouclier tarifaire, la baisse des taxes sur l'électricité, ou encore les différentes primes inflation, et le chèque énergie, il a déjà dépensé plus de 17 milliards d'euros.

"Aucun gouvernement européen n'a fait autant pour les foyers sur protéger les ménages ", insiste Bercy.

L'exécutif se dit surtout à l'écoute des ménages les plus précaires, et n'exclut pas de repasser par un système de chèque très ciblé, notamment pour compenser l'envolée des prix des carburants. Avec la guerre en Ukraine, le litre de gazole a pris 3 centimes en une semaine, le portant presque 1,80 euro.

Pas de bouclier pour les entreprises

Reste la problématique des entreprises. Contrairement aux particuliers, elles ne bénéficient pas de bouclier tarifaire sur le gaz. Elles prennent donc de plein fouet ces hausses. Les plus grosses consommatrices de gaz se trouvent dans la chimie - Rhodia, Air liquide...- mais de nombreuses sociétés dans l'industrie, ou l'agriculture par exemple sont très dépendantes du gaz. De nombreuses PME pourraient rapidement souffrir. Les organisations patronales ont déjà alerté le gouvernement, pour demander un coup de pouce. Bercy ne prévoit pas pour le moment de mesure globale de soutien sur le gaz. Le gouvernement se dit toutefois attentif aux structures les plus exposées, dont l'activité est dépendante du gaz et qui pourraient se retrouver en grande difficulté avec la flambée des cours. Si geste il y a, ce sera au cas par cas. Pour les entreprises concernées, cette frilosité à les aider est d'autant plus incompréhensible, que concernant l'électricité, il n'a pas hésité à voler au secours des entreprises, en baissant les taxes.

Fanny Guinochet
Commentaires 3
à écrit le 02/03/2022 à 2:45
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Les francais sont de grands naifs. Il n'y a jamais de cadeaux de la part de l'etat, surtout en France. Vous paierez plus tard sous une forme ou une autre.

à écrit le 02/03/2022 à 1:56
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Il faut de nouveau autoriser le charbon ,pour que les familles puissent se chauffer . La fameuse Europe de Maastricht ou nous devions tous devenir riche, en sécurité ect.. Bilan ,une dette pharaonique ,un enseignement à la dérive ,la santé en berne ,...

à écrit le 01/03/2022 à 19:28
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ok y a une elction, la facture viendra apres........there is no free lunch

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