Pourquoi l'emploi résiste malgré le coup de frein de l'activité

Selon la Dares, qui dépend du ministère du Travail, les embauches se sont accélérées au second trimestre 2022. Dans sa dernière note de conjoncture de l'Insee, au milieu des prévisions sombres, pour la fin de l'année, un indicateur se maintient : celui de l'emploi. Alors que l'activité ralentit, pourquoi le taux de chômage ne s'envole-t-il pas ? Explications.
Fanny Guinochet
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

C'est une situation un peu inédite. La croissance se réduit, l'activité ralentit et pourtant l'emploi se maintient. Preuve en est, la dernière note de la Dares, le service statistiques du ministère du Travail, qui enregistre 6 615 100 contrats de travail signés dans le privé au deuxième trimestre 2022, soit une hausse de 6, 1 % par rapport au premier trimestre et même 8,1% de mieux qu'au quatrième trimestre de 2019, avant le Covid.

Le nombre d'embauches en contrat à durée déterminée progresse de façon encore plus marquée, note encore la Dares, avec une hausse de 7,3 %. En revanche, le nombre de CDI signés marque le pas, la progression s'élève à peine à 0,4%. Et il est intéressant de noter que les recrutements ont surtout lieu dans les TPE, et entreprises de moins de 50 salariés. Enfin, si l'emploi tertiaire est en forte hausse, l'industrie et la construction accusent plutôt un repli. Mais dans toutes les régions, l'emploi salarié est au-dessus de son niveau d'avant crise.

Des créations nettes d'emplois toujours en hausse

Cette bonne résistance de l'emploi apparait aussi dans la note de conjoncture publiée par l'Insee, ce jeudi 6 octobre. En effet, l'Institut national de la statistique économique table sur un solde positif à la fin de l'année de plus de 305.000 emplois crées. Ce bon résultat s'explique par la création nette d'emplois - 187.000 au 1er semestre et 58.000 au second-.

La crise sanitaire a rebattu les cartes : les employeurs n'ont pas réussi à combler les besoins de main d'oeuvre. Des secteurs entiers, comme l'aérien, l'hôtellerie-restauration, le transport cherchent à reconstituer leurs équipes. Sans compter les nouveaux secteurs qui ont besoin de nouvelles compétences, c'est notamment le cas des métiers de la transition écologique, de la data, de la cybersécurité ...

Et il leur faut s'adapter aux nouvelles demandes de la clientèle mais aussi des salariés. Ainsi, par exemple, dans les boutiques de téléphonie, il est devenu très difficile de trouver des jeunes qui acceptent de travailler le samedi. « Nous n'avons jamais vu ça... il est devenu très compliqué d'avoir des vendeurs le week-end », relate un membre de la direction de Bouygues.

Même casse-tête dans de nombreuses entreprises concernant le télétravail pour les cadres : « Aujourd'hui, si vous n'avez pas des propositions en la matière, les gens ne viennent pas », plaide Benoit Serre, le vice-président de l'Andhr, l'Association nationale des directeurs de ressources humaines.

Aussi, la pénurie de main-d'oeuvre reste-t-elle le premier sujet de préoccupation des employeurs. Alors que l'Insee prédit une croissance annuelle de 2,6% pour 2022, - dont 0,2% au troisième trimestre, et zéro au quatrième -, le taux de chômage se maintiendrait à 7,4 %.

Merci les contrats d'alternance !

Entre aussi en ligne de compte la progression des contrats d'alternance et d'apprentissage, dopés par les aides gouvernementales. Alors que les entreprises sont massivement soutenues pour embaucher des jeunes en alternance - les primes versées vont entre 5 000 et 8 000 euros-, le sujet a fait polémique au sein de la classe politique. Conséquence : le gouvernement prévoit dans le budget de 2023 de réduire son soutien. « Je caricature, mais ça suffit de donner de l'argent à la société générale ou à la BNP qui se portent très bien pour qu'ils embauchent des alternants HEC ! », s'agace en coulisse un ministre.

Selon l'Insee, rien que pour le troisième trimestre - qui correspond à la rentrée universitaire - ces contrats représentent un tiers des emplois crées.

Dans ce contexte, les économistes refusent de parler de grande démission.

Fanny Guinochet
Commentaire 1
à écrit le 07/10/2022 à 19:56
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Selon la Dares, qui dépend du ministère du Travail et donc d'Olivier Dussopt ministre du Travail ,la boucle est bouclée.

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