Patrimoine : Villers-Cotterêts, un musée très politique

Voulue par Emmanuel Macron, la Cité internationale de la langue française ouvre ses portes dans les Hauts-de-France.
Emmanuel Macron au château de Villers-Cotterêts, en 2021.
Emmanuel Macron au château de Villers-Cotterêts, en 2021. (Crédits : ⓒ Eliot Blondet/ABACA)

Si je suis élu, je ferai quelque chose pour ce château. » Emmanuel Macron honore la promesse formulée il y a six ans lors de sa première campagne présidentielle. Il inaugure demain la Cité internationale de la langue française, installée dans l'imposant logis royal de Villers-Cotterêts, fraîchement rénové des caves au grenier. Pour le chef de l'État, il s'agit de présenter enfin « son » monument, celui qu'il va léguer à la postérité, au même titre que la pyramide du Louvre pour François Mitterrand ou le musée du Quai Branly pour Jacques Chirac. Une manière de s'inscrire dans une lignée de présidents bâtisseurs et épris de culture. Même si, comme le souligne l'Élysée, il s'agit « du premier projet porté personnellement par un chef de l'État qui soit implanté en dehors de la capitale ».

Autre différence, pas de geste architectural, cette cité présentée comme une « maison commune » de la langue s'installe dans un lieu préexistant, un majestueux château Renaissance, qui, après avoir subi diverses avanies depuis la Révolution, dont sa transformation en maison de retraite, était à l'abandon. « Un scandale patrimonial », s'était ému Philippe Bélaval, ancien président du Centre des monuments nationaux, devenu conseiller spécial culture à l'Élysée où il a veillé de près à l'avancement des travaux. Le lieu est hautement symbolique : c'est ici que François Ier a ratifié en 1539 la célèbre ordonnance de Villers-Cotterêts, imposant le français dans les actes administratifs et juridiques - « un acte fondateur de l'identité nationale », souffle-t-on encore à l'Élysée.

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Un budget de 210 millions d'euros

Voilà qui méritait bien ce projet colossal chiffré à 210 millions d'euros. Au départ, une esquisse plus modeste avait été proposée à Emmanuel Macron, mais celui-ci l'avait retoquée. « Je veux un projet de grande ambition, occupant tout le château et mettant en valeur le rôle de la langue française », a-t-il expliqué. Il a fallu composer avec l'humidité des lieux, le retard pris en raison du Covid, l'effondrement intempestif d'un mur en 2021...

Le legs d'Emmanuel Macron n'est pas seulement cimenté par la culture. Dans le sud-ouest du département de l'Aisne, à cinquante minutes de la gare du Nord à Paris en train express régional, Villers-Cotterêts est une commune conquise par le Front national dès 2014, située au cœur d'une circonscription remportée par le parti de Jordan Bardella en 2022. Or, à en croire l'entourage du Président, la Cité internationale de la langue française serait à elle toute seule un antidote contre le RN. « C'est tout le contraire d'un projet de repli national », insiste-t-on en rappelant les objectifs du lieu : « D'abord il s'agit de pacifier les mémoires. Rappeler que la langue est un facteur d'unité mais aussi que son expansion à l'international s'est faite via le colonialisme, ensuite cela permet de redonner de l'attractivité à un territoire et de la fierté à ses habitants via le patrimoine. » Première conséquence positive pour les 10 000 habitants de cette ville connue pour abriter aussi la maison natale d'Alexandre Dumas : la desserte ferroviaire doit être renforcée. De quoi lutter contre le désenclavement, l'un des facteurs du vote Rassemblement national.

Commentaire 1
à écrit le 30/10/2023 à 8:37
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Ça y est, il a décidé de cesser de parler anglais ? Finalement, on a une culture en France ? Quid de l'application de la loi Toubon à l'heure où il y a de l'anglais partout même à la radio publique ?

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