Pourquoi le gouvernement mise sur une baisse de l'inflation en 2023

Le ministre de l'Économie l'a répété : l'inflation doit refluer en 2023 après près de deux ans de hausse durant la crise du Covid-19. Dans un contexte international incertain, sur quels éléments le gouvernement et l'Insee basent-ils leur prédiction ?
D'après l'Insee, l'inflation sur les produites alimentaires resterait globalement stable jusqu'en juin.
D'après l'Insee, l'inflation sur les produites alimentaires resterait globalement stable jusqu'en juin. (Crédits : ANDREW KELLY)

La prédiction peut paraître inattendue dans un contexte international incertain. Mais Bruno Le Maire l'a rappelé ce lundi 20 février : « Je maintiens que (...) vers la mi-2023, l'inflation devrait refluer dans notre pays ». Une prévision qu'il avait déjà formulé l'été dernier. A l'époque, le gouvernement se félicitait aussi d'être « le pays de l'UE où l'inflation est la plus faible, après avoir vécu « le plus dur ». Six mois plus tard, sur quoi le gouvernement base-t-il ce scénario de reflux ?

Le pronostic est d'autant plus étonnant qu'en janvier, la France a atteint à son tour les +6% d'inflation sur un an, selon l'Insee. Elle est même à rebours de la tendance de la zone euro, où globalement l'inflation a reculé pour le troisième mois consécutif, s'établissant à 8,5%. Et d'autres pays, tel l'Italie, présente même une inflation en repli.

Les tarifs de l'énergie doivent continuer de baisser

L'une des raisons est que Bercy a progressivement coupé le robinet des aides. Après avoir atteint 5,9% sur un an en décembre, cette légère accélération s'explique en effet par la fin de la ristourne généralisée à la pompe entrainant l'augmentation des prix des produits pétroliers, ainsi que la limite d'un plafond de 15% décidé par le gouvernement pour les tarifs réglementés, entrainant celle des prix du gaz, a détaillé l'Insee.

« Les boucliers tarifaires ont coûté cher à l'Etat et aux contribuables mais ils ont ralenti l'inflation en France », confirme Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Asterès.

Depuis, cette inflation non sous-jacente, c'est-à-dire celle sur les prix non transitoires, de long terme (hausse du coût de l'énergie et des matières premières liée à la guerre en Ukraine, contexte post Covid qui a augmenté considérablement la masse monétaire dans l'économie) confirme les dires du gouvernement.

« Le scénario central est bien celui d'une baisse du taux d'inflation - évidemment sauf si la guerre en Ukraine s'intensifie ou si de nouvelles tensions apparaissent avec l'Iran. Dans l'ensemble, on constate que les prix du gaz sont en dessous de 50 euros le mégawattheure quand ils étaient à 300 euros en août, de même pour les prix du pétrole ou du fret qui ont tendance à s'atténuer », abonde Sylvain Bersinger.

Une inflation sur les produits alimentaires ?

Quid de l'inflation hors énergie ? Le risque d'un « mars rouge », lancé dans l'arène politique par la grande distribution, en pleines négociations sur les prix dans les supermarchés avec les producteurs, ne va-t-il pas encore affoler les compteurs ?

La hausse des prix de l'alimentaire a atteint 13,2 % en glissement annuel en janvier 2023. Or, d'après l'Insee, ce taux devrait rester globalement stable jusqu'en juin.

Le cabinet Asterès ne croit pas non plus à une accélération. Car selon lui, les prix de l'alimentaire ne pèsent « qu'une petite partie des dépenses des Français ». Ensuite, « l'alimentation ne représente que 16 % de l'Indice des prix à la consommation », souligne le cabinet.

Cet effet de loupe permet au gouvernement de privilégier le scénario d'un ralentissement de l'inflation. Elle s'afficherait à 5 % en glissement annuel en juin (et 5,2 % en mars), selon l'Insee. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire persiste donc et signe lundi 20 février : « Il n'y aura pas de mars rouge, il n'y a aucune raison qu'il y ait de mars rouge », a martelé le ministre sur BFMTV en référence aux craintes d'une flambée des prix après les négociations annuelles des supermarchés. Et ce, même si, selon la grande distribution, les hausses demandées sont « délirantes », à hauteur de 20%, a fustigé dans une interview au Figaro Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour. Cette inflation ne devrait avoir qu'un effet marginal sur une inflation qui, si elle est en recul, se fera toujours sentir en raison de son niveau élevé.

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