Les tensions sur le marché du travail au plus haut depuis 2011

Le pic de tension enregistré l'année dernière traduit une forte baisse de la main d'oeuvre disponible alors que les besoins en recrutement ont continué d'augmenter. Avec la récession qui frappe actuellement l'économie française, cette tension devrait rapidement redescendre selon les services statistiques du ministère du Travail.
Grégoire Normand
Dans les métiers du bâtiment, les tensions sur le marché du travail étaient particulièrement vives en 2019.
Dans les métiers du bâtiment, les tensions sur le marché du travail étaient particulièrement vives en 2019. (Crédits : Reuters)

Conditions de travail contraignantes, inadéquation géographique, manque de qualification...la pénurie de main d'oeuvre demeure un problème récurrent pour les chefs d'entreprise. Dans une enquête rendue publique ce jeudi par la direction statistique du ministère du Travail (Dares), ces tensions ont atteint un pic en 2019. Selon un indicateur qui prend en compte plusieurs paramètres comme le manque de main d'oeuvre disponible ou la part des projets de recrutement déclarée comme difficile, les tensions sont passées de -0,25 à +0,5 entre 2015 et 2019. Après avoir connu une forte baisse entre 2012 et 2015, les indicateurs sont repassés dans le rouge en raison notamment d'une amélioration du marché du travail et d'un redressement de l'économie. Entre 2015 et 2019, plus de 1 million d'emplois ont été crées et le chômage a clairement diminué passant de 10,3% à 8,1% de la population active fin 2019.

Pour 2020, la crise pourrait assombrir l'horizon de ces perspectives. "Les tensions sont au sommet en 2019. En 2020, on suppose qu'il y aura moins de déséquilibres. Il va y avoir moins de difficultés de recrutement. Les entreprises déclarent moins de difficultés dans les enquêtes pour cette année. La crise ne va avoir le même impact sur l'ensemble des secteurs. La tension est redescendue pour certains métiers" a rappelé Thomas Vroylandt de chez Pôle emploi lors d'un point presse ce jeudi. La récession en cours pourrait en effet inverser la tendance. "Les tensions se définissent lorsque le nombre de postes à pourvoir dépasse le nombre de candidats disponibles. Cela peut avoir des conséquences pour les clients, les entreprises et l'économie en général" a expliqué Thomas Vroylandt . Pour de nombreux secteurs, l'explosion du chômage pourrait accroître le nombre de candidats pour un même poste.

Le bâtiment et l'industrie sous pression

Les statisticiens ont passé au crible les secteurs et les métiers qui étaient les plus en tension ces dernières années. Il apparaît que ces obstacles sont particulièrement visibles dans le bâtiment et l'industrie. Ces difficultés peuvent s'expliquer par un manque de main d'oeuvre disponible pour l'industrie et une forte intensité d'embauche pour le bâtiment. Dans les deux cas, des aspects liés à la formation visibles dans l'indicateur illustrent le manque de main d'oeuvre compétente.

Dans l'agriculture et les services, les tensions étaient inférieures à la moyenne en 2019. "Toutefois, l'agriculture se distingue très nettement. L'intensité d'embauche y est nettement plus importante que dans chacun des autres grands domaines et les conditions d'emploi et de travail y sont moins favorables" signalent les auteurs de l'étude Moustapha Niang (Dares) et Thomas Vroylandt.

Des métiers très spécifique sous tension

Parmi les 30 métiers étudiés par les auteurs de l'enquête, le niveau de tension (3,4) est le plus élevé pour les dessinateurs en électricité et en électronique. Viennent ensuite les techniciens en mécanique et travail des métaux (2,7) et les ingénieurs du bâtiment, les chefs de chantier et conducteurs de travaux (2,6).

En bas de tableau, apparaissent les ingénieurs et cadres de fabrication et de production (1,3), les techniciens et chargés d'études du bâtiment (1,3) et enfin les conducteurs routiers (1,3 également).

Informatique : la panne sèche

Sans surprise, les entreprises de technologie et celles spécialisées en informatique ont toujours plus de difficultés à recruter. "Le métier d'ingénieurs et cadres d'étude, recherche et développement en informatique, chefs de projets informatiques, ressort avec un niveau de tension parmi les plus élevés en 2019 (2 points au-dessus de la moyenne" précise l'étude. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce niveau élevé de difficultés. L'attractivité des métiers s'explique en partie par des conditions d'emploi favorables (stabilité, contrat à durée indéterminée) et des rémunération parfois confortables au regard d'autres métiers. En outre, le nombre de candidats est relativement réduit malgré la montée en puissance des effectifs dans ces formations. "Cette relative pénurie se combine à un lien très fort entre la spécialité de formation et l'emploi occupé, les études pour devenir ingénieur de l'informatique étant longues et spécifiques".

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 08/10/2020 à 23:06
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Vous réalisez que publier cet article portant sur la situation de 2019 au moment même où il y a eu en quelques mois près de 800 000 chômeurs en plus et que la principale préoccupation des entreprises n'est plus vraiment de trouver des salariés à emba...

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