La sortie de crise va-t-elle enrayer la baisse des naissances en France ?

Jusqu'en 2014, malgré les conséquences de la crise des subprimes six ans plus tôt, la natalité française avait bien résisté aux incertitudes. Mais la crise sanitaire vient visiblement accentuer une décélération du taux de fécondité enregistrée depuis lors. A tel point que le haut-commissaire au Plan François Bayrou a été contraint de tirer la sonnette d'alarme en mai, en rappelant que « le modèle social repose, pour beaucoup, sur la solidarité entre les générations. »
« On constate une baisse tangible en 2020 » des naissances (-7% par rapport à décembre 2019), s'inquiète François Bayrou, le haut-commissaire au Plan.

Les projets des Français de fonder une famille seront-ils aussi soutenus à la sortie de la crise Covid-19 qu'après la crise financière de 2008 ? La question se pose. Lors de ces deux crises, l'économie tricolore est en effet entrée en récession (-2,6% en 2009 et -8,2% en 2020, selon l'Insee). Mais même après la crise des subprimes, contrairement à ces voisins, l'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est resté stable dans l'Hexagone entre 2006 et 2014 (2 enfants par femme), avant de décélérer pour atteindre 1,86 enfant par femme française en 2019, comme le rappelle l'Insee dans une étude publiée vendredi. Or, aujourd'hui, avec les conséquences de la crise du Covid-19, cette courbe descendante est loin de s'inverser, bien au contraire.

« On constate une baisse tangible en 2020 » des naissances (-7% par rapport à décembre 2019), s'inquiète François Bayrou, le haut-commissaire au Plan dans une note pour un "pacte national pour la démographie" pour sauver le modèle social français transmise à l'AFP à la mi-mai. En janvier 2021, la baisse a été de 13% par rapport à l'année précédente.

« Le nombre de naissances baisse année après année »: 753.000 en 2019 contre 818.000 en 2014, écrit le haut-commissaire qui évoque des signes « très préoccupants » d'un « dérèglement ».

Chômage et pouvoir d'achat dans la balance

« Par les incertitudes qu'elle engendre sur l'avenir, la crise peut amener des couples à reporter leur projet d'avoir un enfant, voire à l'abandonner » confirme de son côté l'Insee qui rappelle que le climat social et les politiques familiales ont également un impact. « La fécondité est restée élevée jusqu'en 2010 avant de baisser à partir de 2011 lorsque la rechute de l'activité économique a semblé installer la crise dans la durée » détaille l'institut.

La perspective de construire un foyer est directement corrélée à l'environnement économique. « L'une des conséquences les plus palpables de la crise pour les Européens est le risque de chômage et la baisse des revenus qu'il engendre », rappelle l'Insee. Or, avec la pandémie, le nombre de demandeurs d'emploi en France de catégorie A a enregistré en avril 2021 sa plus forte progression depuis un an, a estimé le ministère du Travail. Une hausse d'ailleurs nettement plus marquée chez les jeunes (+3,2%), note la Dares.

Autre frein à la fécondité, celui de craindre une perte de pouvoir d'achat avec un retour de l'inflation en zone euro plus important que prévu, à +2% en mai. Une hausse des prix qui ne serait pas nécessairement suivie d'une hausse des salaires si les entreprises ne devaient pas retrouver une santé solide.

« Il faut se ressaisir »

Dans ce contexte incertain, François Bayrou en est convaincu dans sa note : « il faut se ressaisir », « avoir plus d'enfants » mais aussi « accueillir des personnes d'autres pays ».

« La France a sans doute plus besoin encore que ses voisins d'une démographie dynamique car son modèle social repose, pour beaucoup, sur la solidarité entre les générations », écrit-il encore, notamment à travers le système de financement par répartition des retraites et, au-delà, de l'action sociale et de tous les services publics.

Ce modèle est une « singularité française » fondée sur le principe du « tous pour chacun », et « la démographie devient la clé même de la durabilité et de la générosité du contrat social », poursuit François Bayrou.

« Il manquerait 40 à 50.000 naissances par an pour assurer le renouvellement des générations », lit-on dans la note du haut-commissariat.

Indice conjoncturel de la fécondité UE

Le rôle de l'immigration

« Contrairement à une idée reçue ou véhiculée, l'immigration n'est pas la cause de notre relative dynamique démographique », écrit le haut-commissaire, qui s'appuie sur l'Institut national des études démographiques (Ined) pour noter que « la croissance démographique est due pour les trois quarts au solde naturel ».

