Un million de personnes ont pu être vaccinées contre le coronavirus en France, où des règles plus strictes aux frontières sont entrées en vigueur dimanche, une mesure supplémentaire pour tenter de contrôler l'épidémie et d'éviter un troisième confinement.
Présenter un test PCR négatif est devenu obligatoire pour les voyageurs en provenance de l'Union européenne (UE) dans les ports et aéroports français. L'obligation de présenter un test négatif réalisé 72 heures avant s'appliquait déjà depuis la mi-janvier aux voyageurs en provenance des autres pays.
Les contrôles ont lieu dans les ports et aéroports principalement, soit actuellement quelque 62.000 personnes par semaine selon le ministre délégué chargé des Transports Jean-Baptiste Djebbari. Mais les travailleurs frontaliers et le transport terrestre sont exemptés.
A Roissy-Charles-de-Gaulle, où des barnums destinés aux tests ont été installés au terminal qui regroupe les vols européens, cette nouvelle règle "ne va pas changer grand chose", a expliqué une source aéroportuaire à l'AFP.
La plupart de ces voyageurs ont déjà un test, les autres pourront effectuer un test antigénique sur place, et "la seule inconnue sera le temps d'attente", a-t-elle précisé.
Cette nouvelle mesure entre en vigueur alors que la pression hospitalière reste forte : samedi 25.800 patients étaient hospitalisés, dont près de 2.900 en réanimation.
Objectif 15 millions de vaccinés d'ici juin
Sur le front du vaccin, le Premier ministre Jean Castex a pu se réjouir samedi que le pays ait franchi le seuil du million de vaccinés contre le virus responsable du Covid-19, au moins avec une première injection. Fixé pour la fin janvier, ce palier a été franchi quatre semaines après le début de la campagne française de vaccination.
Ces vaccinés font partie des publics prioritaires (personnes âgées en EHPAD ou de plus de 75 ans, soignants de plus de 50 ans...), et le taux de vaccination de la population s'échelonne de 0,2% en Guyane à 2,3% en Bourgogne-Franche-Comté.
Au-delà, sa ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher s'est dite "raisonnablement confiante" que la France dépasse son objectif de vacciner "15 millions de personnes" d'ici au mois de juin, et a tenu à rassurer sur les livraisons de doses: plus de 1,9 million ont déjà été reçues.
En attendant, le rythme actuel ne suffira pas à faire face au virus et à ses variants ? "L'urgence absolue est de vacciner les plus fragiles avec les vaccins dont on dispose pour les protéger contre la maladie", estime le médecin Yves Lévy, directeur de l'Institut de recherche vaccinale (VRI) au CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), dans une interview au JDD. "On peut penser (que ces vaccins) vont rester en partie efficaces" face aux nouveaux variants, a-t-il ajouté.
"Cependant, cela pose la question à long terme de la nécessité d'adapter les vaccins aux mutations déjà apparues ou à venir. Il faut donc nous préparer à l'éventualité de devoir revacciner de façon régulière. Et donc, sans doute, à mettre au point de nouveaux vaccins, comme nous le faisons chaque année pour la grippe", a-t-il ajouté.
Face aux variants, "le confinement reste l'arme la plus efficace"
Pour lui, l'idée d'atteindre une "immunité de groupe" est "illusoire" et bloquer l'arrivée du mutant anglais est "mission impossible". Face aux variants, "le confinement reste l'arme la plus efficace", affirme ce spécialiste. Le verdict sur les effets du couvre-feu tombera la semaine prochaine, a indiqué au Parisien dimanche le ministre de la Santé. "Si ça ne baisse pas, si les variants commencent à se diffuser partout, alors on prendra des mesures supplémentaires, évidemment". "Et cela s'appelle le confinement", ajoute-t-il. "Si on voit que le virus se remet à progresser fortement, on ferme. On le fera si on n'a pas le choix", poursuit Olivier Véran. "Celui qu'on a instauré en octobre a été efficace. Mais je peux vous dire qu'il n'y a pas de plan caché, ni de scénario préécrit".
Sur les ratés de de la campagne vaccinale, le ministre a assuré qu'il n'y aurait plus de "mauvaise expérience" dans la répartition des doses de vaccins par centre de vaccination. "Dès ce début de semaine, les Français sauront sur le site www.data.gouv.fr, de combien de vaccins dispose chaque centre et le nombre de rendez-vous déjà pris. Cela va grandement faciliter les choses", promet-il.
Interrogé sur la mise en place d'un passeport vaccinal, le ministre a estimé que pour l'heure "la question ne se pos[ait] pas car tout le monde n'a pas encore accès au vaccin, et on ne sait pas s'il empêche la transmission". Mais "dans quelques mois quand les choses auront évolué, on ne pourra pas priver les Français de ce débat", estime le ministre.
Se félicitant d'un "taux d'adhésion" à la vaccination supérieur aux attentes - "on espérait 70% d'adhésion dans les Ehpad, on est au-dessus", tout comme pour les soignants "où l'on misait sur 50%" - Olivier Véran anticipe un taux de couverture vaccinale "très élevé". Cette semaine, il a assuré que fin août, tous les 70 millions de Français pourraient avoir été protégés.
Evoquant la question du désarroi des étudiants, le ministre a annoncé travailler à la mise en place d'un dispositif de "premiers secours en santé mentale". "Huit facultés le proposent aujourd'hui, je veux le généraliser, y compris dans le monde de l'entreprise", a-t-il précisé.
Continuité scolaire promet Blanquer
A l'heure actuelle, "la situation permet la continuité scolaire. Mais nous sommes vigilants", a assuré de son côté le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer au JDD. "Tout notre travail consiste à éviter cette hypothèse (d'une fermeture des établissements), même si elle reste concevable en cas de nécessité absolue. L'école reste essentielle pour nos enfants", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a par ailleurs lancé une troisième campagne de distribution de masques pour les personnes précaires. Au total, 45 millions de masques, lavables 50 fois, sont envoyés jusqu'à la fin février par La Poste à 7,3 millions de bénéficiaires de la complémentaires santé solidaire, avec des tailles adaptées pour les enfants.