Le plan de bataille pour les investissements d'avenir se précise. Lors d'un déplacement en Essonne ce vendredi 8 janvier, le Premier ministre Jean Castex doit détailler les objectifs de cet arsenal dans les locaux de l'entreprise Exotrail, spécialisée dans les solutions de propulsion des satellites.
Ce programme d'investissement (initié sous le mandat de Nicolas Sarkozy au lendemain de la crise de 2008) a pour ambition de "financer des investissements innovants et prometteurs sur le territoire, afin de permettre à la France d'augmenter son potentiel de croissance et d'emplois", selon Matignon.
"Le quatrième volet de 20 milliards d'euros doit permettre la transformation de la France par l'innovation et de préparer la France de 2030", poursuit l'entourage du Premier ministre Jean Castex.
Contacté par téléphone, le secrétariat général de l'investissement précise que "plusieurs outils de financement existent. Il peut s'agir de subvention, d'avance remboursable. Tout dépend de la nature du projet, du niveau de maturité du projet dans le cadre de procédures compétitives et de la structure financée".
Actuellement empêtré dans une crise sanitaire et économique à rallonge, l'exécutif doit affronter les critiques sur sa gestion de la campagne vaccinale, souvent jugée trop lente et peu efficace. Dans ce contexte dégradé, le gouvernement a décidé de faire cette annonce des investissements d'avenir en grande pompe en conviant trois ministres lors de ce déplacement à Massy. Il s'agit du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, et de la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal.
Des secteurs stratégiques comme l'hydrogène seront prioritaires
Sur ces 20 milliards, 12,5 milliards d'euros doivent être fléchés vers des secteurs stratégiques jugés prioritaires par le gouvernement. Sans surprise, l'Etat veut mettre le paquet sur l'hydrogène comme il l'a déjà annoncé à plusieurs reprises.
L'objectif est de créer une filière compétitive d'hydrogène durable sur le territoire. Cette stratégie s'inscrit évidemment dans le contexte impérieux d'un changement de modèle.
"La transition écologique est un domaine dans lequel nous avons besoin d'investir beaucoup. Il y a un fort besoin d'innovations. Le programme d'investissement d'avenir 4 est un outil particulièrement utile pour faire émerger les solutions innovantes. Depuis 2010, le PIA a permis de soutenir 800 projets dans le domaine de la transition écologique et énergétique pour un montant de 3 milliards d'euros. Le quatrième PIA se fixe comme objectif qu'aucune dépense ne sera défavorable à l'environnement. 35% à 40% de l'enveloppe du PIA sera consacrée à la transition écologique", assure-t-on au gouvernement.
À cela s'ajoutent la cybersécurité, le quantique et l'enseignement et le numérique. Sur ce dernier thème, la pandémie a mis en lumière les failles de l'enseignement à distance, ses limites, et la nécessité d'avoir des outils adaptés pour parvenir à des objectifs pédagogiques réalistes. En effet, de nombreux enseignants et étudiants déplorent le manque de moyens et le décrochage massif d'une génération dans l'enseignement supérieur.
Faire de la France "le terreau le plus fertile et attractif en Europe"
L'État veut mettre l'accent sur l'innovation et les dépenses en recherche et développement. Ainsi, le gouvernement a décidé de consacré une seconde enveloppe de 7,5 milliards d'euros aux organismes d'enseignement supérieur (universités de recherche, laboratoires d'excellence), de recherche et d'innovation (instituts de recherche technologique).
Il s'agit de faire de la France "le terreau le plus fertile et attractif en Europe pour les étudiants, les enseignants, les chercheurs et les entrepreneurs", précise le dossier de presse. "Il s'agit d'aider des chercheurs en sciences fondamentales, des chercheurs qui veulent devenir entrepreneurs," ajoutent les services de Jean Castex.
Dans la compétition scientifique internationale, la France tente d'attirer des pointures sur des sites d'excellence, mais cette ambition ne doit pas faire oublier les nombreuses critiques exprimées actuellement sur la loi de programmation sur la recherche. Beaucoup de chercheurs regrettent notamment de faire toujours plus de démarches administratives pour monter des projets au détriment de la recherche.
Un comité de surveillance renouvelé
Jean Castex doit enfin annoncer le renouvellement du comité de surveillance pour la quatrième phase de ce plan d'investissement. Ce cénacle est composé de personnalités qualifiées telles que le patron de Thalès, Patrice Caine, ou encore la directrice de la recherche et développement chez Total, Marie-Noëlle Semeria.
Du côté des élus, figurent notamment le président de la région Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset, ou le député du Val-de-Marne, Laurent Saint-Martin. "C'est un programme d'investissement qui se veut territorialisé. Les collectivités doivent être associées à ces nouvelles stratégies", ajoute l'entourage de Jean Castex.