
L'onde de choc de la pandémie pourrait creuser les inégalités territoriales. Selon une récente note de France Stratégie dévoilée ce vendredi 16 avril, les territoires situés dans l'Est et le Sud de la France ont le plus souffert sur le front de l'emploi. La mise à l'arrêt des activités touristiques pendant des mois et les difficultés de certaines industries ont freiné les embauches dans ces régions au cours de l'année 2020. Le prolongement de la crise sanitaire et le durcissement des mesures d'endiguement dans certains départements situés dans ces régions sous pression depuis plus d'un an pourraient laisser des séquelles profondes sur le marché de l'emploi local. Pour expliquer de tels résultats, les auteurs de l'étude ont croisé trois types de données : l'exposition de l'emploi local à la perte de valeur ajoutée au niveau national, la part de l'activité partielle et l'évolution de l'emploi salarié. Les résultats obtenus sur la cartographie ci-dessous sont saisissants. Si la grande majorité des 300 zones d'emploi en France ont été touchées, des contrastes importants en dépit des mesures d'urgence et d'aides déployées depuis le printemps 2020 apparaissent.
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Les Alpes, la Côte d'Azur et la Corse en première ligne
La géographie de la crise dessinée par les chercheurs montre que les 30 territoires les plus touchés se situent en grande majorité sur un axe Nord-Est/Sud-Est. De l'Alsace à la Corse en passant par les Alpes et la Côte d'Azur, l'emploi a particulièrement trinqué dans ces zones géographiques.
"Il s'agit en grande partie de zones touristiques ou fortement orientées vers l'industrie ou les services de transport, certaines combinant ces caractéristiques" indiquent les auteurs.
La plupart des stations de ski en moyenne ou haute altitude dans les Alpes ont pâti de l'arrêt des remontées mécaniques. Beaucoup d'emplois saisonniers ont été annulés dans ces communes très dépendantes des sports d'hiver. Dans les vallées alpines, certaines industries dans la Maurienne ou dans l'Arve ont également subi de fortes pertes d'activité. L'hôtellerie du luxe sur la Côte d'Azur a également payé un lourd tribut malgré l'ouverture des établissements en raison notamment de la chute du tourisme international. En Corse, des secteurs qui concentrent beaucoup d'emplois comme la construction ou le commerce ont vu leur activité plonger lors du premier confinement notamment. Du côté de l'Île-de-France, la zone d'emploi de Roissy fortement dépendante de l'activité aéroportuaire est sous tension avec la baisse du trafic international. Plusieurs dizaines de milliers d'emplois sont menacés.
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A l'inverse, la façade atlantique et l'Ouest de la France ont été plus épargnés par la chute de l'activité. "Parmi les trente zones d'emploi ayant le mieux résisté, qui rassemblent 4,5 % de la population nationale, neuf se trouvent en Bretagne, et six en Nouvelle-Aquitaine" relèvent les experts. Beaucoup d'industries spécialisées dans l'agroalimentaire en Bretagne notamment ont tenu le choc au cours de l'année 2020 contrairement à l'industrie des transports.
Un accompagnement à adapter
Les résultats de ces travaux doivent permettre aux décideurs et aux politiques publiques de mieux accompagner les territoires les plus en difficulté. En passant au crible les conséquences délétères de la crise sur tous ces territoires, l'organisme offre une vision plus précise des dégâts de la pandémie sur le marché de l'emploi local. Il reste que ces zones d'emploi en léthargie en 2020 ne seront pas forcément les mêmes au moment de la sortie de la crise. Le débranchement des aides publiques et leur ciblage sur les secteurs et les territoires les plus touchés seront une étape cruciale au moment de la reprise qui se fait toujours attendre dans les milieux économiques. A l'approche des élections régionales, plusieurs candidats seront attentifs à l'accompagnement des entreprises au bord du gouffre au moment où beaucoup de groupes ont annoncé des fermetures de sites et des restructurations malgré des milliards d'euros d'aides injectés dans l'économie.
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