Plus diplômées, moins bien payées : le grand paradoxe des femmes françaises

Les filles ont beau avoir de meilleurs résultats que les garçons à l'école, être plus diplômées, elles ont des carrières professionnelles moins rémunératrices. Par exemple, elles ne représentent que 43 % des emplois de cadres en France dans le secteur privé. L'Insee a passé au crible différents indicateurs.... la situation progresse, mais lentement. Beaucoup trop lentement. Explications.
Fanny Guinochet
En france les inégalités au travail se réduisent lentement
En france les inégalités au travail se réduisent lentement (Crédits : iStock)

L'inégalité entre les hommes et les femmes commence très tôt. Dès la classe de cours préparatoire CP, les filles sont meilleures élèves que les garçons, elles sont moins souvent en retard scolaire. Au brevet des collèges en 2020, l'écart de réussite est de 6 points en leur faveur, idem pour le baccalauréat, 85 % l'obtiennent contre 74 % des garçons. Enfin, 42 % des jeunes femmes sortent de leurs études avec un diplôme supérieur en poche, contre 37 % des hommes. Reste, qu'elles s'orientent plus souvent vers les sciences humaines, le médico-social quand les garçons privilégient des parcours balisées par les mathématiques, réputés plus prestigieux. Mais malgré leur bagage, les filles ont plus de difficultés à s'insérer dans le monde du travail. Elles se voient proposer plus souvent des contrats précaires, à durée limitée, davantage à temps partiel. C'est une constante quel que soit l'âge : il y a trois fois plus de temps partiel chez les femmes en France.

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Malgré leurs résultats scolaires, les femmes occupent plus souvent des emplois peu ou pas qualifiés. Ainsi, en 2020, 23,5% d'entre elles sont employées ou ouvrières non qualifiées contre 14,3 % des hommes. Résultat : elles ont des revenus salariaux annuels inférieurs de 22% par rapport aux hommes.

Cette différence tient en grande partie au fait qu'elles travaillent moins qu'eux dans l'année. Et quand elles travaillent, c'est plus fréquemment à temps partiel. Ainsi, en 2019, pour les femmes salariées à temps complet, la durée annuelle effectivement travaillée est en moyenne de 1.611 heures contre 1.735 heures pour les hommes, soit 7% de moins, note l'Insee.

Autre élément d'explication : elles évoluent dans des secteurs professionnels, notamment les services où le temps partiel est plus répandu : commerce, emplois des services à la personne, propreté...etc

La maternité continue de pénaliser l'activité professionnelle des femmes

L'arrivée des enfants est l'un des principaux freins à leur progression de carrière. Les femmes supportent en effet davantage les taches ménagères et domestiques que les hommes. De fait, elles vont réduire leur temps de travail, stopper plus souvent que les pères leur carrière...

En revanche, la paternité ne change rien aux parcours professionnels des hommes. L'Insee relève ainsi que cinq ans après la naissance d'un enfant, la rémunération des femmes chute de 25 % en moyenne alors que la fiche de paie des hommes qui occupent le même type de poste continue d'évoluer à la hausse.

Le fameux plafond de verre a bien dû mal à exploser

Mais les écarts de salaire tiennent aussi à la difficulté que les femmes ont à accéder aux emplois les mieux rémunérés. Même plus diplômées, les femmes représentent la majorité des employés et des professions intermédiaires, alors que les hommes sont majoritaires parmi les cadres.

Quant à occuper un poste parmi les 5% les mieux payés, c'est deux fois moins probable pour une femme que pour un homme. Et plus on monte dans l'échelle professionnelle, et plus les hommes sont surreprésentés : parmi le 1% des postes les mieux rémunérés, en France, on trouve à peine 19% de femmes. Certains verront là l'effet d'une forme d'autocensure dont les femmes sont coutumières, mais cet argument est loin d'être fondé.

Mécaniquement, ces carrières hachées, ces écarts de salaries, ces inégalités de progression se répercutent sur les pensions de retraite. L'Insee observe un différentiel de 24% du niveau des retraites des femmes entre les hommes et les femmes. Si la pension moyenne des femmes s'élève à 1.272 euros nets mensuels, les hommes eux touchent 1.674 euros.

Une situation qui progresse lentement

Mais ce que met surtout en exergue l'Insee, c'est la lenteur avec laquelle ces écarts se réduisent. Certes, les femmes représentent aujourd'hui 43% des cadres contre 21% en 1982. Certes, entre 1995 et 2019, l'écart de revenu salarial entre les femmes et les hommes s'est réduit de 5 points. Certes, avec la hausse de l'activité féminine, les retraites des femmes ont tendance à progresser. Mais, les habitudes ont la vie dure, et il n'y a pas eu, malgré les lois, mais aussi les actions de sensibilisation publiques, d'importants renversements.

Enfin, la crise du Covid n'a rien arrangé. Les femmes ont été plus souvent sanctionnées par les pertes d'emploi que les hommes. Comme elles travaillent plus fréquemment dans les services, le tourisme, le commerce, la restauration - beaucoup plus frappés par la pandémie que l'industrie - elles ont aussi plus souvent perdu au niveau du salaire. Dans l'industrie, plus masculine, le niveau de rémunération a été maintenu, grâce au chômage partiel.

Emmanuel Macron avait voulu faire de son quinquennat, une grande cause nationale de l'égalité homme-femme, mais il n'aura pas réussi à changer la donne. Cela tient à la situation particulière de la crise sanitaire, mais aussi aux mentalités.... Il faudra certainement plusieurs décennies encore pour que l'égalité entre les hommes et les femmes soit effective.

Fanny Guinochet
Commentaires 3
à écrit le 04/03/2022 à 15:52
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Le système scolaire actuel favorise les personnes qui se plient facilement et qui se formatent sans brocher. Par contre dans le monde du travail c'est l'initiative, l'innovation et la prise de risque qui sont le mieux payé . Et pas de chance les f...

à écrit le 04/03/2022 à 8:05
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IL y a deja une confusion entre salaire/revenz et diplome. SI vous avez un bac +5 en pdycho ou en informatique, c est un bac+5 mais ca rapporte pas la meme chose. Et meme si on reste en informatqiue, un commercial en SSII va encaisser bein plus que l...

à écrit le 04/03/2022 à 1:07
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En d'autres termes les femmes disposent de qualifications en carton tout juste bons pour passer la serpillère dans les hôpitaux publics. Manifestement les femmes n'ont pas les mêmes ambitions professionnelles que les hommes qui préfèrent la comp...

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