Rencontre avec Emmanuel Macron : ce que vont demander les patrons

Alors qu'Emmanuel Macron tente de reprendre la main après la promulgation de la loi réformant les retraites, le chef de l'Etat a également proposé aux partenaires sociaux de les rencontrer. Si les syndicats de salariés, comme la CFDT et la CGT, ont refusé l'échange, les organisations patronales, elles, ont répondu favorablement et seront reçues ce mardi 18 avril à 11h, à l'Elysée. L'occasion d'évoquer la suite de la réforme des retraites, mais pas que... puisqu'elles viennent avec une liste de courses longue comme le bras.
Fanny Guinochet
Emmanuel Macron reçoit ce mardi les organisations patronales à l'Elysée
Emmanuel Macron reçoit ce mardi les organisations patronales à l'Elysée (Crédits : POOL)

Si Emmanuel Macron a invité l'ensemble des partenaires sociaux à discuter après l'adoption de la réforme des retraite, seuls les représentants d'employeurs ont répondu par la positive. Les syndicats, opposés à la loi tant sur le fond que sur la méthode employée par l'Elysée, ont en effet décliné l'invitation. Ce mardi, au lendemain de l'allocution télévisée du chef de l'Etat qui vise à redonner du souffle à son quinquennat, le Medef, la CPME ou encore l'U2P vont donc rencontrer Emmanuel Macron.

Inquiétudes autour de l'application de la réforme

Même si elles sont restées plutôt silencieuses pendant ces 3 mois de conflit sur les retraites, les organisations patronales sont favorables à la réforme qu'elles jugent nécessaire et entendent bien remercier le chef de l'exécutif d'avoir tenu bon face à la rue.

Travailler plus longtemps va, selon ces organisations, dans le sens de l'histoire, et est indispensable pour limiter les dépenses publiques. Vendredi soir, lors de la promulgation par le Conseil Constitutionnel, les patrons étaient donc satisfaits. « Déjà, parce que nous allions enfin sortir de ce conflit... en tout cas, nous l'espérons, et passer à autre chose, confie un membre du Medef, mais aussi parce que le Conseil a invalidé l'index Senior, mesure dont les employeurs ne voient pas l'utilité. »

Reste que le décalage de l'âge de départ à 64 ans n'est pas sans les inquiéter. Car les employeurs se retrouvent en première ligne pour maintenir plus longtemps dans l'emploi les actifs. Or, à les entendre, garder ces seniors n'est pas toujours facile, souvent plus coûteux aussi, car les niveaux de salaire sont supérieurs aux juniors...etc. D'où leur déception de voir le CDI de fin de carrière, exonéré de cotisations, supprimé du texte par les Sages de la rue de Montpensier.

Aussi, ce mardi matin, alors qu'ils seront avec le Président, ils comptent bien demander au chef de l'Etat d'inscrire, dans la future loi sur le plein emploi par exemple, un dispositif de ce type. Un système avantageux pour les entreprises, qui encourage les embauches des quinquagénaires et sexagénaires.

La crainte de mesures « sucrées » pour les salariés et « salées » pour les entreprises

Autre sujet qui devrait occuper une bonne partie de la discussion, l'usure professionnelle (appelée auparavant la pénibilité). En effet, la loi qui réforme les retraites prévoit la création d'un fonds de prévention, abondé par la branche accident du travail et maladies professionnelles de la Sécurité sociale. Les employeurs devront s'impliquer pour prévenir les postures pénibles et engager des négociations au niveau de la branche.

Par ailleurs, les entreprises ne sont pas très allantes sur le passage d'une semaine de 4 jours - 35 heures regroupées en 4 jours-, mais elles s'y préparent. Elles souhaitent en parler avec le chef de l'Etat. « Il faut que ce dispositif reste optionnel et n'aille pas trop loin », résume un membre de la CPME. Le gouvernement souhaite intégrer dans la future loi sur le plein-emploi des expérimentations en la matière. Idem pour le compte épargne temps universel, vieille revendication de la CFDT, qui devrait trouver place dans le futur texte de loi. « On se méfie des mesures gadgets proposées aux syndicats de salariés pour arrondir les angles après le bras de fer sur les retraites... », conclut encore ce membre de la CPME.

