Du nouveau à la tête de Force ouvrière. Yves Veyrier, 60 ans, a été élu, jeudi, numéro un de Force ouvrière (FO). Le sexagénaire, membre le plus ancien du bureau confédéral (direction) où il siège depuis 2004 a remporté 2.720 voix, soit 45,75% des votes exprimésµ. Il devance Christien Grolier, patron de la fonction publique, qui obtient, pour sa part, 2.577 voix (43,35%) et Patrice Clos, numéro un de la fédération des transports (10,9%). Les tractations pour élire le secrétaire général du troisième syndicat français ont débuté mercredi, en marge du comité confédéral national (CCN).
Le nouveau patron du syndicat, né le 13 mai 1958 à Hussein Dey (Algérie), se qualifie de "réformiste militant", à l'instar de Jean-Claude Mailly, l'ancien leader de FO dont il est proche. Mailly avait fait, en fin de mandat, de la concertation un outil de négociation quitte à irriter une large partie des militants. Un leg dont se servira probablement Yves Veyrier. Sa nomination laisse ainsi présager un changement de ton de la part du syndicat, dont le discours s'était durci après le départ de Jean-Claude Mailly en avril 2018. De fait, cet ingénieur des travaux de la météorologie est qualifié par ses détracteurs de "clone" de Mailly, quand d'autres louent en revanche sa bonne connaissance du syndicat.
Sa mission : remobiliser FO
Homme discret et affable, Yves Veyrier aura pour lourde mission de remettre en ordre de marche les troupes du syndicat bousculées par la révélation début octobre de l'existence d'un fichier où certains cadres étaient affublés de qualificatifs comme "niais" ou "complètement dingue". L'exhumation de ce document a entraîné la démission de Pascal Pavageau à peine six mois après son élection. FO est ainsi restée sans porte-voix depuis le départ de son ancien numéro un. Signe des crispations internes qui secouent FO : la présence de trois candidats. Une première pour le syndicat dont les statuts ne prévoient pas de second tour. Le bureau a donc décidé une élection à un tour, compliquant la tâche du futur secrétaire général qui n'a pas été élu par une majorité.
Le nouveau secrétaire général "est anonyme, pas glamour, mais c'est un historique. Il connaît FO et va pouvoir tenir la maison jusqu'au prochain congrès", argue un dirigeant de FO dans les colonnes du Monde. "C'est un homme de dossier, pas un homme de relation. Ça fait des années qu'il n'a pas distribué de tracts, contrairement à Pascal Pavageau. Il sera sous surveillance !", dit un autre. Yves Veryer aura fort à faire : l'agenda social est chargé, avec la concertation sur la réforme des retraites, la négociation sur l'assurance chômage ou encore la mobilisation des "gilets jaunes".
(Avec agences)