La pandémie, un révélateur préoccupant des inégalités

Santé, éducation, revenus, travail....dans son dernier rapport, l'observatoire des inégalités dresse un panorama préoccupant des effets délétères de la pandémie sur la population française.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Confinement, maladie, pauvreté, chômage....depuis près d'un an et demi, la pandémie a jeté une lumière crue sur les inégalités en Europe. Le virus a touché avant tout les plus vulnérables et la crise économique a fait des ravages chez les familles les plus pauvres. Dans un épais rapport dévoilé ce mercredi 2 juin, l'Observatoire des inégalités brosse un état des lieux accablant des disparités au sein de la société française. Si de nombreux filets de sécurité ont été mis en œuvre depuis le début de la pandémie par les pouvoirs publics, beaucoup de personnes déjà fragiles avant la crise risquent de s'enfoncer dans une situation encore plus tendue. A ce sujet, le directeur de l'observatoire des inégalités, Louis Maurin a tiré la sonnette d'alarme lors d'un point presse.

"Le 'quoi qu'il en coûte' a largement permis d'amortir le choc. La France a nationalisé une grande partie de l'économie pendant l'année 2020 mais on est très vite revenu au monde d'avant. Il y a une hypocrisie sur les discours du monde d'après. Très rapidement, les discours sur les réformes sont revenus sur le devant de la scène. Le poids de cette insécurité sociale va peser sur les plus fragiles."

Pandémie : les personnes âgées en première ligne

L'un des enseignements importants de cet épais bilan de près 180 pages est de rappeler que la première des inégalités est avant tout liée à l'âge. Les personnes les plus âgées ont payé un très lourd tribut dans cette crise aux multiples ramifications. Les chercheurs soulignent que selon les chiffres arrêtés au mois d'avril dernier, 59% des personnes décédées à l'hôpital de cette maladie infectieuse étaient âgées de plus de 80 ans alors qu'elles représentent seulement 6% de la population. A l'opposé, 11 personnes âgées de moins de 20 ans ont perdu la vie à l'hôpital alors que cette catégorie compte 16 millions de personnes sur l'ensemble du territoire. En outre, le nombre de décès pour les moins de 25 ans a baissé en raison notamment de moindres accidents de la circulation. Si la jeunesse a indéniablement été frappée de plein fouet par les conséquences terribles de cette pandémie, les personnes âgées affichent un bilan humain dramatique.

"La première des inégalités face à la Covid, c'est la santé. Le taux de mortalité des moins de 25 ans a diminué. En revanche, une partie des classes moyennes comme les infirmières ou des catégories supérieures comme les médecins ont été touchées tout comme des agents de la fonction publique qui bénéficiaient d'un emploi stable" a déclaré Louis Maurin devant les journalistes.

Inégalités de revenus : pertes d'emplois et chômage partiel

Il est encore difficile à ce stade de mesurer l'ampleur des dégâts de la crise sur le revenu des ménages. Si les premiers chiffres de l'Insee montrent que le pouvoir d'achat des ménages a globalement résisté, cette moyenne masque de fortes disparités et de vastes difficultés pour certains ménages. En termes de revenus, les premières victimes sont d'abord les personnes qui ont perdu leur emploi. Au total, le nombre de chômeurs a progressé de 270.000 en 2020 selon des chiffres de Pôle emploi cités dans le rapport. Cette statistique ne rend pas forcément compte de toutes les personnes indépendantes qui ont perdu leur travail ou des individus qui ne sont pas inscrits au service public de l'emploi par découragement sans compter les milliers d'étudiants qui ont démarré sur un marché du travail complètement bouché. A ceux-là s'ajoutent les millions de personnes placées en activité partielle qui ont perdu une partie de leurs revenus pendant de longues semaines en raison notamment de fermeture administrative. Au pic de la crise au mois d'avril 2020, plus de 9 millions de personnes ont été au chômage partiel sur un total de 24 millions de personnes salariées.

S'agissant de la pauvreté, la mesure du phénomène est aussi difficile à mesurer. Au delà des images des files d'attente dans les banques alimentaires, certains indicateurs comme la hausse du nombre d'inscrits au RSA permettent d'objectiver cette aggravation en attendant les premières estimations de l'Insee sur le taux de pauvreté. Selon un décompte régulier des caisses d'allocation familiales, le nombre de foyers d'allocataires du RSA a augmenté de 150.000, ce qui représente environ 300.000 personnes en 2020.

"On ne connaît pas l'évolution du nombre de pauvres en France. Le chiffre de 1 million est de la communication. Il est à ce stade impossible d'y répondre. On ne sait pas dire le nombre de pauvres supplémentaires. Sur 2020, il y a environ 150.000 allocataires du RSA supplémentaires. Il est aussi difficile de voir les phénomènes de déclassement ou les conséquences sur les indépendants" a affirmé le chercheur.

Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 03/06/2021 à 10:24
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C'est pour ça que le gouvernement baisse les allocations chômage: toujours plus de misère. " C'est pour vous aider qu'on fait ça"

à écrit le 03/06/2021 à 9:05
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C'est donc la crise économique dans laquelle nous a plongé volontairement et bêtement nos dirigeants politiques étant donné que les suédois eux ont le même nombre de victimes que nous en proportion sans avoir arrêté l'économie, qui a augmenté la pauv...

à écrit le 03/06/2021 à 0:26
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La pandémie n'a aucun effet sur la vie des français. Seule la manière dont l'état a voulu la gérer a appauvri les gens. Si l'état n'était pas constamment à dramatiser la situation, les gens auraient déjà oublié le COVID

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