La peur des hausses d'impôts

Mais ce qui inquiète le plus les organisations patronales, ce sont d'éventuelles hausses d'impôts. Avec les profits records publiés par les grands groupes, les sommets atteints par le CAC 40, la recherche d'argent du gouvernement pour financer non seulement les mesures anti-inflation mais aussi pour boucler son budget dans un contexte de hausse des taux d'intérêt, les patrons craignent « de passer à la caisse ». Taxes, contributions exceptionnelles, hausse des cotisations... ils entendent rappeler au président sa promesse de ne pas augmenter la pression fiscale. Et de poursuivre sa politique « pro-business », pour ne pas freiner la réindustrialisation mais aussi les embauches, dans un contexte déjà difficile de recrutement.

Un plaidoyer pour moins de normes

Enfin, tous veulent aussi profiter de ce rendez-vous pour porter leurs doléances en matière de transition écologique. « Certes, nous sommes pour la prise en compte de ce virage écologique, mais c'est très coûteux pour nos entreprises et il ne faut pas que cela pénalise nos activités », explique un cadre de la CPME. « Par exemple, les ZFE, les zones à faibles émissions qui limitent la circulation des véhicules dans certaines communes peuvent être très handicapantes pour nous... De la même façon, que les diagnostics limitent la construction etc ... »

Selon nos informations, les organisations patronales veulent donc demander un moratoire sur plusieurs normes de ce type, notamment celles qui pèsent sur les plus petites entreprises. Car si les grands groupes ont les moyens de se payer d'importants services juridiques, les PME et ETI sont souvent démunies. Et la complexité administrative pèse. Et un représentant du Medef de citer l'OCDE : « Cette complexité nous coûte entre 3 et 4 % du PIB chaque année, une réduction de la charge d'un quart permettrait d'économiser plus de 15 milliards d'euros aux entreprises. Si le Président veut agir, ce sujet est essentiel. »

Dans cette liste de courses, reste à voir ce que gardera le Président. Il devrait recevoir les organisations syndicales mais après le 1er mai, journée de mobilisation de l'intersyndicale.

Fanny Guinochet
Commentaires 23
à écrit le 18/04/2023 à 22:59
Signaler
Vous vous êtes trompé sur le terme, Macron "n'échange" jamais mais "impose" et fait des "monologues"...

à écrit le 18/04/2023 à 13:02
Signaler
Souvenir récent : Coronavirus. Le patron du Medef ne respecte pas le confinement. C’est bien après l’annonce du confinement du au coronavirus que Geoffroy Roux de Bezieux, président du Medef, a trouvé refuge dans son manoir du Croisic (Loire-Atla...

à écrit le 18/04/2023 à 12:41
Signaler
On peut rappeler que dès son arrivée à l'Élysée, Emmanuel Macron sur demande de ce même patronat a supprimé le terme de "pénibilité" et "simplifié" le dispositif, en supprimant quatre critères sur les dix jusqu'alors pris en compte ,sûrement qu'il an...

à écrit le 18/04/2023 à 12:38
Signaler
Le prix de l’inflation "Quiconque aurait considéré uniquement l'indice des prix n'aurait vu aucune raison de soupçonner un degré important d'inflation, alors que quiconque aurait considéré le volume total du crédit bancaire et le prix des action...

à écrit le 18/04/2023 à 8:58
Signaler
Le fait autoritaire commence par la fin, on impose par la réforme... quand on commence par le début, on adapte ! ;-)

le 18/04/2023 à 10:38
Signaler
Quand on élit un président extrémiste faut pas s'attendre a mieux. Les francais n'avait qu'à voter contre lui en 2017 et 2022...

à écrit le 18/04/2023 à 7:43
Signaler
Les patrons des grandes entreprises des ETI et des grosses PME/PMI ont une grande responsabilité du climat social du pays. Tout comme M.Macron il manage en grand verticalité sans intermédiaire qui pourrait etre un lien entre les différents acteurs de...

à écrit le 17/04/2023 à 23:20
Signaler
Macron ment … prochaine réforme des retraites à 70 ans la dernière année de son mandat.. d’ ailleurs nous a t’il dit que 64 était la dernière réforme ? Non donc d autres à venir 67.. 70 .. faut m expliquer au nom de quoi je paye pour des salariées d...

le 18/04/2023 à 9:31
Signaler
"l égoïsme des générations 1945-1960" J'imagine pas un enfant né en 1960 balancer des pavés en 1968 sur les flics pour changer la société .Il fallait avoir une vingtaine d'année à cette époque ,ce sont eux que l'on considère comme boomers aujourd'...

