Force ouvrière : un nouveau syndicat (de poids) pour les chauffeurs VTC

Force ouvrière a officialisé son arrivée dans le paysage syndical des voitures de transport avec chauffeur en s'alliant à l'association Capa-VTC, particulièrement active dans les mobilisations contre Uber.
Mounia Van de Casteele
Grâce au soutien de FO et à sa présence nationale, Capa-VTC espère ainsi peser dans les différentes commissions du secteur qui vont être mises en places dans les grandes villes.

 Après la pionnière Unsa, puis la CFDT, Force ouvrière (FO) a officialisé lundi son arrivée dans le paysage syndical des voitures de transport avec chauffeur (VTC) en s'alliant à l'association Capa-VTC, particulièrement active dans les mobilisations contre les plateformes de réservation type Uber.

La création de FO-Capa VTC "nous permet d'avoir une présence nationale et de pouvoir porter haut nos revendications", en premier lieu "la fin de la précarisation" des chauffeurs, a expliqué devant la presse Helmi Mamlouk, secrétaire général du nouveau syndicat et ancien président de Capa-VTC.

 "Nous avons été le fer de lance de la révolte de ces chauffeurs dits 'ubérisés', qui n'avaient absolument aucun droit, ni social ni syndical", a-t-il ajouté.

"Une zone grise"

A ses côtés, le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, s'est dit "très heureux de les accueillir à FO pour faire valoir leurs nombreuses revendications", relevant que les chauffeurs de VTC "sont dans une zone grise". Et de résumer :

"Ce sont des travailleurs juridiquement indépendants mais économiquement dépendants. Ils cumulent les inconvénients de ne pas être salarié et de ne pas avoir les droits des indépendants non plus."

Malgré leur statut d'indépendants, les chauffeurs estiment être totalement dépendants économiquement des plateformes, lesquelles déterminent notamment le prix de la course et le taux de la commission prélevée. C'est pourquoi, si la situation perdure, ils souhaitent être requalifiés en salariés et obtenir alors tous les avantages sociaux (congés payés, protection sociale...) qui en découlent, ou alors pouvoir décider de leurs propres tarifs. A cet égard, Jean-Claude Mailly a précisé que FO était en contact avec les chauffeurs, qui réclament au Royaume-Uni et aux Etats-Unis une requalification de leur contrat de travail, pour être reconnus comme salariés.

| Lire Uber hanté par la requalification des chauffeurs

Le syndicat FO, présent au niveau national, est donc un soutien de poids pour l'association Capa-VTC, grâce auquel elle espère peser dans les différentes commissions du secteur qui vont être mises en places dans les grandes villes.

Réguler le temps de travail

Reste la question, majeure, du temps de travail, soulevée par Helmi Mamlouk. Celui-ci estime que les chauffeurs ne devraient pas rouler plus de 11 heures par jour, comme les taxis. Il a assuré avoir soulevé ce problème de sécurité publique auprès d'Emmanuel Macron, lorsqu'il était à Bercy. Mais le ministère de l'Economie aurait refusé de s'engager sur un tel plafonnement du temps de travail, estimant que les plateformes, contrairement aux taxis qui travaillent dans un secteur public avec des tarifs réglementés par l'État, étaient des "entreprises privées", assure-t-il.

Pourtant, certaines plateformes VTC, à l'instar de Chabé, se disent préoccupées par ce problème. Selon son PDG, Guillaume Connan, si on limitait, ne serait-ce qu'à 12 heures le temps de connexion multiplateformes d'un chauffeur, cela nécessiterait des contraintes en matière de recrutement pour les entreprises, qui devraient alors engager plus de chauffeurs. "Cela va nécessairement augmenter les prix, et les VTC deviendront moins compétitifs que les taxis. La demande diminuera donc. Mais les chauffeurs auront un salaire horaire plus élevé", expliquait-il récemment à La Tribune en faisant remarquer qu'il s'agit là de la principale revendication des syndicats. En effet. Et cela permettrait par la même occasion selon lui de se prémunir de toute concurrence déloyale. A suivre donc.

>> Lire aussi VTC : Et si on se trompait de problème, et donc de solution ?

Mounia Van de Casteele

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