La confiance des Français se dégrade à nouveau. Selon la dernière enquête de conjoncture de l'Insee publiée ce mercredi 29 juillet, l'indicateur synthétique qui mesure la confiance des Français perd deux points entre juin et juillet passant de 94 à 96. Après avoir connu un frémissement entre mai et juin, cette nouvelle inflexion est de mauvaise augure pour l'économie tricolore. L'apparition de nouvelles zones de contamination en France et les craintes d'une seconde vague sur le territoire assombrissent un peu plus l'horizon économique et social. La vitesse de la reprise va dépendre en grande partie de l'évolution sanitaire dans les prochaines semaines et des avancées de la recherche pour trouver un vaccin. Si les conditions épidémiologiques se détériorent durant le reste de l'été, la récession qui frappe déjà de plein fouet certains secteurs risque de se prolonger à la rentrée.
Les Français envisagent d'épargner fortement
La pandémie qui a paralysé pendant plusieurs mois des pans entiers de l'économie tricolore a provoqué une chute brutale et rapide de la confiance des ménages français. Beaucoup de foyers, confinés pendant huit semaines, ont considérablement accru leur épargne en raison notamment de l'impossibilité d'aller consommer des biens durables et importants et par la multiplication des craintes (chômage, santé...).
Ce phénomène devrait se prolonger dans le temps. En effet, la proportion des ménages estimant que c'est une période favorable pour épargner a augmenté fortement passant de 14 points à 23 points entre juin et juillet. Cette part augmente pour le troisième mois consécutif.
Les économistes de la Banque de France estiment que le taux d'épargne des Français pourrait être proche de 20% au premier trimestre et atteindre un pic de l'ordre de 30% au second trimestre contre environ 15% environ en moyenne en 2019. Au total, les statisticiens de la banque centrale projettent que l'épargne des ménages serait supérieure de 100 milliards d'euros à leur estimation antérieure à la crise pour l'année 2020.
Les Français redoutent une baisse du niveau de vie
La récession entraînée par la pandémie a alimenté les craintes chez de nombreux ménages français. Si les mesures d'activité partielle, les nombreux prêts garantis par l'État (PGE) et les fonds d'indemnisation pour les indépendants ont permis dans un premier temps de limiter la casse économique et sociale, la levée progressive des mesures de confinement, le durcissement des règles d'activité partielle, le maintien de certaines frontières et la limitation des déplacements pour certains touristes étrangers (États-Unis...) ont déjà provoqué de multiples licenciements et fermetures d'entreprises.
Résultat, la proportion des Français qui jugent que le niveau de vie en France s'est amélioré au cours des douze derniers mois chute fortement pour le troisième mois consécutif. Le solde perd 9 points, passant de -57 à -66 avec un niveau bien inférieur à celui de sa moyenne de long terme.
En outre, les craintes relatives au chômage chez les Français demeurent à un niveau élevé même s'il baisse légèrement. Le solde perd deux points (78 en juin à 76) mais il reste à un niveau très marqué par rapport à sa situation de long terme. Avec le fort repli de la croissance durant les derniers mois, le spectre du chômage de masse ressurgit de nouveau.
La baisse de la consommation pourrait plomber la croissance
Le pessimisme durable des ménages pourrait peser sur la croissance à moyen terme. Dans leur enquête, les statisticiens de l'Insee notent qu'en juillet, "la part des ménages estimant qu'il est opportun de faire des achats importants baisse légèrement : le solde correspondant perd un point et passe juste en dessous de sa moyenne de longue période". Or, le poids de la consommation dans l'économie tricolore est très important (plus de la moitié du PIB). En outre, la contribution des dépenses de consommation des ménages à la croissance est largement positive. Si la consommation se met à ralentir durablement, beaucoup de secteurs risquent encore de souffrir alimentant une spirale récessive redoutable.