La reprise économique en France a dopé le moral des investisseurs américains

Près des trois quarts des investisseurs américains (74%) affirment que l'évolution de la conjoncture économique en France sera positive pour leur secteur d'activité dans les prochaines années, selon le dernier baromètre AmCham et Bain & Company. A l'opposé, seuls 4% estiment que l'évolution économique tricolore aura un impact négatif. Ce regain d'optimisme s'explique "par une résilience de l'économie française et un fort rebond de la croissance économique" indique la chambre américaine du commerce.
Grégoire Normand
L'attractivité de la France a retrouvé des couleurs aux yeux des investisseurs américains.
L'attractivité de la France a retrouvé des couleurs aux yeux des investisseurs américains. (Crédits : Reuters)

Les nuages se dissipent peu à peu au-dessus de l'économie française. Après deux années tourmentées, les indicateurs passent au vert les uns après les autres. Avec le ralentissement des contaminations et le rebond de la croissance en 2021 à 7%, le moral des investisseurs américains s'est envolé selon le dernier baromètre dévoilé ce mercredi 16 février par AmCham (American chamber of commerce in France) et le cabinet de conseil Bain & Company. 74% des répondants affirment que l'évolution du contexte économique pour leur secteur d'activité dans les deux années à venir sera positive contre seulement 39% en 2020 et 41% en 2019. A l'opposé, seuls 4% d'entre eux déclarent que la conjoncture sera négative contre 5% en 2020 et 11% en 2019. Enfin, 22% tablent sur une stabilité du contexte économique.

"2020 était une année cataclysmique. Le moral avait baissé de façon significative. Un an plus tard, les investisseurs américains ont un fort regain de confiance" a déclaré Marc-André Kamel, associé et directeur chez Bain & Company et vice-président de l'AmCham France.

"Cela s'explique par la résilience de l'économie française et un fort rebond de la croissance économique" a-t-il expliqué lors d'un point presse rappelant que "les entreprises américaines sont les premiers investisseurs et les premiers employeurs étrangers en France". Malgré cet optimisme retrouvé, la plupart des instituts de prévision ont révisé à la baisse leur chiffres de croissance pour le premier semestre de l'année. La vague Omicron et les pics de contamination des dernières semaines ont affaibli certains secteurs d'activité déjà en souffrance. Et les tensions sur les prix inquiètent environ 56% des investisseurs interrogés.

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Près de la moitié des investisseurs prévoient des embauches

Sur le front de l'emploi, le moral des investisseurs américains implantés sur le sol français est au beau fixe. Ainsi, près de la moitié des répondants affirment que le nombre de salariés dans leur entreprise dans l'Hexagone va augmenter dans les prochaines années. C'est 24 points de pourcentage de plus qu'en 2020. Ce ration retrouve son niveau d'avant-crise en 2019.

A l'inverse, 7% indiquent que les effectifs vont baisser dans les deux ou trois années à venir. C'est 21 points de moins qu'en 2020. Enfin, 42% des répondants déclarent que la masse salariale restera stable dans un futur proche contre 45% en 2020. Si la France a enregistré des créations d'emplois record l'année dernière, "il y a néanmoins des restructurations" nuance Marc-André Kamel. Les tensions sur les recrutements pourraient en outre s'amplifier prévient la chambre de commerce. "C'est un phénomène mondial, la France n'est pas épargnée. Il y a clairement une recherche de sens au travail chez les salariés" complète Bijan Eghbal, président de AmCham France.

Les atouts de la France en 2022

Parmi les critères cités par les investisseurs américains pour prendre une décision, figurent en premier lieu le contexte économique (79%), la sécurité juridique (70%), le climat social et politique (83%), la qualification de la main d'oeuvre (74%) ou encore la disponibilité de la main-d'oeuvre (68%). "Les répondants évoquent également l'importance de la taille du marché français " ajoute Marc-André Kamel.

Du côté des facteurs qui ont peu d'importance en matière de décision d'investissement apparaissent l'environnement culturel. Un tiers des répondants expliquent que ce facteur n'est pas essentiel. Plus surprenant, 25% des investisseurs affirment que l'approvisionnement énergétique et le coût de l'énergie ne sont pas des critères de décision importants pour investir. Enfin, la qualité de la vie fait également partie des critères les moins souvent mentionnés. Un répondant sur cinq affirme que ce n'est pas important pour prendre une décision d'investissement.

La vie en France selon les travailleurs étrangers

Dans le cadre cette enquête, l'organisme consulaire a également interrogé les collaborateurs étrangers sur les atouts et les faiblesses de la France en matière d'attractivité. Parmi les bons points, 89% des personnes interrogées mettent en avant la qualité de vie et la culture locale. Viennent ensuite l'accès aux services de santé (88%) et la qualité des infrastructures de transport et de communication (79%). A l'inverse, la fiscalité des particuliers (77%), le climat social (62%) ou encore le logement (40%) sont cités comme les trois principaux facteurs négatifs.

Du côté des entreprises, l'innovation est souvent citée comme un atout pour la France (82% des répondants) grâce notamment à une main-d'oeuvre de qualité (ingénieurs, développeurs) ou au soutien de l'Etat à la nouvelle économie. En revanche, 48% des personnes informent que le cadre juridique français est une faiblesse en matière d'innovation et de numérique.

Présidentielle : un impact modéré sur les décisions d'investissement

A moins de 200 jours du premier tour du scrutin présidentiel, la campagne électorale peine à émerger. L'éruption du variant Omicron en fin d'année 2021 et les tensions sur le système de santé ont amené une grande partie des candidats à revoir leur plan de bataille pour vanter leur programme. En matière d'investissement, l'élection présidentielle semble avoir peu d'impact sur les stratégies d'investissement des entreprises américaines.

En effet, 63% des investisseurs affirment que le résultat de ce scrutin n'aura pas de répercussion sur ce type de décision. A l'inverse, 37% pensent que l'issue de ce vote pourrait avoir des conséquences sur les décisions des maisons-mères. Interrogé sur ce point par La Tribune, Marc-André Kamel rappelle "qu'il y a une vraie déconnexion entre les résultats des élections et la décision d'investir. La France a maintenu une sécurité juridique et de la prévisibilité. C'est ce qui compte vraiment".

Méthodologie : enquête menée entre décembre 2021 et janvier 2022 par questionnaire adressé à des dirigeants de filiales de sociétés américaines en France. 121 réponses de sociétés américaines ont été collectées.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 17/02/2022 à 9:24
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"Vous ne croyez plus nos "experts" et "spécialistes" et bien soit nous vous proposons les experts et spécialistes américains !" LOL !

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