La déferlante Omicron continue de chambouler l'agenda du chef de l'Etat. Plus de deux années après l'arrivée du Covid sur le sol européen, l'économie française et les services de santé doivent toujours affronter le raz-de-marée des contaminations. A l'Elysée, Emmanuel Macron, qui avait pris l'habitude depuis 2018 d'organiser un grand raout avec des patrons étranger dans l'enceinte prestigieuse du château de Versailles à la fin du mois de janvier, est obligé de revoir ses ambitions à la baisse. Déjà l'année dernière, le quadragénaire avait organisé une réunion à la même période avec une centaine de patrons mais à distance. Le président de la République avait préféré reporter le sommet Choose France au cours de l'été.
Malgré la pandémie le chef de l'Etat recevra lundi matin au palais de l'Elysée Mark Costa, directeur général du géant américain Eastman spécialisé dans la production de matériaux (chimie, plastiques) avant de se rendre dans la petite commune de Chalampé dans le Haut-Rhin l'après-midi. Il doit notamment visiter l'usine WEurope de BASF, premier groupe chimique mondial accompagné d'Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'industrie et Brigitte Klinkert, ministre en charge de l'insertion.
Six autres déplacements de ministres sont également prévus sur le thème de l'attractivité. A moins de trois mois du premier tour du scrutin, le président-candidat veut en profiter pour faire le bilan de son mandat en matière de politique industrielle.
"L'attractivité est importante pour le chef de l'Etat car c'est le résultat de toutes les réformes menées depuis le début du quinquennat avec la baisse de la fiscalité sur les entreprises, les grandes réformes sociales, la loi Pacte sur les seuils, la loi ASAP pour la simplification de la vie des entreprises" a affirmé un conseiller du chef de l'Etat vendredi dernier. Tous ces déplacements de début de semaine aux allures de campagne présidentielle visent à redorer l'image de la France à l'égard des investisseurs étrangers.
Une vingtaine de projets d'investissement annoncés pour un montant de 4 milliards d'euros
Au total, 21 projets d'investissement ont été annoncés ce dimanche. Ils représentent au total "4 milliards d'euros et environ 10.000 emplois dans l'industrie et les services associés. 16.000 créations d'emplois de CDI intérimaires doivent également être annoncées par Manpower. Les créations d'emploi seront surtout dans la santé et la chimie", ont expliqué les proches du chef de l'Etat lors d'une réunion avec les journalistes.
Sur l'ensemble de cette enveloppe, deux projets devraient être mis en avant. Le premier concerne l'entreprise Eastman qui doit investir environ 850 millions d'euros pour une usine de "recyclage moléculaire.
"Il s'agit d'améliorer les objectifs de recyclage de la France dans le cadre de France 2030" indique-t-on à l'Elysée. Le second projet notable sera réalisé par le géant mondial pharmaceutique BASF sur son site d'Alsace-Chimie dans le Grand-Est pour un montant de 300 millions d'euros. "Une cinquantaine d'emplois pérennes et près de 500 pour sa construction" devraient être crées à cette occasion. Une partie de ces investissements doit bénéficier d'une aide publique de l'ordre de quelques millions d'euros selon une source à l'Elysée. "Pour BASF, il [le taux d'aide publique] est très, très faible, on a mis très peu d'argent, ce n'était pas ça le driver. Sur Eastman, il est un peu plus élevé. Je pense que raisonnablement, on peut prendre un taux entre 5 et 10%", du montant total, ajoute-t-elle.
La pandémie a écorné l'attractivité de la France, les investissements étranger s'effondrent
L'attractivité de la France est un sujet sensible. L'agence Business France en charge du tableau de bord annuel de l'attractivité a sorti au dernier moment son rapport pour 2021 vendredi très tard dans la soirée. Au palais de l'Elysée, l'entourage du chef de l'Etat a particulièrement mis l'accent sur la première place de la France en Europe sur le front de l'attractivité. "Grâce aux mesures économiques mises en œuvre depuis 2017, la France est devenue la première destination en matière d'investissements étrangers en Europe, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne - selon le baromètre annuel du cabinet EY" , explique le dossier de presse.
Derrière ces éléments de langage, la réalité est parfois plus contrastée. Le rapport de l'agence Business France indique que les flux d'investissements directs étrangers (IDE) se sont effondrés en 2020 de 25 milliards d'euros, à seulement 4 milliards d'euros, soit une chute vertigineuse de 84%. A titre de comparaison, la contraction des flux à l'échelle du globe est d'environ 35%. "Le report de décisions d'investissement a pesé sur les opérations en capitaux propres" signalent les rapporteurs. "En termes de stock d'IDE, la France, avec environ 785 milliards d'euros, est le 10e pays d'accueil dans le monde et le 6e en Europe, derrière les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse, l'Irlande et l'Allemagne", ajoutent-ils.
En outre, selon un sondage Ipsos / Business France mené auprès de 200 managers dans des entreprises de plus de 250 salariés interrogés à l'automne dernier, 84% des responsables d'entreprises estimaient que "la France [était] un pays attractif pour les entreprises" en 2019. En 2020, avec le Covid-19, la proportion de ces responsables est tombée à 77% et elle atteignait désormais 75% en 2021.