Revenus, pauvreté...les chiffres affolants de l'Insee

Baisse des revenus chez les plus modestes, grande pauvreté, hausse des bénéficiaires du RSA... dans sa dernière livraison, l'Insee dresse un portrait alarmant de la situation monétaire des personnes les plus exposées à la pandémie.
Grégoire Normand
En 2018, la France comptait 10,1 millions de pauvres en prenant en compte tout le monde, c'est à dire les personnes vivant en communauté et les DOM a expliqué l'Insee lors d'un point presse. La crise pourrait amplifié ce phénomène.
"En 2018, la France comptait 10,1 millions de pauvres en prenant en compte tout le monde, c'est à dire les personnes vivant en communauté et les DOM" a expliqué l'Insee lors d'un point presse. La crise pourrait amplifié ce phénomène. (Crédits : Reuters)

La pandémie donne toujours le tournis. Près d'un an et demi après l'arrivée du virus sur le territoire européen, une partie importante de la population continue de payer un lourd tribut. Au-delà des images des interminables files d'attente aux banques alimentaires, les chiffres dévoilés par l'Insee dans son épais ouvrage de 213 pages consacré aux revenus et patrimoine des ménages ce jeudi 27 mai mettent en relief les conséquences dramatiques de cette maladie infectieuse mondiale sur les plus vulnérables. Le déconfinement et l'accélération de la campagne de vaccination ont provoqué du soulagement dans une partie de l'opinion publique mais beaucoup de personnes pourraient encore subir les effets néfastes de cette crise pendant de longs mois.

Un ménage sur cinq annonce une baisse de revenus

Les enquêtes menées par l'Insee depuis le début de la pandémie permettent de passer au crible l'évolution du revenu des ménages. Il en ressort que si la part des ménages affirmant être en difficulté financière a baissé depuis un an, 22% des répondants déclarent que leurs revenus ont baissé entre mars 2020 et le premier trimestre 2021.

A l'opposé, seuls 9% des ménages interrogés indiquent avoir enregistré une hausse de leurs revenus. Les pertes moyennes recensées par l'institut de statistiques sont de 290 euros contre 226 euros pour ceux qui ont eu des gains. Parmi les ménages qui ont connu une érosion de leur revenu, 11% affirment avoir dû souscrire à un nouveau crédit ou renégocié leurs crédits en cours. Sans surprise des disparités flagrantes apparaissent en fonction de la catégorie des ménages. Ainsi, 29% des familles modestes déclarent avoir connu une inflexion de leurs revenus contre 17% chez les plus aisés. "La diminution de revenu est ainsi plus forte pour les ménages modestes : - 8 % du niveau d'avant-crise pour les ménages modestes, contre - 1 % pour les aisés" ajoutent les statisticiens.

Deux millions de personnes vivent dans la grande pauvreté

C'est une première pour l'organisme public. Après de multiples enquêtes sur la  pauvreté, l'Insee s'est cette fois-ci intéressée à un phénomène parfois difficile à appréhender et à définir : la grande pauvreté. "Elle correspond à des personnes qui ont épuisé toutes leurs ressources pour s'en sortir et qui sont dans cette situation de manière durable. Elles ont un niveau de vie inférieur à 50% du niveau de vie médian. La grande pauvreté concerne 2,4% de la population. Elles rencontrent au moins sept privations matérielles sur 13", a déclaré Julie Labarthe, cheffe de la division revenus et patrimoine des ménages devant les journalistes. Sur ce groupe, les enfants sont surreprésentés. D'après les chiffres communiqués, ils seraient 35% dans la grande pauvreté alors qu'ils représentent 20% de la population.

Enfin, une partie de ces plus vulnérables pourraient bien passer sous les radars. "1,9 million de personnes sont en situation de grande pauvreté et 153.000 personnes sont sans domicile ou vivent en habitation mobile. Les privations sont sévères mais elles sont également durables. La santé est bien plus dégradée. Beaucoup de personnes sont limitées dans leur vie quotidienne" ajoute l'experte.

L'autre résultat surprenant de cette enquête est qu'une large majorité (environ 1,8 million) vivent dans un logement ordinaire, soit parce que c'est leur logement ou elles ont été placées dans des logements d'urgence. Ce chiffre de 1,9 million qui date de 2018 pourrait largement empirer avec la crise même s'il est encore difficile à ce stade d'avoir une photographie précise de l'état de la pauvreté en France en 2021. L'Insee rappelle que l'Hexagone compte environ 10 millions de pauvres.

