Les résultats définitifs sont tombés dans la nuit de dimanche à lundi 25 avril : Emmanuel Macron a été réélu président de la République avec 58,54% des suffrages exprimés contre 41,46% pour la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen. Le chef de l'Etat n'en a pas pour autant terminé avec les obligations liées à sa fonction.
Une proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel dès le 27 avril
Dès mercredi 27 avril, le Conseil constitutionnel, chargé de veiller à la régularité de l'élection présidentielle en application de l'article 58 de la Constitution, devrait proclamer les résultats du second tour de scrutin par la voix de son président Laurent Fabius. Depuis ce lundi 25 avril, les "sages" de la rue Montpensier examinent en effet l'ensemble des procès-verbaux de recensement transmis par les services de l'Etat.
"Dans le cas où le président se succède à lui-même, la démission du Premier ministre en fonctions et la nomination du nouveau Premier ministre interviennent rapidement, avant même la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel", écrit ce dernier sur son site Internet.
Autrement dit, en théorie, Emmanuel Macron peut procéder, sans délai, à la nomination de son bras droit à Matignon. "Le président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement", selon les termes de l'article 8 de la Constitution.
Une cérémonie solennelle d'investiture avant le 13 mai
D'autant qu'après la proclamation par le Conseil constitutionnel, "laquelle fait corps avec la décision recensant les suffrages au niveau national et tranchant les réclamations", une cérémonie solennelle d'investiture, "réduite au minimum", se déroulera au palais de l'Elysée.
Après avoir traversé la Cour d'honneur puis passé devant un détachement de la Garde républicaine, dont l'Orchestre de chambre interprètera "une marche solennelle", le président proclamé élu entre alors à l'intérieur avec son Premier ministre, le président de l'Assemblée nationale (Richard Ferrand, Ndlr) et le président du Sénat (Gérard Larcher).
Le président du Conseil constitutionnel lit la décision de proclamation, marquant l'heure précise du nouveau mandat. Le grand chancelier de la Légion d'Honneur présente ensuite le collier de grand maître de l'Ordre au chef de l'Etat. Investi des pouvoirs, Emmanuel Macron peut prononcer une allocution en direct de la salle des Fêtes.
A l'issue de cette cérémonie, le président de la République se rend sur la terrasse du parc avec son Premier ministre et les présidents des deux chambres, où les honneurs militaires lui sont rendus par la Garde Républicaine. Elle joue alors la Marseillaise sous le drapeau tricolore et tire 21 coups de canon.
Beaucoup de noms circulent pour Matignon
En réalité, selon nos informations, Jean Castex devrait remettre sa démission ainsi que celle du gouvernement, entre la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel et la cérémonie d'investiture au "Château". Cette dernière se tiendra, selon toute vraisemblance, tôt dans la semaine du 2 mai. L'exécutif veut aller vite sans attendre la semaine suivante. Le 9 mai marque le jour du défilé de l'armée russe à Moscou, et le 13 mai, la fin officielle du mandat 2017-2022.
Dans l'intervalle, beaucoup de noms circulent pour le poste de Premier ministre. A commencer par celui du "clone" du chef de l'Etat, Julien Denormandie, "dircab" adjoint du ministre Macron à Bercy, avant d'être nommé, tour à tour, secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires, ministre du Logement, ministre de l'Agriculture et enfin directeur de campagne du président-candidat.
Ce serait négliger le "souhait [d'Emmanuel Macron] d'une nomination féminine à Matignon", évoqué par le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune ce 25 avril sur BFMTV. Celle dont le nom a le plus circulé la semaine dernière a toutefois estimé sur RTL que "ce n'[était] pas le sujet".
"Je pense que ce qui est important c'est d'entendre le message des Français, leurs inquiétudes sur le pouvoir d'achat, leurs attentes sur l'écologie. Et je n'ai pas de doute qu'Emmanuel Macron trouvera l'équipe pour mener ce projet", a poursuivi Elisabeth Borne, ministre du Travail.
Une personnalité "débranchable" en cas d'échec aux législatives
Toujours est-il que le nom de Caroline Cayeux, maire (ex-LR) de Beauvais (Oise), présidente de l'association d'élus Villes de France - qui représente les villes moyennes - et présidente de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), revient lui aussi. Idem avec ceux de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne ou de Nathalie Kosciusko-Morizet, elle aussi ancienne ministre de Nicolas Sarkozy.
Sans oublier la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher. Cette dernière présente en effet l'avantage de s'inscrire dans la continuité de l'action entreprise il y a cinq ans, tout en pouvant incarner la rupture avec l'actuel Premier ministre Jean Castex. D'aucuns citent encore des femmes socialistes macron-compatibles, mais aussi des grandes cheffes d'entreprises ainsi que des directrices d'administration centrale.
Reste que, quelle que soit la personnalité nommée à Matignon, elle devra être "débranchable" en juillet, c'est-à-dire capable de tirer sa révérence avant l'été en cas d'échec aux élections législatives des 12 et 19 juin. Une chose est sûre: le président Macron reste le maître des horloges.