à écrit le 17/04/2023 à 23:13
Signaler
Le patronat veut les exceptions pour lui .. alors que les artisans et commerçant payent et paieront pour eux .. non le patronat doit payer à la hauteur du ca Que le patronat se méfie de la une piètre image de colllui même aux salariés qui pourrait...

à écrit le 17/04/2023 à 23:07
Signaler
Le patronat veut les exceptions pour lui .. alors que les artisans et commerçant payent et paieront pour eux .. non le patronat doit payer à la hauteur du ca Que le patronat se méfijt car l’un donne une piètre image de lui même aux salariés qui po...

à écrit le 17/04/2023 à 20:34
Signaler
pouquoi le rencontrer ? Il a déjà décidé des prochaines réformes. le 49.3 est déjà prêt à servir, les potes du conseil clnstitutionel au garde à vous

à écrit le 17/04/2023 à 19:14
Signaler
A quand la fusion CGT, CFDT, Sud.... pour être plus fort, ils ne font qu'un et n'ont aucune approche du social différenciée.. L.Berger voudrait faire croire qu'il est différent de la secrétaire générale de la CGT, on ne l'a pas beaucoup vu depuis lo...

le 17/04/2023 à 21:54
Signaler
"CFDT, Sud...." Petit retour vingt-cinq ans en arrière. Du 24 novembre au 15 décembre 1995, la France est paralysée par la grève. Alain Juppé, le Premier ministre «droit dans ses bottes», vient de lancer sa réforme des retraites avec au programme,...

le 18/04/2023 à 10:28
Signaler
@reponse de la chose Notat n'a jamais été syndicaliste.C'est comme si Miterrand avait été un jour socialiste. Ce n'est pas pour autant que tout ce s'ils ont fait fut négatif.

à écrit le 17/04/2023 à 19:05
Signaler
Ce soir sur toutes les chaines d' état à 20 H, c' est "faites entrer l' accusé" !!!

à écrit le 17/04/2023 à 18:55
Signaler
Il ne nous entend pas alors pourquoi nous l' écouterions ? Ce lundi à 20 H tout le monde éteint sa télé. Faites tourner, boycott ...

à écrit le 17/04/2023 à 18:51
Signaler
Thomas Vacheron (CGT) remet en place le député macroniste Benjamin Haddad : « Vous croyez qu’on va vous dire quoi ? Qu’on va discuter tranquille avec vous ? Les pompiers n’en peuvent plus, les policiers n’ en peuvent plus ... et les infirmière éga...

à écrit le 17/04/2023 à 18:50
Signaler
Thomas Vacheron (CGT) remet en place le député macroniste Benjamin Haddad : « Vous croyez qu’on va vous dire quoi ? Qu’on va discuter tranquille avec vous ? Les pompiers n’en peuvent plus, les policiers n’ en peuvent plus ... et les infirmière éga...

le 18/04/2023 à 10:40
Signaler
@ la France libre Vacheron est bien dans la ligne de la CGT. Un discours primaire d'une pauvreté intellectuelle crasse.La CGT rêve encore d'un État marxiste communiste égalitaire. De Staline à Poutine, ils n'ont toujours rien compris. Qui a encore ...

à écrit le 17/04/2023 à 18:49
Signaler
Avec tambours trompettes et casseroles ! Plus question de laisser ces politicards véreux corrompus avec le champ libre ! Les mensonges et l’huile de castor non merci !!

le 18/04/2023 à 10:33
Signaler
@didi36982 Méfiez vous du "Tous pourris". Les "gentils" d'aujourd'hui sont les "tous pourris" de demain puissance X. Ils arrivent masqués avec de belles promesses et chacun sait que les promesses....

à écrit le 17/04/2023 à 18:31
Signaler
Rencontrer macron sera la nième perte de temps, ce qu' il faut c' est rencontrer le donneur d' ordres, c' est rencontrer schwab à davos qui expédie sa feuille de route à VDL à l' UE!...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.