Le nombre de bénéficiaires du RSA en hausse

Les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) ont considérablement augmenté (+8,7% entre septembre 2019 et septembre 2020) depuis le début de la pandémie. Stable depuis 2017 autour de 1,9 million, leur nombre a franchi le seuil fatidique des deux millions l'année dernière. L'un des facteurs souvent avancé pour expliquer cette hausse est l'absence de sortie des allocataires de ce dispositif, ce qui gonfle inexorablement le nombre d'allocataires. "[La hausse] ne correspondrait donc pas à l'entrée massive de nouveaux allocataires et concernerait surtout des personnes qui ont déjà été par le passé dans une situation financière difficile" indique l'Insee dans son ouvrage. "Même s'il a baissé récemment, il reste à un niveau supérieur à la période d'avant crise" a déclaré Valérie Albouy, cheffe du département des ressources et des conditions de vie des ménages. Compte tenu du nombre important de non-recours aux minimas sociaux, ce chiffre pourrait être sous-estimé.

Grégoire Normand
Commentaires 12
à écrit le 29/05/2021 à 16:42
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S'il y a autant de misère en France pourquoi martelle t-on en permanence on a besoin de la main d'oeuvre étrangère, on en a besoin, on a besoin ? S'il y a autant de misère pourquoi baisse t-on de 20 % les allocations de chômeurs ? Tout est fait p...

à écrit le 28/05/2021 à 13:51
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Jamais vu une telle pandémie et une si faible confraternité entre Français. Car si tous les gestes barrière avaient été faits naturellement, l'épidémie serait déjà finie depuis mars. Et l'étonnante incompétence du gouvernement à ses débuts puis la ...

à écrit le 28/05/2021 à 10:07
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Comme ses prédécesseurs le président Macron et son gouvernement "quoi qu'il en coûte" arrosent de millions d'euros même si les caisses sont vides en augmentant les rémunérations des fonctionnaires malgré leur faible productivité, l’absentéisme cultur...

le 28/05/2021 à 16:39
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Vous avez raison. La gendarmerie n'a jamais eu autant de Généraux. Et tout l'argent déversé à des propriétaires d'hôtels 4 étoiles dans Paris et je vous en passe d'autres. A des gens avec de gros patrimoine etc.....

à écrit le 28/05/2021 à 8:38
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Tu m'étonnes... puis alors personne ne l'avait prévu hein ! Des "Cassandre" comme dit notre président, sachant que Cassandre avait prévu la guerre de Troie tandis que les dirigeants grecs n'y croyaient pas. On est chez les fous.

à écrit le 28/05/2021 à 6:56
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Un j'ai horreur des types qui "crachent dans la soupe". Deux, vu d'ici en Asie je trouve que les européens et plus particulièrement les Francais on bien géré cette covid. Les pays latins ont été les premiers à etre contaminés, il ne faut pas l'oublie...

le 28/05/2021 à 10:44
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Meme si c est en partie vrai (rester au RSA rapporte autant qu aller travailler une fois tout deduit dans pas mal de cas) il faut aussi pas oublier qu il y a d autres obstacles: Les restos ont des horaires tardifs, comment rentrer a minuit si j ai p...

à écrit le 28/05/2021 à 3:01
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Esperons qu'en 22 les votants se souviendront de la gestion du corona par le mini monarque. C'est juste un souhait, perso, je m'en fout, je ne vis plus dans ce pays devenu maboul.

le 28/05/2021 à 10:05
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France défigurée ! ils se disent toujours en marche malgré lun échec de la politique sécuritaire et sociale et continuent d arroser les racines du mal a lire la presse... prenons exemple sur la SUISSE et tout ira bien

à écrit le 27/05/2021 à 22:03
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La France s'est tirée une balle dans le pied, avec sa gestion de la pandémie. Mais le plus désolant, c'est qu'elle continue ! Même aujourd'hui, alors qu'il devient de plus en plus évident que l'épidémie est derrière nous, elle continue de plus belle ...

le 28/05/2021 à 8:32
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Êtes vous -au minimum -médecin pour affirmer ce que vous dites ? La France fait exactement ce que tous les pays occidentaux ont fait ... La crise derrière nous ? Ineptie les variants et brassage de population de cet été vont relancer la dynamiq...

à écrit le 27/05/2021 à 19:53
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Pour trouver ce qui ne se casse pas la figure en France ,c'est facile : Droit de succession,taxes,impôts,amendes....

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