« Pour 2020, le solde migratoire est estimé de manière provisoire (à) +87.000 personnes », un chiffre à comparer avec le solde naturel (les naissances moins les décès) qui était de 149.000 en 2018 et 140.000 en 2019. En 2020, année marquée par le Covid-19, le solde naturel est estimé à 67.000.

« L'apport des migrations peut aider à améliorer le rapport actifs-retraités, et donc la capacité de financement de nos systèmes sociaux", ajoute François Bayrou, qui insiste: "Il faut accepter qu'elle y prenne sa part, mais celle-ci ne sera acceptée que si parallèlement les conditions sont réunies pour maintenir une ambition démographique dans notre pays ».

« Il faut une politique familiale qui permette aux gens d'avoir le nombre d'enfants qu'ils souhaitent », déclare François Bayrou, rappelant que « la dégradation de la natalité en France a été concomitante des mesures fiscales touchant notamment le quotient familial ».

Cela passe par l'amélioration de l'accueil de la petite enfance, la politique du logement, « le soutien aux mères de famille pour que leur carrière ne soit pas affectée par le fait qu'elles ont des enfants », insiste-t-il.

(Avec AFP)

Lire aussi 3 mnFace au vieillissement de la population, la Chine supprime la limite de deux enfants par couple

Commentaires 13
à écrit le 07/06/2021 à 23:25
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Il faudrait faire payer l'avortement déjà et mettre l'argent pour accueillir au maximum et aider les enfants. Responsabiliser et aider ceux qui n'ont rien demandé. Faire des français aimants du pays et limiter l'immigration pour stabiliser le système...

à écrit le 07/06/2021 à 21:39
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En France on ne construit pas des familles mais on produit des élevages subventionnés à partir de la 2ème portée... A quand le plafonnement des allocations familiales à 3 enfants pour financer et motiver les français à obtenir à minima un hériti...

à écrit le 07/06/2021 à 17:55
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Les dindons de la farce sont les propriétaires d'un véhicule Volkswagen en France, sur lequel était installé le logiciel trompeur et qui eux n'ont pas été indemnisés. Pourtant tous se trouvait dans le Code Pénal pour faire condamner Volkswagen, pour ...

à écrit le 07/06/2021 à 15:59
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« le modèle social repose, pour beaucoup, sur la solidarité entre les générations. », si c'était vrai, le système de retraite français ne serait pas conçu comme une pyramide de Ponzi. Dans un système solidaire et social, tous ceux ayant cotisé à plei...

à écrit le 07/06/2021 à 11:43
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La FRANCE est foutue, à quoi bon faire des bébés !!!!! laissons faire ceux qui entrent en France de toutes parts, eux ils savent faire.

le 07/06/2021 à 13:57
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Alors c'est déjà un peu mieux qu'en dessous mais il faudrait que tu recommences en évitant l'ironie parce que c'est franchement mauvais ton truc là... Avec le nombre de pseudos que tu as sous la main ça ne devrait pas poser de problème ! Allez coura...

le 07/06/2021 à 15:52
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Mettre un enfant au monde, c'est le condamné à une mort douloureuse certaine, par préméditation. Il me semble que c'est logique et d'actualité, puisque l'on est toujours contre l'euthanasie (sauf pour les animaux).

le 07/06/2021 à 16:46
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"Mettre un enfant au monde, c'est le condamné à une mort douloureuse certaine, par préméditation" En effet on est tous condamnés à ça mais on a tous tendance à l'oublier, par contre la douleur n'est pas systématique, et quant à la préméditation l...

à écrit le 07/06/2021 à 11:33
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La baisse se n'est pas grave avec toute les chances de la France qui arrivent dans notre pays eux ils ont l'habitude de faire beaucoup d'enfants dans leurs pays .

le 07/06/2021 à 13:20
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comme quoi, en disant l'inverse et tentant l'amalgame alors que ce n'est pas le cas par les chiffres , disons "eux" "ils" etc ne cache pas les idées qu'il y a derrière ! un french code qui dit tout de la pensée !!! Au fait, c'est qui eux?

à écrit le 07/06/2021 à 9:36
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La pire chose qui pourrait arriver à la France, serait une reprise de la natalité. Surtout qu'on sait que ce sont les familles les plus pauvres qui font le plus d'enfants

le 07/06/2021 à 9:40
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"Surtout qu'on sait que ce sont les familles les plus pauvres qui font le plus d'enfants " Tu peux rajouter les familles aisés qui ont entre 3 et 4 enfants.

à écrit le 07/06/2021 à 9:31
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"Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article. Soyez le premier à donner votre avis ! " Si si j'ai bien donné le mien mais il va encore falloir le reformuler afin de ne pas froisser les vierges effarouchées qui viennent ici prêc...

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