L'horizon économique est encore bien bouché après les deux longues années de pandémie. Deux mois jour pour jour après le début du conflit en Ukraine, le moral des ménages a continué de se dégrader en avril après sa chute de mars, sur fond d'inflation, a rapporté mercredi l'Insee. L'indicateur s'est établi à 88 points, reculant encore de 2 points, pour tomber "à un niveau voisin des points bas atteints fin 2018 lors du mouvement des gilets jaunes et en 2020 lors des confinements", souligne l'Institut national de la statistique.
"La croissance du 2e trimestre devrait rester très modérée , affectée par la baisse du pouvoir d'achat des ménages, avec une diffusion croissante de l'inflation à l'ensemble des postes de consommation (notamment l'alimentation et les biens manufacturés)", explique l'économiste de BNP-Paribas Stéphane Colliac en charge de la France dans une récente note.
Une inflation à 4,5% en mars
Les Français mettent l'inflation en tête de leurs préoccupations, celle-ci ayant atteint en mars 4,5% sur un an, un niveau inédit depuis le milieu des années 80. Malgré les plus de 20 milliards mis sur la table par le gouvernement depuis la fin 2021 pour limiter cette hausse des prix, en particulier de l'énergie - avec un certain succès par rapport à nos voisins européens - cette appréhension pousse les ménages à se serrer la ceinture.
Leur consommation a chuté de 2% en janvier avant de se redresser légèrement en février (+0,8%). Le chiffre de mars sera connu vendredi et l'évolution sur le trimestre sera le point particulièrement scruté de la publication de l'Insee.
La proportion de ménages jugeant que les prix ont augmenté au cours de l'année écoulée a bondi de sept points en avril et se situe désormais "au plus haut depuis l'été 2008", observe l'Insee.
En revanche, la proportion de ménages s'attendant à une accélération des prix au cours des prochains mois plonge de 19 points, même si elle reste bien supérieure à sa moyenne de longue période, ce qui suggère que les Français estimeraient que le pire est derrière eux.
Une équation périlleuse pour Macron
Au lendemain de son élection, le chef de l'Etat Emmanuel Macron va devoir faire face une situation économique particulièrement troublé. La baisse de la croissance devrait encore peser sur le moral des ménages et des entreprises.
L'Insee dévoilera vendredi sa première estimation de la croissance française au premier trimestre, qui devrait se tasser davantage que prévu du fait des premières répercussions de la guerre en Ukraine, en particulier l'inflation.
L'Institut national de la statistique table depuis février sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 0,3%, après les 0,7% enregistrés au dernier trimestre 2021, un ralentissement qui s'explique par la vague Omicron du début de l'année et les conséquences de la guerre en Ukraine à partir de la fin février. De son côté, la Banque de France est un tout petit peu moins optimiste, prévoyant une croissance de 0,25%.
(avec agences)